Hommage à Liz

Un texte de Andrée Pelletier

Paru dans le numéro

Publié le : 8 mars 2021

Dernière mise à jour : 3 mars 2021

 

Que c’est difficile d’écrire au sujet de Liz Davidson, une amie si chère. Je commence des phrases sans pouvoir les terminer, comme si chaque mot creusait davantage le vide qu’elle a laissé. J’ai de la difficulté à croire que nous n’aurons plus ces longues conversations qui surfaient sur une quantité de sujets aussi variés les…

Liz Davidson
Liz Davidson, à la galerie Arts Plus en 2014

Que c’est difficile d’écrire au sujet de Liz Davidson, une amie si chère. Je commence des phrases sans pouvoir les terminer, comme si chaque mot creusait davantage le vide qu’elle a laissé. J’ai de la difficulté à croire que nous n’aurons plus ces longues conversations qui surfaient sur une quantité de sujets aussi variés les uns que les autres, de la littérature à la difficulté de créer en passant par Trump et le féminisme, ou encore la dernière série sur Netflix.

Il y a des gens qui ont l’oreille absolue, Liz Davidson avait l’œil absolu. Elle savait voir le pouvoir du trait, du cadre, de la technique, de l’objet ou du feuillage, car Liz avait autant de talent dans les arts visuels, graphiques, photographiques, textiles que dans le jardinage. Elle voyait tout de suite ce qui pouvait transformer une toile, un dessin, une photo, un bosquet, en une œuvre digne de ce nom. Son savoir était immense, sa culture aussi.

Liz a été ma mentore et mon moteur. Elle m’a appris à voir ce que je crée, à ne pas me décourager si la muse n’est pas au rendez-vous, à naviguer dans les vernissages. Je me souviens d’une série de dessins que je lui avais amenée afin qu’elle les imprime sur son immense imprimante. Assise à côté d’elle, j’ai senti tout de suite que cette série lui semblait inutilement chargée. Pourquoi ai-je eu ce sentiment que mes dessins n’étaient pas achevés? Parce que son enthousiasme habituel était absent et que quelques petits commentaires tout à fait anodins m’ont fait comprendre que je devais retourner à ma table à dessin. Ce que je fis. Elle avait raison.

Liz était une femme profondément généreuse, discrète et curieuse. Je vois encore son large sourire et la façon qu’elle avait de hocher rapidement la tête quand elle riait, ce qu’elle faisait souvent. À ceux qui ne l’ont pas connue je pourrais en parler pendant des heures. Si vous l’avez connue, je partage votre peine et vous laisse avec ces mots qui me ramènent à elle:

Il n’y a pas de fin. Il n’y a pas de début. Il n’y a que la passion infinie de la vie.

Federico fellini