Été/Summer 2019

Éditorial de Geneviève Hébert

Ad nauseam

L’oeuvre de Karina Jacobsen en couverture était tout indiquée pour entamer la belle saison. Car la chaleur, ça donne soif ! Quoi de mieux que des bouteilles de plastique ad nauseam pour nous rappeler l’importance de traîner notre gourde d’eau et d’utiliser cette ressource essentielle avec respect et parcimonie ? Oui, je sais, vous êtes tannés d’entendre parler d’objets de plastique à usage unique et d’urgences climatiques. Vous aimeriez poursuivre votre petit bonhomme de chemin sans cette culpabilité qui vous tenaille devant les articles suremballés qui se retrouvent inéluctablement dans votre panier d’épicerie. Ou lorsque vous achetez vos billets d’avion avec escale pour aller vous prélasser dans le Sud. Votre charge mentale était déjà bien assez pleine avant que vous ayez le zèle de signer le Pacte de la transition, non ?

Si vous vous reconnaissez là-dedans, il est possible que vous soyez atteints du malaise de plus en plus répandu qu’on appelle l’écoanxiété. Pour certaines personnes, l’effet est tellement paralysant que leur réflexe est de se mettre la tête dans le sable en évitant ou en niant en bloc toute allusion aux changements climatiques.

Amélie Nothomb a écrit que « nommer les choses, c’est leur enlever leur danger. » Il est important de parler de ce sentiment d’impuissance et de paralysie qui peut nous envahir à tout moment. Devant l’urgence climatique, l’ampleur de la tâche peut être accablante, d’autant plus que beaucoup de gens, dont nos dirigeants, ne semblent pas toujours s’en rendre compte. Et ce n’est pas parce qu’on est bien intentionné que les changements se font moins difficilement. Il importe donc d’y aller un pas à la fois. Dans un article de La Presse intitulé Le zéro déchet, sans culpabilité, Mélissa de La Fontaine, auteur du livre Tendre vers le zéro déchet le précise d’emblée : « Le but, c’est de faire de son mieux » et « […] que ça dure dans le temps. Je préfère que les gens fassent de petits changements et que ça dure pour toujours plutôt qu’ils fassent la transition en un an, qu’ils s’écoeurent et s’arrêtent », explique-t-elle. Même si l’urgence est là, il faut quand même prendre le temps de bien faire les choses.

L’omniprésence des technologies et des médias dans nos vies peut aussi accentuer ce sentiment d’apathie et d’abattement. Comme l’été est la saison idéale pour abandonner les écrans, pour se reconnecter à la nature, profitez-en ! Que ce soit en pratiquant votre sport extérieur préféré, en allant voir des concerts extérieurs ou en jardinant tranquillement à la maison, je vous souhaite à tous de prendre une dose maximale de vitamine D, car il n’y a rien comme le plein air pour la santé mentale !


Ad nauseam

Karina Jacobsen’s art on the cover is perfect for summertime. Warm weather calls for a thirst quencher. Nothing is better than plastic water bottles ad nauseam to remind us to carry a reusable bottle at all times and to use water respectfully and sparingly.

Yes, I know, constantly hearing about single use plastic objects and climate change can be tiresome. It would be easier to keep living as usual without the guilt over the ubiquity of plastic in our lives and overwrapping in our grocery basket. Or continue to blissfully purchase cheap plane tickets to go down south. Wasn’t your mental load heavy enough before you had the zealous impulse to sign the Pact for Transition?

If this rings a bell, it is possible you may be suffering from ecoanxiety. For some, the effects are crippling to a point where their main reflex is to bury their head in the sand and refuse to hear one more thing about climate change.

I think that naming things is important and so is talking about this overwhelming and incapacitating feeling of not doing enough. Faced with climate emergency, it’s hard not to feel the magnitude of the task at hand, even more so when our policy makers don’t seem to grasp the urgency of it all.

Changing our habits is hard and good intentions don’t make it easier. But we do have to breathe through this. There is no other way than making the transition one step at a time. In a recent article in La Presse, the author of the French Quebec book on Leaning towards Zero Waste, Melissa de La Fontaine explains: “The goal is to do our best…and[…]to make it last over time. It is better if people make small lasting changes than if they make the transition over a year but can’t keep it up in the long run because it becomes too much to handle.” Yes, making the transition is urgent but we have to do things properly.

The omnipresence of media and technology in our lives can really amplify the feeling of apathy or weariness. Summer is the ideal season to turn off the screens, to go outside and reconnect with nature. Let’s make the best of it! Whether it is about practising your favourite sport, watching an outdoor concert or spending time in the garden, I hope you all fill up on vitamin D. There is nothing like a good dose of fresh air for good mental health!