Le « chien COVID »
Un texte de Thierry Jutras-Aswad
Paru dans le numéro Hiver/Winter 2021-2022
Publié le : 30 novembre 2021
Dernière mise à jour : 30 novembre 2021
Les chiens COVID, ses chiens adultes ayant grandi durant la période de confinement, ont développé des enjeux comportementaux bien à eux.
Les enjeux comportementaux du chien COVID, ce chien adulte ayant grandi durant la période de confinement, se manifestent de plus en plus. Dans ma pratique, il y a une forte hausse de cas de chiens ayant de la difficulté à côtoyer d’autres chiens. Il y a aussi de plus en plus de cas démontrant de l’anxiété de séparation. Même son de cloche de la part de Sandra Shaicovitch, propriétaire de la pension Chenil Lac Brome. Quoi faire pour y remédier ? Voici quelques pistes de solutions.
La période de socialisation
Lorsqu’âgé de 8 à 18 semaines, le chiot est dans une phase très importante de son développement : la période de socialisation. Il est alors une véritable éponge et les expériences vécues, ou non, à cet âge formeront les fondations de ses capacités à interagir avec son environnement et les êtres vivants qui en font partie. Pour bien socialiser un chiot, l’humain doit lui faire vivre une multitude d’expériences de façon positive. Sons, environnements, humains de tous âges, enfants déguisés, chats, chiens, chevaux et tout autre stimulus en lien avec votre situation familiale doivent être présenté au chiot graduellement et à son rythme, dans un cadre ludique et bienveillant. Or, bien des chiots adoptés au début de la pandémie ont été sous socialisés, puisque nous étions en confinement.
La période de socialisation terminée, il devient plus difficile pour le chien de bien socialiser. Mais il est tout à fait possible de travailler pour rendre le chien COVID moins réactif et lui faire surmonter ses peurs. Par exemple, un chien asocial avec ses congénères pourra être (re)socialisé lentement grâce à un programme de désensibilisation en respectant scrupuleusement son rythme. Pour se faire, un éducateur canin compétent et à jour en psychologie pourra vous aider à faire en sorte que votre animal soit à l’aise en présence d’un autre chien, apprenne à régler des conflits ou à s’éloigner en cas d’inconfort.
Quand le chien grogne ou jappe
Surtout, il faut éviter de réprimander un chien qui grogne ou jappe après un chien ou de le mettre en immersion dans un groupe de chiens. Cela pourrait inhiber momentanément le comportement, mais ne changera en rien au fait qu’il est mal à l’aise. Au contraire, vous pourriez empirer la situation et vous retrouver éventuellement avec un chien qui non seulement est asocial, mais également agressif envers les chiens. Les mêmes concepts s’appliquent avec un chien qui serait asocial avec les enfants, ou mal à l’aise en groupe. Pour améliorer la qualité de vie du chien COVID, la patience et le dévouement seront vos alliés.
L’anxiété de séparation chez le chien COVID
Un autre enjeu de taille auquel font face plusieurs de mes clients est l’anxiété de séparation du chien COVID. Le télétravail a fait en sorte que nous avons pu passer nos journées entières avec le chiot. Ce dernier a grandi et est passé au travers de sa phase de détachement en étant constamment avec vous. Plusieurs chiots ont vu leur humain quitter la maison pour reprendre le travail en présentiel. Changement de routine brutal ! L’anxiété liée à la séparation du chiot et de son humain peut aller d’un état d’agitation lors du rituel de départ à des symptômes beaucoup plus sévères, tels que la destruction du mobilier, les comportements obsessifs compulsifs, le jappement excessif, le relâchement incontrôlé des sphincters (miction et/ou défécation) et l’automutilation.
Souvent, un protocole de désensibilisation au départ de l’humain, couplé avec une routine de vie saine répondant à l’ensemble de ses besoins, pourra être suffisant. La musique classique, l’activité masticatoire, le travail mental et l’exercice physique ne règleront pas l’enjeu directement, mais participeront au bien-être général de votre chien et augmenteront les chances de réussite du traitement de l’anxiété de séparation. Parfois, un support pharmacologique, temporaire, peut aider votre chien à faire les apprentissages nécessaires pour le rendre à l’aise lors de vos absences. L’éducateur canin ayant une expertise dans le domaine pourra vous guider pour mettre en place le protocole. Et votre vétérinaire saura vous conseiller et prescrire, le cas échéant, la médication requise.
Éducateur canin diplômé du Centre de formation Jacynthe Bouchard