Action Réfugiés Sutton : les étapes franchies et celles à venir !

Un texte de Geneviève Hébert

Publié le : 15 février 2017

Dernière mise à jour : 27 février 2017

 

Cette histoire commence  en septembre 2015. La situation des réfugiés syriens nous interpelle. Nous cherchons un moyen de les aider. En novembre, nous organisons une levée de fonds, suivie fin décembre d’un souper et d’un encan silencieux. Nous ramassons ainsi 7,000 $ que nous redonnons aussitôt à Hay Doun, le Centre de la communauté arménienne…

Ensemble, pour le parrainage de la famille Apkarian

Cette histoire commence  en septembre 2015. La situation des réfugiés syriens nous interpelle. Nous cherchons un moyen de les aider. En novembre, nous organisons une levée de fonds, suivie fin décembre d’un souper et d’un encan silencieux. Nous ramassons ainsi 7,000 $ que nous redonnons aussitôt à Hay Doun, le Centre de la communauté arménienne de Montréal qui organise la venue au Québec de réfugiés d’Alep (http://haydoun.ca). Début 2016, nous nous demandons plus sérieusement si nous sommes prêts à parrainer privément une famille de réfugiés. Après mûre réflexion, en février 2016, nous remplissons les formules d’engagement à accueillir parmi nous une famille de cinq réfugiés – les Apkarian – qui sont parents de personnes déjà établies à Sutton. Cet engagement pris, nos efforts s’orientent alors activement vers la levée de fonds et l’organisation physique qui nous permettra de soutenir ces cinq réfugiés pendant plusieurs mois et peut-être même, durant  une année complète.

2016 s’avère cependant une année décevante pour nous et  pour tous les Canadiens qui parrainent l’arrivée de réfugiés. En début d’année, le gouvernement fédéral annonce son intention d’accueillir un grand nombre de réfugiés. Certaines demandes obtiennent  alors un règlement rapide. En décembre 2015 par exemple, Melinda Maranian – l’épouse de notre cordonnier Rafi Allaouirdian  parraine son frère qui se prénomme Vaché. Celui-ci arrive rapidement parmi nous en avril 2016. Vaché est aujourd’hui installé à Sutton où il tient son propre restaurant le Shawarma Harpi sur la rue Principale. Nous fiant sur l’expérience de Melinda, nous espérons alors que notre famille Apkarian arrivera au cours de l’été 2016. Entre-temps, nous organisons  d’autres  collectes de fonds, nous accueillons Vaché  de même que  Marco David, un Egyptien qui cherche lui aussi  à obtenir un statut de réfugié et qui vit parmi nous à Sutton durant quelques mois.

Avec nos levées de fonds et autres événements, nous entretenons la flamme communautaire et faisons connaître notre projet du plus grand nombre. En mars, nous organisons une danse populaire avec la collaboration généreuse du groupe de musiciens de Random Chance. En avril, c’est la jeune Ève Sano-Gélinas qui prend le relais. Pleine d’énergie et de talent, elle organise une soirée-cabaret et réunit autour d’elle deux musiciens réfugiés de Syrie qui se sont rencontrés sur l’avion les amenant au Canada. En mai, nous organisons une vente villageoise de biens et de services locaux. En juillet, Beverly et Roger de Winter  nous prêtent leur ferme pour y accueillir des réfugiés syriens pour une journée de repos et de découverte de la beauté des Cantons de l’est. Une expérience d’échanges enrichissante et inoubliable!

En août, nous réalisons avec désarroi que le traitement des dossiers des demandeurs d’asile au Canada prend un retard important et inattendu. Nous nous sentions pourtant prêts à recevoir nos réfugiés, nous avions même exploré toutes les options qui leur seraient offertes pour qu’ils apprennent l’anglais et le français, mais nous savons maintenant que l’attente sera longue. De son coté, la famille Apkarian  est inquiète et impatiente. Elle vit réfugiée temporairement à Beyrouth – une zone qui connaît aussi de  l’incertitude et de la violence. Sa situation n’est pas désespérée mais elle n’est pas bonne non plus. Hai Doun nous encourage à persévérer nous confiant que dans des situations très difficiles, eux-mêmes doivent avec beaucoup de chagrin, rayer le nom d’une personne morte alors qu’elle attendait d’être transférée dans son  pays d’accueil. Nous nous encourageons : les Apkarian ne sont ni malades, ni blessés. Ils vivent dans des conditions difficiles mais ils sont vivants et ils font preuve de persévérance. Nous reprenons confiance et nous décidons de continuer à ramasser des fonds pour avoir en mains tout ce qu’il nous faudra pour les aider adéquatement dès leur arrivée.

