Printemps / Spring 2024
Éditorial de Geneviève Hébert
LE COURAGE DE L’INCONFORT
L’œuvre en couverture m’a été suggérée par Mathilde, la graphiste au journal, en qui j’ai une confiance absolue. Lorsqu’elle me l’a envoyé pour la première fois, j’ai été charmée par les symboles forts, les couleurs douces et chaudes, le trait intuitif. Mais j’étais envahie par un malaise de la mettre en couverture. Comme l’ange évoque la mort, ça me semblait un sujet trop chargé pour l’édition du printemps, alors qu’on a envie de renouer avec la vie après les longs mois d’hiver.
Mathilde m’a donc envoyé plusieurs alternatives, plus accessibles. Mais je revenais naturellement à cette œuvre, qui plaisait davantage à tous mes proches. « C’est parfait pour le printemps, on dirait une renaissance… », me disait l’un. « La tache bleue, centrale au tableau, est le cœur, l’amour qui nous donne les ailes, nous soulève de terre, nous fait vivre », me suggérait l’autre.
Pourquoi donc m’arrêter au thème de la mort, alors que je voyais bien les multiples interprétations possibles ? Et la mort, n’est-ce pas là la chose la plus universelle au monde ? En fait, en creusant un peu mon malaise, je me suis rendue compte que j’avais peur qu’on me reproche d’être rabat-joie. La mort, peu d’entre nous aime aborder le sujet. Pourtant, dans ma vie, je préfère avoir le courage d’aborder les sujets difficiles que de faire l’apologie de la positivité. J’ai toujours trouvé que les gens qui prônent la positivité à tout prix veulent surtout ne pas être dérangés dans leur confort, quitte à sacrifier l’authenticité des échanges et à se mettre la tête dans le sable devant des enjeux bien réels.
Finalement, j’ai décidé que l’œuvre de Sanders, Je suis, s’avère parfaite pour la couverture ce printemps. Après tout, l’art a le rôle de susciter des émotions et des conversations, même difficiles. Et ce sont souvent ces types de rencontre qui nous font évoluer et devenir plus ouverts et résilients.
Sur ce, je vous souhaite des conversations qui vous font renouer avec la vie, même si elles sont inconfortables !
Bon printemps !
Geneviève Hébert
CHOOSING COURAGE OVER COMFORT
The artwork on the cover was suggested to me by Mathilde, the newspaper’s graphic designer, in whom I have absolute trust. When she first sent it to me, I was charmed by the strong symbols, the soft and warm colours and the intuitive strokes but, I was feeling rather uneasy about putting it on the cover. The angel somehow evoking death seemed too heavy a subject for the spring edition, as we are all longing to reconnect with life after the long winter months.
Thus, Mathilde proposed other options. But this piece still came out as a favourite, even with other people around me. “It’s perfect for spring, it’s like a rebirth…”, said my spouse. ”The blue spot, central to the painting, is the heart of things, the love that gives us wings, lifts us off the ground, makes us feel alive,” suggested another.
I could see what they were seeing but I stayed stuck with the unease with the death theme. But isn’t death the most universal thing in the world? In fact, as I delved deeper into my emotion, I realized that I was afraid of being criticized for being somewhat of a killjoy. After all, few of us like to talk about death. And yet, in my life, I’d much rather have the courage to tackle the difficult subjects at hand than to fake positivity. I’ve always found that people who advocate positivity at all costs just want, above all things, to stay in their comfort zone, even if it means sacrificing authentic discussions. They will go out of their way to bury their heads in the sand when faced with genuine issues.
In the end, I decided that Sanders’ Je suis artwork would be perfect for the cover this spring. After all, art has a role to play in stirring up emotions and conversations, even difficult ones. And it’s often these kinds of conversations that make us evolve and become more open and resilient.
On that note, I wish you conversations that reconnect you with the people in your life, even if it takes you out of your comfort zone.
Happy springtime!
Sanders Pinault, Je suis, huile sur papier Yupo, 2023, 23 x 30 cm. Photo : Alain Laforest