John Glendinning, joaillier du bois

Un texte de Geneviève Hébert

Paru dans le numéro

Publié le : 2 décembre 2019

Dernière mise à jour : 3 novembre 2020

 

Après des années passées dans l’Ouest canadien, John Glendinning et sa conjointe ont décidé de revenir dans l’Est pour reconnecter avec famille et amis. Planchistes aguerris et grands amateurs de vélo de montagne, leur amour de la nature et des grands espaces les ont fait atterrir sur 4 acres de forêt avec vue sur le…

Après des années passées dans l’Ouest canadien, John Glendinning et sa conjointe ont décidé de revenir dans l’Est pour reconnecter avec famille et amis. Planchistes aguerris et grands amateurs de vélo de montagne, leur amour de la nature et des grands espaces les ont fait atterrir sur 4 acres de forêt avec vue sur le mont Écho en 2007. Ils y ont bâti le grand atelier de John et leurs quartiers attenants. Sa conjointe, qui oeuvre dans le réseau de la santé, y demeure à temps plein. John, lui, garde encore une attache en ville où il est technicien dans le département des arts plastiques à Dawson College depuis environ 10 ans.

John Glendinning

Oeuvre de la série Spool

John, qui est originaire de Kitchener en Ontario, a étudié au School of Crafts and Design du Sheridan College en Ontario avec le designer et ébéniste reconnu Don McKinley. « J’ai terminé mes études l’année où il a pris sa retraite. C’était un homme curieux, intelligent et inspirant. Il m’a appris tout ce à quoi un bon designer doit penser lorsqu’il crée. Il m’a appris à voir au-delà du design, comment s’assemblent les choses… »

Son grand-père était menuisier de formation, mais directeur d’un salon funéraire de métier. Il possédait une immense collection d’antiquités incluant des outils et des magazines. Jeune, John essayait déjà de comprendre comment un outil servait bien son usage. John aime contempler une idée et la faire mûrir. Il aime créer des prototypes et les améliorer. Quand il arrive à parfaire son design, il exulte. Puis, il prend un malin plaisir à consolider son idée dans son atelier et à varier les versions sur un même thème.

John Glendinning se passionne évidemment pour le bois. Mais il n’est pas de ceux qui ne jurent que par le bois massif. S’il est plus judicieux pour des raisons économiques, pratiques ou écologiques d’utiliser du placage que du bois, ou encore un contreplaqué, il n’hésite pas. Au-delà du bois local, il privilégie celui récolté sur sa propriété. Ainsi, il arpente régulièrement sa propriété avec son chien pour y récolter du bois, le scier et le faire sécher lui-même. Il y a notamment trouvé du cerisier, du frêne et de l’érable. Certaines planches de ce dernier sont joliment rehaussées de fines lignes noires. « C’est de l’érable coti. Pour obtenir cet effet, la dégradation de l’arbre doit être à peine entamée, » m’explique-t-il.

Les dessins ainsi obtenus rendent unique chaque retaille dont il fait d’ailleurs, un magnifique placage. De son propre aveu, John a de la difficulté à se départir du moindre morceau de bois. Il voit de la valeur dans chaque rognure. Ce qui, selon lui, peut devenir problématique, car il passe beaucoup de temps à organiser son espace. Dire que John a un grand souci du détail est un euphémisme. Son atelier est impeccablement rangé ; loin de l’accumulateur compulsif, on dirait plutôt un joaillier du bois. Les précieuses retailles de bois deviennent en effet, des bracelets, des poignées, des flèches, etc.

John Glendinning

Pièce de la série Shift

Cette attention au détail dans le design, mais aussi dans la finition, tresse le fil conducteur qui relie les différentes pièces de John. Meubles, revêtements muraux, objets décoratifs ou utilitaires, on est séduit par ses assemblages organiques de précision, notamment dans la série Cluster, Shift et Duckfoot. La texture de ses finis dans ses séries Shift, Spool et Pixel. Le contraste des couleurs vibrantes avec le bois, qui revient dans nombre de ses pièces. Chaque pièce est singulière. Pas étonnant que ses designs et ses oeuvres se soient retrouvées dans de nombreuses galeries au Canada, aux États-Unis, en Europe et en Asie, ainsi que dans les collections gouvernementales et de la Ville de Montréal. Et qu’il ait été élu par ses pairs pour faire partie du Royal Canadian Academy of Arts (d’où les lettres RCA à côté de son nom).

Récemment, John a eu des offres d’emploi en Europe et en Chine. Mais partir à l’autre bout de la planète ne l’emballe pas pour le moment. Il aimerait davantage se faire connaître dans la région. Comme il participera au Tour des Arts l’an prochain, ça devrait arriver. Mais sachez qu’il accepte les projets qui l’allument et qui le font travailler, ici, à Sutton, dans son atelier.