De la quête identitaire à la Terre

Un texte de Denis Lord

Paru dans le numéro

Publié le : 11 août 2022

Dernière mise à jour : 11 août 2022

 

Daphnée Poirier propose avec Pourquoi je ne suis pas une Indienne un essai autobiographique se métamorphosant en plaidoyer écologique.

Directrice du Centre d’action bénévole de Sutton, Daphnée Poirier propose avec Pourquoi je ne suis pas une Indienne un essai autobiographique se métamorphosant en plaidoyer écologique.

Détentrice d’un doctorat en sociologie, Daphnée Poirier médite dans son essai au titre interpellant, spectaculaire, sinon provocateur, sur la notion d’identité d’un point de vue juridique, social et culturel.

Un arrière-grand-père la lie avec la Première Nation des Abénaquis, mais malgré, selon l’auteure, une indubitable apparence physique autochtone, cette filiation a toujours été tue, taboue et il n’y a pas eu de transmission de culture ; il faut dire qu’à cette époque, dans la société canadienne-française conformiste, ce n’était pas de mise. Sur le tard toutefois, la mère de Daphnée Poirier et son oncle maternel revendiquèrent un statut autochtone.

De l’identité côté culture

L’auteure elle-même se refuse à une telle démarche même si cette tentation semble l’interpeller de manière récurrente. Le fossé culturel, une manière de dignité peut-être, et une empathie très tangible pour les souffrances des peuples autochtones font mur à la revendication d’une identité qui ne pourrait être que factice dans le contexte. Néanmoins, la signification de l’identité autochtone et de l’autochtonie ont « toujours été en filigrane dans sa vie » et son principal objectif dans son court essai sera de réfléchir à ces notions.

Nature et autochtonéité

Dans la seconde partie de l’ouvrage, le caractère autobiographique s’estompe au profit d’une sorte d’inventaire historique des conséquences du colonialisme et d’un réquisitoire environnemental.

La réorientation du discours peut surprendre de prime abord, mais tire sa cohérence de la corrélation élaborée entre autochtonéité et nature. « L’apport des Premières Nations est précieux pour la préservation de la Grande Tortue, voire vital pour l’avenir de notre planète et de nos enfants, écrit l’auteure. […] Je crois qu’il constitue une clé de valorisation identitaire des Autochtones. » Selon l’analyse de la sociologue, la réconciliation avec la Terre et la réconciliation avec les Premières Nations sont une seule et même chose. L’ouvrage se clôt avec des données statistiques et linguistiques sur les Autochtones du Québec et une initiation aux Abénaquis et aux Métis.

Denis Lord

Daphné Poirier

Pourquoi je ne suis pas une Indienne

Écosociété, collection Parcours, 2022, 146 pages