Hiver/Winter 2018

Éditorial de Geneviève Hébert

Hiver, quand tu nous tiens…

Lorsque le 13 octobre, les enfants ont vu qu’un léger manteau blanc couvrait le sol, ils étaient extatiques. Je vous avoue que même si mon ail n’était pas encore planté, j’ai eu moi aussi ce petit élan du coeur en voyant le blanc calme des paysages.

Mes meilleurs souvenirs à vie restent ces journées entières à bouger dans le mordant de l’hiver, peu importe l’activité, et ces moments si hautement réconfortants lorsqu’on retrouve la chaleur de la chaumière. Sauts du toit dans les bancs de neige plus hauts que nature, construction de structures de toutes sortes, batailles de boules de neige épiques, journées de ski de fond, de raquette, de ski alpin. Dans ce temps-là, l’hiver faisait partie de ma vie et je ne me posais pas de questions.

J’ai consciemment réalisé que j’avais un lien fort avec l’hiver lorsque j’ai vécu en France. C’était un matin de
décembre. Comme tous les matins, j’ouvrais les volets sur les toits parisiens, mais cette journée-là, le mal du
pays me serrait la gorge. Je réalisais que depuis quelque temps, j’étais en perpétuelle attente. J’attendais inconsciemment
ce sentiment d’émerveillement renouvelé que l’on ressent au matin de la première neige. Cette année-là, quelle avait été ma déception lorsque pendant le temps des Fêtes, à Montréal pour voir ma famille, il avait neigé à Paris pendant mon absence. Comme si un ami de longue date était venu me visiter alors que je n’y étais pas.

Nous prenons parfois pour acquis la danse des saisons, si prodigieuse au Québec. Il serait intéressant de voir comment ces cycles de la nature si marqués s’imprègnent dans notre ADN. En tout cas, je crois qu’il ne serait pas naturel pour moi de vivre là où les saisons se suivent et se ressemblent. Il va sans dire qu’avec les changements climatiques, toutes nos références risquent d’être chamboulées et il faudra s’adapter.

Pour l’instant, j’aime nourrir cette filiation que j’ai avec l’hiver en en profitant pleinement avec la famille. Depuis que j’ai eu des enfants avec un ancien entraîneur de ski, l’hiver, nous passons tous nos weekends à l’extérieur, beau temps, mauvais temps. Au début, très peu pour moi le ski sur les pistes glacées ou la marche sous la pluie fine (on s’abstient quand c’est le déluge quand même). Aujourd’hui, peu importe le temps qu’il fait, j’enfile les vêtements appropriés (souvent la clé du succès pour apprécier toute activité extérieure dans n’importe quelle condition météorologique) et je sors avec le sourire.

Cet hiver, je vous souhaite des souvenirs tricotés serrés !


Winter, the Season People Hate to Love

On October 13th, the children were ecstatic as they awoke to a white landscape. Even though I hadn’t yet planted my garlic bulbs, I was giddy too. In my memories, nothing beats the comfort of coming back to a warm home after a whole day spent outside in the crisp cold, no matter what the activity. Jumping from the roof into ridiculously high snow banks, building snow structures of all kinds, epic snow fights, whole days downhill or cross-country skiing or snowshoeing are among the happiest moments of my childhood. In those days, I did not think twice about whether I liked winter or not.

It was much later, when I lived in France, that I realized the extent of my bond with the cold season. One December morning, when I threw open the shutters onto the Parisian roofs, I felt utterly homesick. I realized then I had instinctively spent weeks expecting the wonderment of the first blanket of snow. That year, at home for Christmas in Montreal, I heard it had snowed in Paris. I felt I had been cheated just as if I had missed a much expected visitor.

We take the seasons for granted in Quebec. I’d be interesting to know how the remarkable seasons imprint on our DNA. I know my biological clock goes hand in hand with the seasonal cycles and that it would not feel natural for me to live where seasons do not make a clear statement. In the coming years, climate change will certainly shake it all up and we will surely have to adapt.

As for now, I want to take full advantage of the filiations I have with the cold season. Having had three children with a former ski coach, winter for me rhymes with family time. We now spend every weekend on the mountain, rain or snow. I used to hate the idea of skiing on icy slopes or walking under fine rain, (rainstorms being the only reason not to get out there). Now however, no matter what the weather is, I put on the appropriate clothing – essential if you want to enjoy any outing in any kind of weather, and get out there with a smile on my face. Believe me, when the snow melts, my heart melts a little with it too.

Here is to wonderful memories for the 2018–2019 winter!