Automne/Fall 2014

Éditorial de Denis Boulanger

Trouver le mode vacuité

Quand une personne parle de ses vacances, elle mentionne souvent les activités qu’elle a pratiquées ou la destination qu’elle a visitée. Mais, elle pourrait aussi exposer comment et où elle a généré, en vacances, de la vacuité pour se libérer. Vacuité de routine, de responsabilités, de tâches journalières… S’alléger de ce qui pèse pour profiter allègrement de ses journées, de ses activités, de sa destination.

Quand on génère un vacuum, ce qui est à proximité tend à le remplir, comme pour l’intérieur d’un aspirateur. Un ordinateur portable, un cellulaire, la télévision peuvent devenir des objets perturbateurs par où passe la réalité des autres pour remplir la vacuité que l’on voulait conserver pour ses aspirations personnelles. Bien sûr, d’aucuns accepteront de posséder un verre à moitié… vide pour combler le reste à son aise. Si la vacuité se trouve partout, à divers degrés, en alternance d’état de vide ou de plein, il n’y a pas de guide qui explique comment créer un vide essentiel et sur l’art de bien le remplacer par la suite. Qu’il s’agisse du verre ou de la bouteille, du réservoir à essence ou du réfrigérateur, du travail ou du temps libre… des états de vide et de plein se succèdent. Est-il suffisant de comprendre les nuances de la vacuité pour en générer dans sa vie chaque jour? Par quoi remplacer adéquatement la vacuité quand on la trouve? Cela exige une réflexion personnelle sur ses
préférences et besoins.

Cet automne, la vacuité pourrait se traduire par une nature qui se vide de ses tons de vert pour combler les paysages de couleurs riches et vives. Les jardins, les vignes et les vergers se feront purger de leurs récoltes pour remplir les paniers des meilleurs aliments que la région peut offrir. Les ateliers d’artisans et d’artistes se dépouilleront de leurs productions pour remplir de gaieté vos espaces qui en exigent. Le bruit des pas des
randonneurs sur les feuilles mortes et celui des chaines qui passent dans les dérailleurs seront remplacés par des notes de Jazz, de Blues…

En terme absolu, la vacuité n’existe pas dans la région. Cependant, on la découvre sous forme d’état, en roulement entre le besoin de faire le vide et de combler sa plénitude.

Ce numéro du journal Le Tour a proposé l’exercice à ses collaboratrices et collaborateurs, chacun dans son domaine respectif, afin d’évoquer chez la lectrice et le lecteur une évaluation de ses plus précieux besoins de vacuité.

Bonne lecture!


In search of vacuity

When someone talks about their vacation, they often mention the activities they enjoyed or the destination that they visited. But they could also explain how and where they generated some vacuity to liberate themselves during their vacation. Vacuity from routine, responsibilities, daily chores… to lift the burden that weighs them down so that they can merrily enjoy the time away, the activities and the destination.

When we generate a vacuum, all that is in proximity has a tendency to fill it, like a vacuum cleaner does. A portable computer, a cellular phone, or a television may become disruptions bringing the reality of others to fill the vacuity we would have loved to conserve for our personal aspirations. Of course, some would happily
accept a glass that is half empty… to fill the rest up as they please.

If vacuity can be found everywhere and to varying degrees between emptiness and fullness, there is no guide that explains how to create essential vacuity or how to replace it properly thereafter. Be it a question of a glass or a bottle, a tank of gas or a refrigerator, of work or play… the varying states of emptiness and fullness succeed one another. Is it enough to understand the nuances of vacuity to generate some in one’s life each day? What should replace vacuity when one finds it? The answer requires a personal reflexion about one’s preferences and needs.

This Fall, vacuity may manifest itself in nature as the shades of green fall away, filling the landscapes with rich and vivid colours. Gardens, vines
and orchards will give their bounty to fill baskets with the best produce the region has to offer. Artists’ and artisans’ studios will be dispossessed
of their production to bring cheer to the spaces that need it. The sound of hikers crunching through the leaves and the sound of chains running
through derailleurs will be replaced by notes of Jazz and Blues…

In absolute terms, vacuity doesn’t exist in our region. However it can be found in the ever-shifting need to empty one’s soul and fill it with plenitude.

This issue of Le Tour proposed an exercise to its contributors in their respective domains, in the hope that their reflexions could encourage the
reader to evaluate his or her most precious need for vacuity.

Happy reading!