France Chevrette: la femme oiseau et les étoiles
Un texte de Robert Ménard
Paru dans le numéro Été/Summer 2018
Publié le : 24 août 2018
Dernière mise à jour : 30 octobre 2020
Toi qui nous as quittés volontairement dans cet univers immense plus grand que tous nos imaginaires réunis. J’imagine qu’à proximité de notre monde, dans une dimension inclusive, existerait un grand livre contenant en lui-même toute l’histoire de l’humanité. En son centre ouvert, le temps présent d’où émergerait l’espoir des âmes pendant que fument encore en…
Toi qui nous as quittés volontairement dans cet univers immense plus grand que tous nos imaginaires réunis.
J’imagine qu’à proximité de notre monde, dans une dimension inclusive, existerait un grand livre contenant en lui-même toute l’histoire de l’humanité. En son centre ouvert, le temps présent d’où émergerait l’espoir des âmes pendant que fument encore en bordure les souffrances du passé.
Est-ce ce monde et son histoire que tu as voulu quitter ?
Ce matin au marché, une petite pluie amicale rafraîchissait l’atmosphère et les gens venus faire leurs emplettes du samedi. Au travers, des espèces sonnantes et des nourritures terrestres, des sourires, des rires et des paroles s’échangeaient librement, signe de temps heureux.
Tu n’étais pas là France, ni ton rire percutant, reconnaissable entre tous. Ni ton visage qui faisait tant plaisir à voir, ni ta présence affirmée. Ni ta parole sans détour pour nous raconter l’Arctique, l’Europe, l’Afrique ou pour nous parler de tes amours : Daniel, Hugolin, Léopold et Charlie. Sans oublier ta présence gravée dans la mémoire des enfants, par l’entremise de Robin et Stella, Passe-Partout, et tous ces autres personnages : Madame Boa et Cosma, Romanche et Chopin, Romande De Branle et Alfru du Gland, Cosima, Kasima, Rosy, la femme oiseau, Bobonne, Madame et son chien. Il nous reste cela, France. De magnifiques et mémorables souvenirs de toi.
Nous portons tous une histoire, un livre à l’intérieur, dont les bordures se consument encore. Tous ces livres sont reliés entre eux dans une triste histoire considérant les catastrophes, les guerres, nos fautes, les erreurs de gouvernance. Mais aujourd’hui, j’ai vu des gens heureux dans mon pays en paix et malgré la douleur de cette déchirure causée par ton départ, cela me donne de l’espoir.
Merci pour ce passage et ta présence parmi nous.
Adieu France, nous t’aimons toujours,
Ton ami, Robert Ménard
Texte adressé à France Chevrette (1956-2018).