Rébecca Bourque, carpe diem

Un texte de Delphine Piperni

Paru dans le numéro

Publié le : 9 mars 2022

Dernière mise à jour : 26 avril 2022

 

Cette femme passionnée, mère de trois enfants et bien impliquée dans la communauté de Sutton depuis 13 ans, Rébecca Bourque laisse concrètement sa trace ici. Grande voyageuse, ce sont les paysages québécois, que ce soit par leur lumière ou leur relief, qui inspirent son côté artiste peintre.


Favreau, 2019, acrylique sur bois

En vous baladant sur la principale de Sutton, votre curiosité vous a peut-être mené vers cette petite maison mince et moderne au bout d’un étroit chemin bordé par deux boutiques. Si c’est le cas, vous avez certainement découvert un lieu étonnant qui fait du bien. Dédié au design et à l’architecture, le Local design joue le rôle de boutique, bureau, atelier et galerie. Il réunit de nombreux artistes et expose des œuvres et des objets de grande beauté. L’âme derrière cet audacieux projet ? C’est l’artiste et designer Rébecca Bourque.

Cette femme passionnée, mère de trois enfants et bien impliquée dans la communauté de Sutton. Depuis 13 ans, laisse concrètement sa trace ici, notamment dans le design architectural des bâtisses sur la rue Principale. Qui n’a pas récemment baigné dans les atmosphères lumineuses du nouveau Tartinizza, de la Buvette de L’Abordage, de la Brouërie ou du Café Yamabiko ? Depuis plusieurs années, l’œil et le talent de Rébecca auront permis à Sutton de se réinventer par des designs commerciaux et résidentiels, modernes et dépouillés « mais qui respectent l’architecture loyaliste », tient-elle à préciser. En effet, ses projets au goût du jour étonnent, tout en se fondant avec grâce dans notre territoire anciennement british

Du 3D au 2D

Mais Rébecca est aussi artiste peintre. Peut-être l’avez-vous d’ailleurs découverte en entrant dans Le Local design où plusieurs de ses œuvres sont exposées. On est agréablement surpris d’y découvrir des paysages connus. Notamment le mont Pinacle, le mont Sutton, la route 139 ou même l’autoroute 10 ! Peut-être même avez-vous ressenti une certaine nostalgie en voyant la page couverture du journal, reconnaissant les deux magnifiques arbres qui encadraient spectaculairement le chemin Jordan ? Je parle au passé puisque malheureusement, un des deux arbres a dû être abattu l’automne dernier. « J’ai peint ce tableau l’été dernier sans savoir que ce paysage se transformerait, explique Rébecca. Mon œuvre permet de l’immortaliser, en quelque sorte. » 

En fait, d’aussi loin qu’elle se rappelle, elle a un crayon à la main et dessine. Elle a raffolé de ses cours d’art plastique à l’école, ce qui l’a amenée à s’inscrire en arts au Cégep. Elle a toutefois choisi le design en environnement à l’université pour ajouter une nouvelle corde à son arc. Bien que le design d’architecture soit devenu sa principale profession, elle s’est toujours offert des moments dédiés à la peinture. 

Rebecca Bourque

Vue, Pinnacle III, 2019, acrylique sur papier

Grande voyageuse, ce sont pourtant les paysages québécois qui l’inspirent, que ce soit par leur lumière ou leur relief. Dès que l’émotion monte devant l’un d’eux, carpe diem : elle le capte en photo. De retour à la maison, elle le redessine sur sa tablette pour en faire une esquisse. Une fois satisfaite de ce premier résultat, elle plonge dans la peinture. Elle n’utilise pas de toile comme médium, mais en général une planche de contreplaqué russe. « Parce que ce matériau devient lui-même un élément du tableau, alors que la toile doit être complètement recouverte et disparaître. » Elle y reproduit le paysage choisi avec de la peinture acrylique. Elle applique celle-ci avec des spatules pour créer des étages de couleurs et des textures. « Avec la spatule, tu ne peux pas manquer ton coup. Tu y vas d’un trait », explique-t-elle. 

Exploration

Carburant aux défis, elle s’amuse à ajouter des techniques à son art, comme récemment la gravure. Cela lui permet d’ajouter de nouvelles textures. Que ce soit en gravant des arbres ou des pistes de ski sur ses toiles.

Cette formule fait naître des œuvres lumineuses, texturées, sensibles, qui nous ramènent à l’importance de la beauté qui nous entoure. Une beauté que l’on s’amuse à redécouvrir. Sous l’angle du regard contemplatif de Rébecca, on se laisse toucher par des paysages familiers. 

Les montages et les forêts, elle les dessine seulement depuis son arrivée dans les Cantons-de-l’Est. C’est d’abord l’eau qui l’interpelle. Que ce soit dans le Bas-du-Fleuve ou encore dans Charlevoix (où elle a passé les trois premières années de sa vie), elle s’est amusée à dépeindre à maintes reprises toutes les nuances du fleuve et de ses rives. Ce thème restera toujours présent dans son parcours d’artiste, et les fleuves et les mers l’attirent au plus haut point. Elle rêve même de les parcourir en voilier, en capitaine ! 

Mais une de ses dernières aventures est l’acquisition de la presse conçue par l’artiste Michel Dupont de Frelighsburg (en couverture du journal de l’hiver 2021). Elle est actuellement en pleine exploration de ce nouvel outil : « Il y a tellement de possibles, que ce soit sur papier ou sur tissu », confie-t-elle en me montrant quelques esquisses. Une autre raison de continuer à visiter Le Local design au cours des prochains mois pour se rincer l’œil de toutes ces nouvelles beautés à venir…

Pour plus de détails : www.lelocaldesign.com.

Delphine Piperni