Ennui et destruction chez le chien

Un texte de Thierry Jutras-Aswad

Paru dans le numéro

Publié le : 17 juin 2021

Dernière mise à jour : 2 septembre 2021

 

Les nombreux comportements de destruction chez le chien sont souvent symptômes d’un même état : l’ennui.

chien
Un chien qui s’ennuie peut faire bien des dégâts.

Avec le printemps qui arrive, votre chien semble vouloir fonder une entreprise d’excavation et se pratique en creusant de nombreux trous dans vos jardins ? Vous faites du télétravail et ce dernier gruge votre mobilier ou vole vos chaussures ? Ces comportements, bien différents, sont souvent symptômes d’un même état : l’ennui. Avant de rentrer dans le vif du sujet, il faut également considérer le cas des races géantes telles que le St-Bernard, le Terre-Neuve ou le Malamute. Ces chiens ont tendance à surchauffer en été et adorent se coucher sur la céramique ou creuser un trou pour s’y coucher au frais. Lorsqu’il fait chaud, pensez à leur offrir un endroit frais pour se reposer.

Le chien, bête de travail

Depuis plus de quinze mille ans, le chien a rendu bien des services à l’être humain. Ce dernier a sélectionné des candidats démontrant de l’ardeur au travail, de la vigilance pour guider ou protéger des troupeaux, pour garder des propriétés ou des ressources. Or, dans son histoire moderne, l’humain fournit foyer, nourriture, soins et affection en oubliant pourtant un élément essentiel : le travail. Le chien a une grande capacité d’apprentissage. La sous-utilisation de son intelligence et de ses patrons moteurs de comportement tels que la séquence de prédation utilisée chez le chien rassembleur de troupeaux, le rapport chez le chien de chasse ou la prédation de rongeurs chez les terriers peut vous mener directement au développement de comportements de destruction indésirables. Voici donc quelques pistes de solutions pour diminuer le plus possible ces comportements.

Les comportements inhérents à la race

Il est impératif de permettre au chien de reproduire les comportements inhérents à la race. En laissant son chien renifler, trotter, courir librement ou déterrer des trésors cachés, il exprimera les comportements qui sont dans son éthogramme (ensemble des comportements d’une espèce).

Vous avez un chien rapporteur tel qu’un Golden Retriever et n’êtes pas chasseur ; vous pourriez faire des entraînements de rapport structuré en plaine ou à l’eau. Ce faisant, votre chien sera plus équilibré. De plus, vous lui apprendrez plusieurs concepts et travaillerez sa mémoire.

Vous partagez votre vie avec un berger australien et ne vivez pas sur une ferme ? Faites-le travailler mentalement en lui apprenant le nom de tous ses jouets et suivre des cours d’agilité. Je mettrais également beaucoup d’emphase sur les exercices d’autocontrôle en milieu de haute distraction. Pensez à des enfants à vélo, un chat qui court ou un joggeur.

L’odorat du chien

Le chien a un odorat extrêmement puissant. L’activité olfactive lui permet de s’occuper mentalement. J’aime bien nourrir un chien en faisant en sorte qu’il utilise son odorat. Pour ce faire, vous pouvez lancer sa ration du déjeuner au sol, sur la pelouse. Votre ami canin devra ainsi utiliser son odorat pour trouver sa nourriture, comme un chien de village ferait. Lorsque votre chien renifle au sol, il collecte des milliers de données que son cerveau analyse. Après avoir mangé ainsi, il sera apaisé.

L’importance de mâchouiller

L’activité masticatoire est essentielle au bien-être du chien. En mâchouillant et en arrachant de la chair sur un os, son cerveau sécrète de la sérotonine, un neurotransmetteur qui l’apaise. Tous les jours, votre animal doit avoir accès à des os, à moelle ou synthétiques, ou des jouets de mastication.

Originalement, l’activité de destruction fut peut-être causée par l’ennui ou le stress. Dans certains cas, la destruction devient un comportement ritualisé et n’est plus nécessairement liée au facteur de déclenchement primaire. Il peut être alors utile de consulter un éducateur canin qui vous aidera à décortiquer le rituel et à le modifier pour éliminer le comportement indésirable.

Thierry Jutras-Aswad, éucateur canin