La vie en collectif
Un texte de Renée Demers
Paru dans le numéro Hiver/Winter 2023-2024
Publié le : 10 novembre 2023
Dernière mise à jour : 10 novembre 2023
L’empreinte écologique de la vie en solo pèse sur la santé de la Terre. Partager une maison, un terrain, réduit cette dernière.
Plusieurs conditions sociétales causent la pénurie de logements actuelle. Je veux attirer votre attention sur l’une d’entre elles et ses conséquences : l’habitat en solo.
Dernièrement, j’ai rencontré des amis avec lesquels j’ai partagé une expérience collective dans ma jeune vingtaine. Nous étions cinq anciens de la commune autour de la table. Ce qui m’a frappé d’emblée c’est que quatre d’entre eux résidaient maintenant seuls et certains, dans de vastes demeures. Dans mon environnement, la vie en solitaire se normalise.
Cinquante ans en arrière, les domiciles abritaient plusieurs occupants au Québec. Les familles comptaient plusieurs enfants. Les célibataires louaient des chambres ou vivaient chez la parenté en attendant de se marier. Les étudiants partageaient des logements à plusieurs. C’était la norme. Puis le phénomène des communes prit de l’ampleur dans les années 70 en milieu urbain et rural.
En 2023, nous nous sommes enrichis et nous avons gagné en autonomie avec tous les outils modernes à notre disposition pour assurer la bonne gestion du quotidien. Les écrans pallient notre tendance grégaire. Ils nous désennuient. La vie en solo se normalise. Cependant, un vent de changement souffle avec l’augmentation du coût des loyers.
La santé publique reconnaît maintenant l’isolement social comme un facteur de risque pour la santé autant que la cigarette et l’inactivité physique. Être entouré apporte de la joie, ainsi que du soutien dans les épreuves. Vivre à plusieurs est stimulant. Cela est moins onéreux et permet donc une plus grande latitude financière.
L’empreinte écologique de la vie en solo pèse sur la santé de la Terre. Partager une maison, un terrain, réduit cette dernière. Moins d’équipement ménager, moins de chauffage, moins de matériaux, etc.
La principale raison évoquée pour éviter la vie communautaire tourne autour d’éventuels conflits interpersonnels et l’anxiété que cela génère. Cependant, dans la balance, on omet de placer sur l’autre plateau, la chaleur humaine, la stimulation et l’entraide.
Plusieurs techniques sont éprouvées pour améliorer la communication entre les individus, ainsi que la pacification de nos émotions au quotidien. Inventer des espaces collectifs qui correspondent au bien-être physique, social, émotionnel et financier des participants est un projet de société nécessaire en 2023. Cela demande de l’organisation, de la gestion, des échanges, de la souplesse et de l’ouverture. Cela exige d’identifier ses besoins fondamentaux et d’intégrer des moyens de les satisfaire au sein d’une collectivité. C’est un projet créatif, emballant et salutaire.
Renée Demers