Été / Summer 2022

Éditorial de Geneviève Hébert

LA TOMBÉE DES MASQUES

Le retour de la belle saison et l’abandon du port du masque dans la plupart des milieux vous ont-ils donné l’impression d’un « retour à la normale » ? Avec la guerre en Ukraine qui se poursuit, le recul des droits des femmes en Afghanistan et chez nos voisins du Sud et la crise climatique dont on subit déjà les conséquences, je vous avoue que je n’arrive pas à m’en réjouir tout à fait.
L’œuvre de Christiane Roy en couverture nous rappelle que la pandémie a bel et bien changé nos paysages, au propre comme au figuré. La quantité astronomique de masques jetables (3 millions utilisés chaque minute dans le monde selon National Geographic) s’est nécessairement transformée en une quantité tout aussi grande de déchets. Et comme on estime qu’entre 1 à 10 % des masques se retrouveront dans la nature, la dégradation de leurs microparticules de plastique entraînera nécessairement une plus grande pollution de l’environnement.
Sombre comme constat ? Tant que nous fermerons les yeux sur le côté sombre de la réalité, nous contribuerons à l’assombrir. Comme dirait Carl Jung, « Ce n’est pas en regardant la lumière qu’on devient lumineux, mais en plongeant dans son obscurité. Mais ce travail est souvent désagréable, donc impopulaire. »
Pourtant, ce travail ardu a déjà été entamé par plusieurs personnes inspirantes, souvent de façon discrète. Dans cette édition, il est question de gestes concrets posés par des concitoyens afin d’améliorer le sort des réfugiés ukrainiens, de protéger la nature qui nous entoure, de multiplier les initiatives zéro déchet à travers l’offre alimentaire régionale et même culturelle. Ce sont des gens qui, en reconnaissant le côté sombre de la réalité, arrivent à y apporter un peu de lumière.
On dit des crises qu’elles sont souvent des « accélérateurs de tendance. » Depuis quelques années, on nous répète souvent que si on maintient notre rythme de croisière en matière de développement et de consommation, on fonce à grande vitesse dans un mur. Espérons que les nombreuses mises à l’arrêt pendant la pandémie nous auront aidés à prendre conscience de cette accélération et de corriger la tendance avant de remettre le pied sur l’accélérateur.
Sur ce, bonne lecture !

AS MASKS COME OFF

Are you uplifted by the return to normality as warm weather returns and our masks come off? With the war in Ukraine, women’s rights battered in Afghanistan and likely also in the United States, the evident consequences of climatic changes, I have to admit, I find it hard to rejoice.
Christiane Roy’s art on the cover also reminds us that the pandemic has permanently changed our environment, literally and figuratively. The astronomical number of disposable masks (3 million used every minute during the pandemic says the National Geographic (NG)), has evidently translated into an enormous quantity of garbage. NG estimates that 1 to 10% of these masks will have inevitably ended up in nature, their millions of microplastics contributing to more pollution in our environment.
What a dark editorial! Well, by ignoring the dark side of reality, we directly contribute to its darkness. Carl Jung once said: “One does not become enlightened by imagining figures of light, but by making the darkness conscious. The latter procedure, however, is disagreeable and therefore not popular.”
Although unpopular, there are inspirational citizens in our area who have already taken action, often without drawing much attention to themselves. In this edition, we bring to your attention some concrete steps some fellow citizens have taken to make this world a better place by providing for Ukrainian refugees, protecting nature and multiplying zero waste options in the food and cultural offer. These people, by acknowledging the dark side of reality, are bringing more light into our lives.
We often talk of major crisis as trend accelerators. In the last few years, it has been repeated that we are heading straight into the wall if we keep up with our urban development and consuming habits. Well, let’s hope that the pandemic, by bringing us to a full stop more than once, has had us reflecting on the current trend and deciding on a different direction before putting the foot back on the pedal.
Let there be light!

Couverture : Christiane Roy, Dommage collatéral, gravure au burin sur plaque de cuivre, image de 17 x 22,5 cm, 2022. Photo : Suzanne Lemay