Un Compostelle québécois

Un texte de Geneviève Hébert

Paru dans le numéro

Publié le : 26 novembre 2018

Dernière mise à jour : 1 novembre 2020

 

On pourrait définir la marche pèlerine comme une marche de longue durée qui traverse des milieux habités. Compostelle est certainement la plus connue des Québécois, même si elle parcourt la France et l’Espagne. En revanche, peu d’entre nous savent qu’il existe plus de 21 circuits de marche pèlerine au Québec et que ce chiffre ne…

Le Compostelle québécoisOn pourrait définir la marche pèlerine comme une marche de longue durée qui traverse des milieux habités. Compostelle est certainement la plus connue des Québécois, même si elle parcourt la France et l’Espagne. En revanche, peu d’entre nous savent qu’il existe plus de 21 circuits de marche pèlerine au Québec et que ce chiffre ne cesse d’augmenter. Depuis cet été, un nouveau circuit nommé Monts et Vignobles de l’Estrie de l’association Le Compostelle québécois, s’ajoute à la liste.

Depuis 10 ans déjà, Le Compostelle québécois organise quelques marches par année, entre les mois de mai et octobre. Les deux circuits qui l’ont fait connaître sont « De Beauvoir à Beaupré » et « Le tour de l’île d’Orléans. » Ces marches durent de 7 à 15 jours et les marcheurs avalent en moyenne 22 kilomètres par jour, beau temps, mauvais temps. Bien qu’il y en ait de tous les âges, la grande majorité des marcheurs sont des retraités.

Le Compostelle québécois est d’ailleurs le projet de retraite de Doris Lajoie qui a cofondé l’entreprise avec Jean-Marc Donahue de Sherbrooke. Lui-même marcheur, Doris avait été particulièrement charmé par la camaraderie qu’il trouvait le soir dans les gîtes après une journée à marcher en solo. Car même si plusieurs effectuent le même parcours, chacun y va à son rythme.

Habituellement, qui dit pèlerinage, dit religion, mais il n’en est pas question ici. Les raisons de marcher sont multiples : pour l’exercice, les paysages, l’introspection, l’entraide, le plaisir, le ressourcement, la guérison… Comme le dit si bien Doris, « à chacun son chemin ».

Dans les circuits de Doris, le côté pèlerin du voyage est renforcé par la modestie du gîte. La quinzaine de marcheurs dorment plus souvent dans des salles communautaires que dans des chambres individuelles. Les douches sont parfois même absentes. Lors de leur passage à Sutton en septembre dernier, la quinzaine de marcheurs étaient hébergés à la Villa Châteauneuf. Avec ses chambres et ses douches, la Villa faisait office de gîte luxueux. Claude, un marcheur de 73 ans, m’a avoué que son plus grand défi avait été de s’habituer aux bruits nocturnes. Pour cette raison, les bouchons font partie du matériel que Doris conseille d’apporter.

Le Compostelle québécois

Marie-Andrée et Claire de Maskinongé apprécient le silence et la beauté des champs de maïs d’Adamsville.

Aussi, au retour des marches, il y a ce que Doris appelle la « routine du pèlerin » : lavage des vêtements, repos, douche, repas communautaire. Il faut ici spécifier que les marcheurs portent dans leur sac à dos leur eau et leurs vivres pour la journée, ainsi que leurs vêtements pour l’entièreté du voyage. Doris, lui, transporte en auto les sacs de couchage et les matelas de sol entre les gîtes, ainsi que la nourriture pour les repas du matin et du soir, inclus dans le forfait. Doris est d’ailleurs toujours la dernière personne à partir le matin et la première arrivée l’après-midi. On sent qu’il prend son rôle de « sherpa » à cœur. Éliette, marcheuse de 59 ans de Granby qui en était à sa 5e marche avec l’organisation, le confirme : « de toutes les marches pèlerines que j’ai faites, je peux vous dire que Doris est le guide qui chouchoute le plus ses marcheurs. »

En ce qui concerne les repas, on sent le petit côté épicurien de l’organisateur lorsqu’il parle de ses pâtes à la grecque, ses salades, ses fraises arrosées de sirop d’érable. « Les repas doivent être simples puisque parfois, nous n’avons même pas accès à une cuisine, » souligne-t-il. Pauline, une pélerine de 73 ans de Québec, précise que Doris adapte également le menu aux spécificités culinaires de ses marcheurs. Par contre, elle s’empresse d’ajouter : « dans les marches de Doris, on ne perd pas de poids. »

De toute façon, ça ne fait aucune différence pour les marcheurs apparemment puisque les circuits du Compostelle québécois affichent complet année après année. « Il y a beaucoup de récidivistes, » ajoute Doris. Des 3 marcheurs que j’ai rencontrés, un seul faisait l’expérience de la marche pèlerine pour la première fois. Les deux autres qui faisaient ce nouveau circuit ont beaucoup aimé les paysages, l’architecture loyaliste et les cimetières privés de cette boucle de 8 jours au bon dénivelé.

Maintenant, si vous êtes tentés de faire l’expérience de la marche pèlerine, un des sites les plus populaires au Québec est marcherautrement.com. Pour Le Compostelle québécois, le site sites.google.com/site/lecompostellequebecois n’était pas à jour au moment de l’impression, mais vous y trouverez quand même des informations pertinentes et vous pouvez contacter Doris directement à dorislelajoie@hotmail.com.