Un projet sur les rails

Un texte de Adélard

Paru dans le numéro

Publié le : 13 novembre 2025

Dernière mise à jour : 13 novembre 2025

 

Cet hiver, Adélard lance un projet qui explore les traces laissées par les personnes ayant emprunté le chemin de fer clandestin du Nord, un réseau informel qui a permis à des milliers d’esclaves afro-américains de fuir vers le Canada.

chemin de fer clandestin Adélard
Adélard chemin de fer clandestin
Jean-Marc Superville Sovak, The Price of Half Freedom, 2022. Installation. Courtoisie de l’artiste.

Cet hiver, Adélard lance un ambitieux projet de recherche artistique. Intitulé Faire partie du paysage, celui-ci explore la mémoire et la présence historique des populations noires dans la région de Brome-Missisquoi, entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XXe siècle. Ce projet, à la croisée de l’art contemporain et de l’histoire sociale, s’intéresse particulièrement aux traces laissées par les personnes ayant emprunté le chemin de fer clandestin du Nord. Ce réseau informel a permis à des milliers d’esclaves afro-américains de fuir vers le Canada. L’un des embranchements de ce réseau ferroviaire imaginaire passait par le Lac Champlain. Saint-Armand était notamment la porte d’entrée vers ce territoire qu’on appellera le Canada.

Les artistes participants

chemin de fer clandestin
Andrew Jackson, Anyssa Ranetkins, Youth in Motion – Rue Saint Martin, 2023. Photographie numérique. Courtoisie de l’artiste.

De novembre 2025 à février 2026, les artistes Andrew Jackson, Emmanuelle Jacques, Michèle Magema, Anna Jane McIntyre, Jean-Marc Superville Sovak, Aida Vosoughi et Stanley Wany seront reçus en résidence chez Adélard pour concevoir et créer des œuvres. Ces dernières seront présentées à l’automne 2026 lors d’une exposition collective à la grange. En parallèle, l’artiste Stina Baudin sera également en résidence pour concevoir une œuvre extérieure. Son lancement aura lieu à l’été 2026.

Une mémoire occultée

En réimaginant le bassin de la baie Missisquoi comme un territoire de passage, de réseaux et de diasporas, ces artistes vont ainsi chercher à faire émerger une mémoire souvent occultée. Leurs œuvres vont proposer de nouvelles manières de voir et de comprendre l’histoire locale. Elles souligneront les absences et mettront en lumière les contributions des communautés noires à la construction économique, culturelle et sociale de Brome-Missisquoi.

Stanley Wany, Sans titre, 2025. Encre sur papier. Courtoisie de l'artiste.
Stanley Wany, Sans titre, 2025. Encre sur papier. Courtoisie de l’artiste.

Des partenariats à venir

Ce projet est également l’occasion pour Adélard de créer des partenariats tant au Québec qu’aux États-Unis. Notamment avec plusieurs organismes qui présentent la mémoire du chemin de fer clandestin (Underground Railroad) dans le Vermont et dans l’état de New York. Le 22 février à 14h, Adélard tiendra un évènement animé par Michael Farkas en partenariat avec la Table Ronde du Mois de l’Histoire des Noir·es.

Ce cycle de création artistique, à la fois sensible et engagé, invitera le public à réfléchir à la manière sélective dont l’histoire s’inscrit dans les paysages, dans les archives et dans les silences. Ce projet rappelle également que les frontières ont toujours été des lieux de passage, de résistance et d’espoir. Plus d’informations sur www.adelard.org.

Gauthier Melin