La foi en prison

Un texte de Gabrielle Charbonneau

Paru dans le numéro

Publié le : 13 novembre 2016

Dernière mise à jour : 31 octobre 2020

 

Aussitôt que nous entrons en contact avec le révérend Tim Smart, pasteur à l’église anglicane de Sutton, nous savons, par son sourire sincère, que nous sommes les bienvenus et que, peu importe notre requête, nous serons entendus. Bien que cet homme de foi fasse partie intégrante de la communauté de Sutton depuis plus de 25…

Rev. Tim Smart

Aussitôt que nous entrons en contact avec le révérend Tim Smart, pasteur à l’église anglicane de Sutton, nous savons, par son sourire sincère, que nous sommes les bienvenus et que, peu importe notre requête, nous serons entendus.

Bien que cet homme de foi fasse partie intégrante de la communauté de Sutton depuis plus de 25 ans, il a également habité Montréal où il accompagnait notamment des patients de l’hôpital Royal Victoria et leurs proches parents. Il leur prêtait son oreille attentive et par ses mots, leur offrait un baume réconfortant. C’est par un heureux hasard de la vie, pour nous comme pour lui, que révérend Tim Smart s’est retrouvé ici, dans notre belle région montagneuse où il continue de répandre ses bons mots et son écoute bienveillante.

N’étant pas une croyante pratiquante, je n’avais jamais eu l’occasion de mettre les pieds à l’église anglicane de Sutton. Encore une fois, parce que la vie fait bien les choses, je suis tombée sur un article originalement écrit par le révérend Smart lui-même, dans le magazine « Reflet de société » que j’affectionne tout particulièrement. Ce magazine offre aux jeunes délinquants un endroit pour s’exprimer. L’article en question parlait du travail des hommes de foi en prison.

Tim a donc commencé à aiguiser son sens de l’écoute dans les hôpitaux, mais il rend maintenant visite aux prisonniers du pénitencier de Cowansville qui en font la demande depuis la fin de 2009, à raison de deux jours par semaine. Une journée, il passe du temps avec eux un à un dans la chapelle et l’autre, il accompagne des bénévoles dans la création de groupes de discussion, d’échanges d’idées et d’opinions. Certes, le monde du pénitencier en est un que nous ne côtoyons que très rarement (voire jamais) et il a fallu un certain temps au révérend Smart pour s’accoutumer à l’ambiance, mais il a fini par y trouver sa place. Ce qui l’a aidé ? Il a découvert que, comme n’importe qui, ces hommes ont besoin d’écoute, de réconfort et surtout d’outils pour se percevoir tels que des hommes et non des criminels. Cela dit, il est certain que la mission de Tim est d’essayer de leur redonner confiance, mais bien sûr, la motivation doit venir de leur for intérieur. Il leur permet donc d’être en contact avec des gens de l’extérieur qui ont choisi d’être là non pas pour les évaluer, mais pour les aider dans leur cheminement personnel en les sortant notamment de leur routine de vie très répétitive et de plus en plus monotone. Car Tim Smart a été témoin de l’effet des coupes budgétaires dans les prisons et pour lui, il est absolument inadmissible qu’on leur retire des services qui peuvent les aider à se réhabiliter. Punir quelqu’un pour un geste sans lui offrir de nouveaux outils n’aide personne.

Nous pouvons être très fiers d’avoir un homme aussi généreux et près des gens dans notre communauté. En lui parlant, j’ai pu voir que même si la foi et les mots de la bible guident son chemin à lui, il respecte la vision de chacun et trouve même important que chaque être trouve sa vérité et son bonheur, et ce, dans le respect des uns et des autres. Un exemple à suivre.