Mathieu Gaudet ou l’urgence de vivre

Un texte de Nathalie Rivard

Paru dans le numéro

Publié le : 14 novembre 2022

Dernière mise à jour : 14 novembre 2022

 

Dans les dernières années, en plus d'être père de trois enfants et proche aidant, Mathieu Gaudet a réussi à conjuguer deux carrières : médecin-urgentologue et pianiste. Le 3 janvier prochain, il fera sa dernière garde comme médecin à l’hôpital BMP. Un risque calculé, mais qui a été longuement mûri.

Mathieu Gaudet

Juste un peu avant la pandémie, Mathieu Gaudet quittait la métropole pour emménager à Abercorn avec sa famille. Il rêvait d’un environnement calme et plus près de la nature pour élever ses enfants. Il y a trouvé, en plus, l’esprit de communauté.

Ce médecin-urgentologue, aussi pianiste, pratique ces deux métiers de concert, ce qui nécessite une gestion serrée des horaires. Au début de sa vingtaine, il savait que s’il voulait se rendre plus loin au niveau musical, c’était à ce moment-là qu’il devait s’y investir. Il est donc allé trois ans à l’université John-Hopkins de Baltimore, suivi de trois ans au Glen Gould Royal Conservatory of Music de Toronto. 

Revenu au Québec pour faire son doctorat en musique à l’Université de Montréal à 27 ans, il a conclu que la vie de musicien était moins compatible avec une vie de famille, car elle demandait beaucoup de sacrifices. Comme il voulait avoir un avenir économique viable, il a choisi la médecine pour bien gagner sa vie tout en aidant les gens. Il est donc retourné aux études en médecine pendant huit ans et il termine maintenant sa 10e année comme médecin. La musique est toujours restée bien présente dans sa vie. Que ce soit en participant à des concerts et à des festivals, à la direction d’orchestre ou encore à l’enregistrement de l’œuvre de Schubert, Mathieu consacre beaucoup de temps à sa carrière de musicien et pas juste en sourdine.

Comment conjuguer deux carrières, soit celles d’urgentologue et de pianiste ? « C’est compliqué », me dit-il. « C’est beau de tout vouloir faire, mais même si je suis super efficace dans ma gestion du temps, j’ai aussi trois jeunes enfants qui font de la musique et qui demandent ma présence, je suis aidant naturel et je fais beaucoup d’heures à l’hôpital. »

Il joue du piano tard le soir, même s’il n’a pas toujours l’énergie. Comme disait Franz Schubert : « Quiconque aime la musique ne peut jamais être tout à fait malheureux », reste que c’est souvent dans les périodes de pauses ou de rêves éveillés que notre cerveau se régénère, et pas juste pendant le sommeil. Il lui manque cruellement de ce temps pour méditer, hors des contingences. Il a donc pris une grande décision qui aura un impact sur sa vie familiale, mais surtout qui lui permettra de concrétiser son rêve de retrouver du temps pour lui et de vraiment se consacrer à la musique. « C’est maintenant ou jamais », me dit-il.  

Le 3 janvier prochain, il fera sa dernière garde comme médecin à l’hôpital BMP. Un risque calculé, mais qui a été longuement mûri, même s’il sait qu’il pourra toujours retourner à la médecine s’il en sent le besoin. Il devra donc se trouver un emploi, idéalement comme professeur de musique dans une université. Il reprendra la direction d’orchestre, poursuivra les enregistrements de toute l’œuvre de Schubert et a de beaux projets musicaux en vue à Toronto, dont la participation, le 2 avril, aux Concerts Mooredale et le 28 mai, à la série de concerts Syrinx. 

Plus près de nous, il sera l’invité du concert-bénéfice pour la Fondation de l’Hôpital Brome-Missisquoi-Perkins au Théâtre de Lac-Brome le dimanche 4 décembre, où il interprétera plusieurs pièces du répertoire de Schubert. Une belle façon de redonner à l’hôpital et à son équipe qui l’ont si bien accueilli à son arrivée dans la région. 

Vous pouvez vous procurer des billets sur www.theatrelacbrome.ca et connaître l’évolution de sa carrière sur www.mathieugaudet.com.

Nathalie Rivard