Un joyau difficile d’accès

Un texte de Anthoni Barbe

Paru dans le numéro

Publié le : 10 juin 2025

Dernière mise à jour : 10 juin 2025

 

À Sutton, la rivière Missisquoi, un patrimoine naturel public, reste difficile d’accès faute d’aménagements prévus pour son accessibilité.

accès rivière Missisquoi
Carte de Anthoni Barbe.

La rivière Missisquoi est un joyau naturel majeur. Elle est l’une des dernières grandes rivières sauvages de la région, ce qui lui vaut d’ailleurs l’accréditation états-unienne « wild and scenic » dans ses portions s’écoulant au Vermont. Pourtant, dans sa portion québécoise, ce patrimoine naturel public reste difficile d’accès faute d’aménagements prévus pour son accessibilité.

Sutton a oublié la Missisquoi

La carte accompagnant l’article indique où sont les accès publics à la rivière permettant notamment aux gens de mettre leurs embarcations légères à l’eau. Cette carte illustre bien l’absence complète d’accès public à la rivière Missisquoi sur le territoire de la municipalité de Sutton. Cela pose plusieurs problèmes pour les riverains et la population en général.  

L’absence d’accès balisé en incite plusieurs à improviser des accès de fortune qui se trouvent trop souvent sur des propriétés privées, devenant ainsi une nuisance pour les riverains. Les résidents du hameau de Glen Sutton n’ont nulle part pour accéder à la rivière qui coule pourtant tout près de leur résidence, ce qui accentue le risque des passages informels. 

Un besoin qui restera même s’il est ignoré

À Potton, un accès public permet d’accéder à la portion amont de la rivière Missisquoi. Les gens ont tendance à descendre la rivière et ils vont donc naturellement chercher à terminer leur parcours dans les alentours de Glen Sutton où rien ne les aidera à sortir de l’eau dans un endroit approprié. Les usagers sont littéralement livrés à eux-mêmes alors que partout ailleurs le long de la rivière, à Potton et au Vermont, des zones d’accès public à la rivière sont clairement identifiés. 

La rivière Missisquoi est la plus grande rivière de la région et c’est aussi celle qui offre parmi les plus beaux paysages. Sa qualité d’eau est généralement bonne. Il est donc normal que les résidents ou les amateurs de canot ou kayak cherchent à accéder à ce patrimoine naturel public et exceptionnel. Faut-il vraiment rappeler en 2025 que les rivières et les lacs du Québec font partie du patrimoine collectif ? 

Une solution simple 

Il y a quelques années, des élus et des employés de la Ville de Sutton s’était engagé auprès de l’Organisme de du bassin versant de la baie Missisquoi à aménager sommairement un accès à la rivière Missisquoi, ce qui aurait évité aux gens de descendre le talus raide le long du chemin Cushion. Il existe plusieurs kilomètres linéaires de chemin public contigu à la rivière et isolé des maisons, c’est donc difficile de comprendre pourquoi rien n’a encore été fait. 

Une poignée d’entreprises ont le mérite d’offrir des services de location d’embarcations nautiques légères et de transport, rendant ainsi la rivière accessible à celles et ceux qui ont les moyens de payer pour ces services. C’est un début, mais cela n’est malheureusement pas suffisant pour endiguer l’achalandage des résidents ou des excursionnistes qui ont déjà leurs embarcations. 

Garder la quiétude et l’honneur 

Par le passé, certains citoyens de Glen Sutton ont pu exprimer certaines craintes de voir débouler trop de gens si un accès était aménagé. Le cas de Potton montre bien que l’on peut offrir une accessibilité sans que celle-ci devienne une attraction touristique importante. Cet aménagement servirait avant tout aux résidents et cela viendrait contrecarrer les nuisances des nombreux passages informels à Glen Sutton. 

En aménageant un accès simple pour permettre de descendre à la rivière, la municipalité de Sutton rattraperait son retard avec les municipalités voisines. Les canoteurs y passent depuis des temps immémoriaux puisque la rivière fait partie du mythique parcours Northern Forest canoe trail qui fait notamment la jonction entre le lac Champlain et le lac Memphrémagog. D’ailleurs, entre ces deux lacs, Sutton est la seule municipalité à ne pas prévoir d’accès public à la rivière. Espérons que 2025 sera l’année où cette anomalie sera corrigée. 

Anthoni Barbe, géographe consultant en aménagement du territoire