Pimbina, nipimina

Un texte de Annie Rouleau

Paru dans le numéro

Publié le : 13 août 2025

Dernière mise à jour : 29 août 2025

 

Le nom Anishinaabe du pimbina signifie « fruits amers » et définit avec justesse les baies rouges de cet arbuste, indigène de nos contrées.

Pimbina Annie Rouleau

Un arbuste pour cet automne, la viorne trilobée, Viburnum trilobum, le pimbina. Nipimina, le nom Anishinaabe de cette plante, signifie « fruits amers » et définit avec justesse les baies rouges de cet arbuste, indigène de nos contrées. Quelques viornes peuvent être confondues, du fait de la forme trilobée de leurs feuilles. Chez celle qui nous intéresse, la feuille est plus étroite à sa base et bien dentée avec trois lobes bien définis. L’inflorescence blanche, communément appelée cyme, se compose de grandes fleurs en périphérie et de toutes petites au centre. Ces dernières sont les organes fertiles de la fleur. Les autres flétrissent et tombent lorsque la fécondation a eu lieu. Les fruits sont rouge vif, matures vers septembre, mais persistants durant l’hiver s’ils ne sont pas mangés par les animaux, peu importe leur nombre de pattes. Il est préférable de récolter les fruits après au moins une première gelée, celle-ci les rendra translucides et moins amers. On appelle le pimbina cranberry-tree, le goût de ses fruits étant très proche de celui des canneberges.

L’autre nom anglais de la viorne trilobée est cramp bark. Ce nom explique rapidement l’action médicinale principale de la plante ; c’est un antispasmodique puissant, agissant sur les spasmes des muscles lisses, mais surtout sur ceux du système digestif et de l’utérus. C’est une plante qui demande d’assez grandes quantités pour montrer ses qualités, mais qui, si elles sont respectées, agit très rapidement et efficacement. Par grandes quantités, j’entends un millilitre de teinture (concentré liquide à base d’alcool) toutes les quinze minutes, jusqu’à la disparition des symptômes. Le pimbina peut aussi être pris à long terme, donc sur au moins trois semaines et en plus petites quantités, pour le traitement de fond des systèmes à tendance spasmée. D’autres plantes pourront alors compléter, mais ça, c’est un cas de consultation avec votre herboriste.

En résumé, lorsque les muscles se spasment et que des crampes atroces gâchent la journée, de l’entrée à la sortie de l’appareil digestif, en passant par le foie et l’utérus, le pimbina est tout indiqué en cas de crise aigüe.

De ces jolis arbustes qui ornent à merveille un aménagement paysager domestique, on récolte l’écorce des rameaux ou des jeunes troncs. Il faut choisir la quantité nécessaire pour ne pas nuire à la plante. Ce n’est pas évident à réaliser, mais il convient de peler le bois recueilli pour séparer l’écorce puis, soit la faire sécher pour l’utiliser en décoction, soit la mettre à macérer dans un alcool neutre à 40 %, genre vodka de base, à raison d’une part d’écorce hachée pour trois d’alcool. Par exemple, 100 grammes de plante pour 300 millilitres d’alcool. La macération doit durer autour d’un mois, suite à quoi on filtre, embouteille, étiquette, et consomme comme mentionné précédemment. Pour la décoction d’écorce séchée, par jour, mijoter d’un à cinq grammes de plante dans autant de tasses d’eau durant une quinzaine de minutes, filtrer et boire durant la journée. Le goût peut être rebutant. Ajouter un peu de jus de citron ou de fleurs de lavande séchées peut l’améliorer.

En traitement de fond pour les menstruations douloureuses, prendre un millilitre de teinture, trois fois par jour, dans la semaine avant le début des règles. Répéter durant quelques mois pour renverser la tendance. Consulter votre herboriste pour toute question ou pour élaborer un protocole !

Les fruits du pimbina, récoltés après les premières gelées, font de bonnes confitures et sont riches en vitamine C. L’histoire des usages culinaires et médicinaux de cet arbuste est riche dans tous les pays où il pousse. On le retrouve partout au nord du 49e parallèle. Il est aimé pour la beauté des tons automnaux de ses feuilles ou du rouge de ses fruits dans le blanc de l’hiver ! La nature est éblouissante, chérissons-la !

Bon automne et bonnes récoltes !

Annie Rouleau, herboriste praticienne

annieaire@gmail.com

Références :

La flore laurentienne par frère Marie-Victorin, éditions Les presses de l’Université de Montréal (1995)

Médecine traditionnelle chinoise et plantes occidentales par Anne Vastel et Sylvie Chagnon, éditions Guy Trédaniel, (2020)

Medicinal Herbalism par David Hoffmann, éditions Healing Arts Press, (2003)

The energetics of western herbs par Peter Holmes, éditions Snow Lotus Press, (1998)

A modern herbal par Mrs. Maud Grieve, éditions Dover Publications, (1971–1982)

Références WEB

Washington College