Origine des couleurs 

Un texte de Geneviève Hébert

Paru dans le numéro

Publié le : 12 novembre 2025

Dernière mise à jour : 12 novembre 2025

 

Michèle Gagné, de l'entreprise Origine des couleurs, veut, entre autres, démocratiser la teinture végétale afin de rendre accessible le service de teinture à tous.

Origine des Couleurs
Michèle Gagné dans son élément. Photo Laurence Thiffault.

Michèle Gagné adore les projets et déborde de créativité. Formée en arts visuels, en design de mode et en production théâtrale, elle a suivi de nombreuses formations connexes en ennoblissement textile, teintures végétales et chimiques, chapellerie, chaussures, masques, perruques et maquillage de scène et effets spéciaux. Elle a passé la majorité de sa carrière en tant que chef d’atelier dans de grandes institutions telles que le Conservatoire d’art dramatique et le théâtre Centaur, ou comme technicienne du costume à l’Opéra de Montréal, les Grands Ballets Canadiens et pour le lancement du Grand Costumier. 

Une entreprise enracinée dans Brome-Missisquoi

Aujourd’hui, afin de se reconnecter avec ses valeurs, elle concrétise petit à petit un projet de mode régénératrice où elle se donne la mission de démocratiser la teinture végétale afin de rendre accessible le service de teinture à tous. Elle s’est enracinée dans Brome-Missisquoi, territoire fertile pour les plantes tinctoriales comme le sumac vinaigrier, la verge d’or ou la rudbeckie, pour cultiver son plan d’affaires. Tranquillement, elle tisse des liens avec les agriculteurs du coin afin de récupérer des végétaux tinctoriaux (légumes, fleurs, etc.). Par exemple, elle a utilisé les surplus de fleurs des Jardins de La Renarde à Bedford (tagète lemon gem et erecta) et les fanes des carottes de la ferme Les Carottés à Brigham. Au printemps dernier, son projet, Origine des couleurs, a récolté les honneurs dans la catégorie « Exploitation, transformation, production » au défi Osentreprendre. 

Depuis, elle a installé son atelier au 35 rue Principale Sud à Sutton en colocation avec Laurence Thiffault de Sweet Mama Grass. L’espace de cocréation, appelé Saule & Garance (plante dont la racine produit une teinture rouge vif), se dédie à la transformation végétale, combinant la vannerie et la teinture textile naturelle. À l’avant, une salle sert à la fois de boutique et de salle de cours et l’arrière est dédié à leurs ateliers respectifs.  

Des teintures et des impressions végétales

En plus d’offrir des formations et des ateliers créatifs, Michèle offre plusieurs services, notamment des bains de teintures végétales mensuels avec la couleur du mois. C’est une excellente façon de donner une deuxième vie à des draps, nappes ou vêtements en fibres naturelles. En octobre dernier, elle offrait la couleur cannelle, réalisée à partir du bois de cachou. Elle offre également l’impression textile végétale avec des encres pour la sérigraphie qu’elle a élaboré à partir de gélatine naturelle et d’extractions de plantes, parfaite pour l’impression sur textile de logos corporatifs.  

Origine des couleurs
Serviettes de table avec teintures végétales. Photo fournie.

La teinture végétale est un processus laborieux qui se réalise en plusieurs étapes. Il faut se procurer les plantes, débouillir, mordancer et tanner la fibre afin qu’elle morde dans la teinture. Il s’agit aussi de comprendre comment la chimie de la plante réagit avec chaque type de fibre textile. Aussi, il est possible de teindre les textiles de façon unie, puis pour les tissus tachés, certaines techniques de teinture sont privilégiées ; dégradé, tie-dye ou shibori. Michèle précise également que la teinture végétale est « vivante » ; elle change avec le temps, variant de quelques tons, mais il est toujours possible de reteindre ou de revaloriser.  

Un bouquet de projets

Dans un futur proche, elle aimerait avoir sa propre collection de design textile réalisée à partir de ses teintures et encres végétales, comprenant des vêtements et des accessoires pour la maison, faits à partir de fibres naturelles comme le lin, le coton, la soie et la laine. Elle a également l’intention d’adapter son offre à la demande avec le temps. Au printemps prochain, elle compte reprendre la récupération de rebuts alimentaires et surplus de récoltes comme les pelures d’oignon et les noyaux d’avocat auprès du grand public, des grossistes et des restaurants. 

Parmi ses projets récents, Michèle a collaboré avec Atelier B et Dahlia Milon, spécialiste des plantes tinctoriales, pour une collection de chemisiers. Elle a participé au projet En mode surcyclage de Concertation Montréal et au festival Twist. Cet hiver, elle exposera aux Puces Pop à Montréal, aux marchés de Noël de Sutton, de Bedford de Dunham. Pour plus de détails sur ses activités, abonnez-vous à sa page FB OrigineDesCouleurs, son instagram origine_des_couleurs et visitez www.originedescouleurs.com

Geneviève Hébert