Lire ensemble
Un texte de Denis Lord
Paru dans le numéro Printemps/Spring 2023
Publié le : 15 février 2023
Dernière mise à jour : 20 février 2023
Il est dans le mandat des bibliothèques de favoriser l’émergence de clubs de lecture. Par contre, ces groupes peuvent très bien exister de manière autonome.
Plaisir réputé solitaire, la lecture peut pourtant se partager dans le bonheur. Bienvenue dans l’univers des clubs-échangistes – de lecture.
« Les suggestions de lecture nous amènent vers des livres qu’on n’aurait pas choisis nous-mêmes, témoigne Marielle Fournier, animatrice du club de lecture francophone de la Bibliothèque Sutton Library. Je ne suis pas une lectrice de romans policiers, mais si quelqu’un m’en suggère un, je vais probablement le lire. Et ça nous fait voir un livre de façon différente. Certains vont beaucoup aimer un livre, d’autres non. Pourquoi ? Moi, ça m’a amené à relire un titre avec un autre angle. »
Hélène Laporte, du club anglophone de la même institution, tient des propos analogues, ajoutant qu’il est intéressant de constater les perceptions différentes que chacun peut avoir à propos d’un même personnage.
Le roman à l’honneur
À Sutton, en plus des clubs mentionnés plus haut, il en existe un autre associé à la Bibliothèque scolaire et municipale et au moins deux autres clubs privés, l’un anglo, l’autre franco.
Au cercle de lecture animé par Marielle Fournier, les titres à lire sont déterminés par vote. En 2023, le roman (Annie Ernaux, Annie Lulu, Amélie Nothomb) tiendra le haut du pavé, mais les nouvelles (Jean-François Beauchemin, Bernhard Schlick) et la poésie (Camille Readman Prud’homme) seront aussi à l’ordre du jour.
Côté anglophone, Hélène Laporte affirme que son groupe ne lit ni polars ni titres tirés de la liste des meilleurs vendeurs du New York Times. « On lit des mémoires, des œuvres littéraires soutenues, dit-elle. On essaie de lire des auteurs de différents pays. » Mme Laporte cite Isabelle Allende et Éric Dupont.
Profil féminin
Les deux cercles comptent chacun une dizaine de membres, toutes des femmes à la retraite, sinon un mâle, peut-être isolé là pour son plus grand bonheur. Chez les francophones, on accepte encore des membres, mais dans l’autre cercle, on considère avoir atteint une limite confortable.
« On se rencontre aux cinq semaines à la bibliothèque, explique Marielle Fournier, à propos du modus operandi. Il y a toujours un participant qui présente l’auteur, le livre . Ensuite, on discute de ce qu’on a aimé, de ce qu’on a remarqué, le style, les références, etc. C’est un super groupe de lecture. […] Jusqu’à maintenant, ce n’est jamais arrivé que quelqu’un n’ait pas lu son livre. »
Des trousses de cinq livres
Les gens de son groupe préfèrent acheter ou emprunter leur propre copie. La Bibliothèque Sutton Library dispose habituellement d’un exemplaire. Mais la Bibliothèque scolaire et municipale, elle, est membre du réseau des bibliothèques du Québec, par le biais duquel il est possible d’emprunter plusieurs exemplaires d’un livre qu’on ne trouve pas à la succursale locale.
Au moment d’écrire ces lignes, les responsables des bibliothèques municipales de la région n’étaient pas disponibles pour préciser l’existence, ou non, d’un cercle de lecture chez eux. On peut cependant dire que c’est dans le mandat de ces institutions de favoriser l’émergence de tels groupes qui, par ailleurs, peuvent très bien exister de manière autonome.
La Bibliothèque de Bromont propose un intéressant concept avec son club de lecture pour emporter. Des trousses comprennent cinq exemplaires d’un même livre, ainsi qu’une biographie de l’auteur et une liste de questions à poser sur son œuvre. Au corpus : des auteurs de la région comme David Goudreault, Marie Laberge, Louise Penny, etc.
Denis Lord