L’artiste Pierre Auger
Un texte de Olivia Enns
Paru dans le numéro Printemps/Spring 2020
Publié le : 24 février 2020
Dernière mise à jour : 3 novembre 2020
En tant qu’artiste, il est souvent difficile, voire impossible, d’avoir le courage de repousser ses propres limites et de basculer dans d’autres domaines. De toute évidence, Pierre Auger a réussi à maîtriser ces enjeux. Pierre exerce depuis ces 40 dernières années d’abord comme graveur, puis comme dessinateur professionnel. Pierre aime agencer des détails inédits : ainsi,…
En tant qu’artiste, il est souvent difficile, voire impossible, d’avoir le courage de repousser ses propres limites et de basculer dans d’autres domaines. De toute évidence, Pierre Auger a réussi à maîtriser ces enjeux.
Pierre exerce depuis ces 40 dernières années d’abord comme graveur, puis comme dessinateur professionnel. Pierre aime agencer des détails inédits : ainsi, il dessine souvent des pieds et des mains entremêlés. Il a le don d’inviter la personne qui regarde son œuvre à porter une plus grande attention au travail, au sujet, à la forme qui n’est pas révélée d’emblée.
Au fil des ans, Pierre est passé du modèle vivant à ses dernières réalisations : des images gigantesques composées d’un nombre incalculable de formes minuscules. On y retrouve des cloisons qui s’agrippent les unes aux autres et composent une image qui prend forme avec le temps. « Il faut aller de l’avant pour ne pas tourner en rond », affirme-t-il. Certes, ce n’est guère facile, mais Pierre a surmonté les obstacles.
Audacieux, Pierre aime relever plusieurs défis. Il travaille de grandes formes. Ainsi, un dessin intitulé « La guerre des punks contre les straights » mesure 28 pieds de long à l’horizontale. Armé d’un simple crayon à mine, Pierre trace ses cloisons de manière méticuleuse, le geste étant fluide et spontané. « Les gens doivent se questionner en explorant l’identité de mon sujet. Est-ce qu’on y décerne une bibitte ? Un jardin ? Ou une maison ? L’interprétation est laissée à l’interlocuteur », affirme-t-il.
Un peu hypnotisant, le style de Pierre s’est aiguisé au fil du temps. « Ces jours-ci, tout le monde peut identifier une œuvre signée Auger », déclare le dessinateur. Dans un petit atelier à Sutton Junction, les dessins de Pierre s’étalent sur plusieurs tables et chaises. En somme, ses dessins sont partout. Il est fascinant d’observer l’évolution de son style. Pierre ne craint pas d’expérimenter avec divers médiums pour saisir et soutenir l’intérêt. Il passe du crayon à mine au crayon feutre et de la gouache au fusain. Le but, c’est de nous faire apprécier un univers riche en textures et un imaginaire hallucinant.
Sa maison, qui fait également office de studio, est nichée dans un paysage rural et paisible. « Des fois, j’ai l’impression d’habiter l’Abbaye Saint-Benoît-du-Lac », dit-il à la blague, faisant allusion au peu de distractions qui l’entoure. Cet environnement déconnecté et son grand pouvoir de concentration lui permettent de travailler et de retravailler des formes qui nécessitent une opération de décodage.
Un écho japonais habite toutes ses œuvres. Des voyages à Kyoto et à Tokyo ont fortement modelé l’artiste. « L’influence japonaise me tient fort à cœur », affirme-t-il. « C’est tout un autre monde. La taille des routes, les portions des repas, la figure japonaise traditionnelle. Tout est petit, surtout en comparaison avec le monde occidental. Il faut applaudir l’intelligence de ce peuple, » renchérit cet homme qui aime surprendre pour changer le regard.
Pierre Auger expose en solo à la galerie Arts Sutton du 30 avril au 31 mai. Un vernissage aura lieu le 3 mai. Intitulée « Filigrane », l’exposition saura sans nul doute susciter un intérêt varié. Quelques-unes de ses œuvres sont également en vente à Le Local Design sur la Principale à Sutton. Pour de plus amples informations, veuillez communiquer avec Sanders Pinault au (450) 538-2563 ou consultez artsutton.com.