Michel Dupont : artiste «estamporel»

Un texte de Delphine Piperni

Paru dans le numéro

Publié le : 8 décembre 2020

Dernière mise à jour : 8 décembre 2020

 

Comment ne pas remarquer l’ancien bureau de poste de Frelighsburg, rénové avec goût et transformé en atelier-galerie combinés ? Portrait d’un artiste créateur de sa propre vie.

L’Artiste à la Une

Libre d’esprit, Michel Dupont est le type d’artiste qui s’est forgé une vie à l’image de ses ambitions. Artiste autodidacte entièrement consacré à l’art de l’estampe depuis 40 ans, il crée dans un environnement qui lui ressemble en utilisant des outils conçus sur mesure par lui. Portrait d’un artiste créateur de sa propre vie. 

Comment ne pas remarquer l’ancien bureau de poste de Frelighsburg, rénové avec goût et transformé en atelier-galerie combinés ? Déjà, de l’extérieur, des œuvres lumineuses, attirent notre regard et nous invitent à entrer. À droite, on trouve une presse grande comme une table de ping-pong. « C’est moi qui l’ai conçue avec l’aide d’un mécanicien, explique-t-il. Elle est électrique. Et voici ma petite presse mécanique. » Quel design ! Cette petite œuvre métallique, avec sa grande roue rappelant la barre d’un gouvernail, susciterait l’envie de bien des artistes. « Je vends des exemplaires de cette presse. C’est pratiquement introuvable de nos jours. »

Michel Dupont artiste
Michel Dupont. Série Bouclier des Ames. Oeuvre tridimensionnelle. Peinture sur papier fait main. 28 x 38 x 3 po. 1996.

En effet, l’estampe n’est plus aussi en vogue qu’elle l’a déjà été. Michel Dupont repense avec une certaine nostalgie aux années 70 et 80. Cette forme d’art était alors en pleine effervescence. Les estampes figuratives qu’il crée, tirées à plusieurs exemplaires chacune, lui permettent de très bien vivre pendant 25 ans. « Je travaillais 60 heures par semaine. C’était un art très valorisé et il y avait un marché. »

Retraite et retour au travail

À 50 ans, toutefois, il n’a plus de jus et sent qu’il plafonne. Il décide de prendre sa retraite. « Après deux mois à ne pas faire grand-chose, j’ai recommencé à travailler. Et je n’ai jamais arrêté depuis », confie-t-il. C’était plutôt la fin des commandes répétitives (et de la grosse adrénaline !). Et le début d’un nouveau rythme de création qui lui ressemble davantage. Michel Dupont se lance alors dans l’exploration de textures, de couleurs et de choix de papier. Il y ajoute des touches de noir et de rouge, parsemées de reliefs, qui font penser à des îles perdues dans une immensité radieuse. Il donne ainsi un nouveau souffle à l’art de l’estampe.

Voyage au Japon

Michel Dupont, estampe 1/1 sur papier Fabriano 300 gr. 11,5 x 59 po. 2020.
Michel Dupont, estampe 1/1 sur papier Fabriano 300 gr. 11,5 x 59 po. 2020.

L’artiste explore cette voie pendant toute la dernière décennie. Jusqu’à un voyage au Japon, il y a deux ans. Contrastant avec la grisaille de ce pays aux niveaux architectural et climatique, son œil d’artiste est attiré par la splendeur des kimonos portés par les Japonaises qui déambulent dans les villes. Cela fait des années qu’il tente, sans succès, de créer des œuvres, rectangulaires et minces, un art bien maîtrisé au Japon. « Le défi avec ce format est l’harmonie, soit d’éviter qu’il y ait trois œuvres d’art empilées les unes par-dessus les autres. »

À son retour, il se consacre entièrement à l’exploration de ce format, créant des nouvelles œuvres colorées qui rappellent les motifs des kimonos. Il y intègre certains éléments de la nature comme des papillons, des fleurs et des oiseaux. « C’était un risque à prendre d’intégrer des oiseaux dans des œuvres abstraites, mais je les ai ajoutés discrètement et ça fonctionne. » En effet, on ne peut que s’émerveiller devant ces œuvres joyeuses et équilibrées, alliant avec justesse couleurs, motifs et textures. « Ce qui fait qu’un tableau est réussi, explique-t-il, c’est qu’il dégage une harmonie, un calme, un repos. Ça dure une fraction de seconde. Pour y arriver, je fais des dizaines d’essais. »

Ateliers d’initiation à l’estampe

Une autre de ses passions consiste à transmettre son savoir-faire à travers des ateliers d’initiation à la presse et à l’estampe auprès de groupes de quatre personnes maximum. « Certains artistes gardent secret leurs techniques. Moi, je n’ai rien à cacher, ça n’enlève rien à ce que je fais. J’adore ça. » Voilà une occasion unique de redécouvrir cet art intemporel.