Du monde paysan aux plateaux de tournage

Un texte de Denis Lord

Paru dans le numéro

Publié le : 11 août 2022

Dernière mise à jour : 11 août 2022

 

Storyboardiste expérimenté, Stéphane Lemardelé voulait depuis longtemps documenter le cinéma par la bande dessinée et en profiter pour décrypter son métier, mystérieux aux yeux des profanes.

Wim Wenders
Extrait de la bande dessinée de Stéphane Lemardelé

Dans sa plus récente bande dessinée, Le storyboard de Wim Wenders, Stéphane Lemardelé raconte son métier et expose la philosophie du réalisateur allemand sur l’image et ses technologies. 

Storyboardiste expérimenté, Stéphane Lemardelé voulait depuis longtemps documenter le cinéma par la bande dessinée et en profiter pour décrypter son métier, mystérieux aux yeux des profanes. Sa première tentative, avec un film franco-hollywoodien auquel il collaborait, s’est heurté au refus des producteurs, perplexes face aux retombées mercantiles d’une telle démarche.

Mais voilà que Lemardelé est appelé à participer au tournage d’Every Thing Will Be Fine à Oka et que le fameux réalisateur de Pina et des Ailes du désir accepte non seulement de le laisser assister à toutes les étapes du tournage, mais aussi de collaborer à la genèse de l’œuvre, par exemple en mettant à jour ses réflexions sur l’image, que le bédéiste avait glanées dans des publications étalées sur des décennies. 

Un échange créatif

« Je lui ai envoyé les premières planches, raconte Stéphane Lemardelé, et il m’a dit « j’aime vachement ça, […] qu’est-ce que je peux faire pour t’aider ? » […] Lui et sa fondation ont toujours été présents. […] Ça a été un échange créatif extraordinaire. » 

Le résultat, c’est une bande dessinée composite tant du point de vue narratif que visuel. Dans ce premier axe s’amalgament récit de tournage, voix documentaire sur les métiers du cinéma et discours esthétique. L’approche graphique de l’artiste est, elle, pigmentée d’esquisses de scènes pour le storyboard, de citations de films et de peintures.

Obstacles

Malgré la bénédiction wenderienne, la production de l’œuvre a été parsemée d’embûches. Lemardelé a dû souquer ferme pour obtenir les droits de représenter les acteurs et techniciens d’Every Thing Will Be Fine,éparpillés dans plusieurs pays. Ensuite, l’éditeur a fait faillite et Stéphane a dû comparaître devant un tribunal français pour récupérer ses droits… mais pas son argent. C’est finalement la Boîte à Bulles, autre éditeur de l’exagone, qui avait déjà publié le précédent titre de Stéphane, Le nouveau monde paysan, qui a repris le projet. 

Distribué en Europe, Le storyboard de Wim Wenders a bénéficié d’une bonne couverture médiatique. Une version en allemand viendra, une autre en anglais est au stade des discussions. L’album sortira au Québec en septembre. Film et BD feront l’objet d’une présentation conjointe en France et possiblement à Sutton à l’automne, avec la présence souhaitée de Wenders. La sortie en librairie se fera partout au Québec le 29 août. Le premier lancement officiel et festif avec séance de dédicace se tiendra à St-Armand le samedi 3 septembre dans le cadre du salon du livre à la Grange à livres du Clos de l’Orme Blanc.

Lemardelé termine actuellement les croquis d’une BD consacrée à la politicienne Simone Veil, scénarisé par Pascal Bresson, qui devrait paraître en 2023, et travaille avec l’historien Laurent Busseau à une biographie de Queen Lil, tenancière de bordel de Glen Sutton durant la prohibition.

Denis Lord

Wim Wenders

Stéphane Lemardelé

Le storyboard de Wim Wenders

La Boîte à Bulles, 2022, 149 pages