En novembre, cent invités se joignent à nous autour d’un repas syrien. L’esprit communautaire des gens de Sutton nous fait alors chaud au coeur et nous donne la force de continuer. En décembre, une petite vente de Noël rapporte 1000 $.  À la fin de 2016,  nous avons finalement en banque 20,000 $ , notre objectif étant de ramasser  finalement 30,000 $  pour supporter adéquatement la première année des Apkarian  parmi nous. N’oublions pas qu’ils sont cinq, qu’il leur faudra manger, s’habiller, se transporter, voir un dentiste , prendre des cours de langues et ainsi de suite.

En ce début de 2017, la famille Apkarian est bien sûre triste de la lenteur avec laquelle sa demande d’asile chemine. Son lot demeure l’anxiété, le stress, l’incertitude. Ici au Canada, le traitement de tous les dossiers de demandes d’asile s’est considérablement ralenti. Nous en avons parlé aux responsables fédéraux y compris à notre nouveau ministre de l’immigration, Ahmed Hussen, lui-même arrivé au Canada comme réfugié. Nous savons aussi que le Québec a un arrérage important de dossiers. A la mi-janvier, le directeur d’Hay Doun nous faisait toutefois remarquer : « Vous êtes chanceux. Vos protégés ont un dossier en cours de traitement. Les délais seront longs mais votre famille finira par arriver au Canada. Pour d’autres, la situation est bien pire ».

En cette fin de janvier 2017, le Québec a fermé temporairement toute nouvelle demande de parrainage. Hay Doun qui est l’une des nombreuses organisations qui aident les familles à faire venir les leurs au Canada connaît des centaines de familles québécoises qui seront pour longtemps incapables d’aider les leurs à fuir la guerre. Il nous faut admettre que notre impatience se compare mal à leur situation !

A compter de maintenant, nous concentrons nos efforts à soutenir moralement la famille Apkarian  et de toutes les manières – par mail, par skype. Ils ne sont pas seuls dans l’attente, nous sommes avec eux. Nous allons aussi continuer à lever des fonds et à faire pression pour que nos gouvernements gardent les portes du Canada ouvertes au plus grand nombre de demandeurs d’asile. Nous continuerons aussi à encourager les gens de Sutton à maintenir la solidarité, la générosité et  l’esprit communautaire qui soutiennent et permettent notre action.

Voici nos projets pour les prochains mois. En mars, nous espérons recevoir « à la cabane à sucre » ici même à Grace Church. Pour mai nous planifions une autre vente villageoise, la première ayant été un franc succès. En juillet, nous pensons organiser un encan d’oeuvres d’artistes et d’artisans de la région. Et peut-être pourrons-nous convaincre Random Chance de nous faire  encore danser, cette fois-là en plein été ? Novembre sera l’occasion d’un troisième grand diner communautaire qui mettra chaleur et lumière dans ce mois d’automne.

Mais vous vous demandez : pourquoi faisons-nous tout cela ? Voici quelques témoignages de nos bénévoles (en français et en anglais):

 

Tirés du lit par des bombes, renvoyés de chez-soi par des soldats, forcés de quitter le chez-soi qu’ils ont toujours connu pour sauver leur peau: voilà trois réalités pour la famille Apkarian. Si mes efforts peuvent faciliter, aussi peu soit-il, leur transition vers un nouvel avenir, vers un avenir d’espoir, il faut que je le fasse. Nous vous attendons à bras ouverts comme je voudrais bien croire qu’on m’attendrait avec ma famille si une jour ce cauchemar nous arrivait. La famille c’est le début de tout!

Édith Dandenault

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As a human being, there is no greater satisfaction then helping a person in dire need, and victims of war, who have lived through the worst, need it the most. This is why I am a part of this, simple actions to make a small positive impact and to bring a glimmer of hope in our lives. 

Rafi Allaouirdian

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We often feel helpless and hopeless when we witness the suffering of others. As I watched the news unfolding around the situation in Syria, I wished to have a healing role in some small way. It is a privilege to prepare to welcome you, the Apkarians, to our family and our community. We wait for you with open arms.

Phyllis Palov

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My heart breaks for the people of Syria and all others who find themselves driven from their homes and forced to endure difficulties beyond comprehension. I joined Action Refugee Sutton because I need to help in some way. 

For me, the work of our group is best described in this quote by Margaret Mead. « Never underestimate the power of a small group of committed people to change the world. In fact, it is the only thing that ever has.”

Rosanne Cohen

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I love this project because it feels good in my heart to join in a community effort to help people who have been displaced by violence and destruction. As we live in a place of peace, beauty and plenty, we look for ways in which we can share our good fortune with others and we are blessed to have an opportunity to help the Apkarian family. It gives me joy to do this! 

Lu Emanuel

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Dear Apkarian family,

I look forward to meeting you.  I can’t imagine how difficult it must be for you to lose your home and security.  My heart and prayers are with you. I eagerly await your arrival, hopefully it will not be much longer.

Sincerely,

Heidi Schweizer