La Maison Dunham House

Un texte de Guylaine Thériault

Paru dans le numéro

Publié le : 10 novembre 2023

Dernière mise à jour : 10 novembre 2023

 

La Maison Dunham House aide les personnes souffrant de problèmes de santé mentale et de troubles concomitants, y compris la dépendance.

Maison Dunham House

Parfois, il y a des événements qui nous mènent sur des chemins inattendus. L’an dernier, j’ai perdu ma mère, une femme incroyablement humaine et chaleureuse. Toute la parenté était présente aux funérailles sauf un cousin que j’affectionne particulièrement ; le filleul de ma mère. J’ai alors appris qu’il était devenu sans-abri à Montréal et qu’il était aux prises avec des problèmes de toxicomanie. 

Le décès de sa mère, la pandémie et une séparation s’étaient succédé pour cumuler en une dépression majeure. Incapable de subvenir à ses besoins, il avait perdu son logement. Visiblement, il n’avait pas eu le soutien dont il aurait eu besoin. 

Je me suis mise en tête que j’allais le sortir de là. Avec l’aide d’un autre cousin, je l’ai retrouvé dans un refuge du centre-ville. Je vous épargne les détails. Quelques jours plus tard, on est allés le chercher ; il n’avait avec lui qu’un sac à dos dans lequel il transportait sa vie. On l’a amené au resto, on lui a acheté des cigarettes. Et là, je l’ai regardé droit dans les yeux : « Allez, je te sors de la rue ! » Ce à quoi il a répondu « Oui, ok. » Je m’étais donnée toute une mission ! 

La mission

À mon retour à Sutton, les idées tournaient dans ma tête ! J’ai alors pensé au seul endroit que je connais pour y avoir travaillé en tant que directrice durant sept ans, le Hameau L’Oasis devenu aujourd’hui la Maison Dunham House. Un endroit magnifique, parfait pour une thérapie. À l’époque, le Hameau L’Oasis travaillait à la réinsertion socioprofessionnelle de jeunes en difficultés. En 2017, la propriété de 88 acres avec ses quatre bâtiments, sa forêt, sa mini ferme, son étang et sa rivière avait été vendue à un autre organisme qui y a fondé la Maison Dunham House. Leur mission est d’offrir des programmes de 30 jours ou 6 mois afin de réhabiliter des personnes vivant avec des problématiques reliées à la toxicomanie et à la santé mentale. 

Le programme

La première question qu’ils ont posé à mon cousin francophone lors de l’entrevue, c’est « pourquoi veux-tu venir à Dunham dans un centre de réhabilitation anglophone ? » Mon cousin leur a répondu que sa cousine habitait à côté. La Maison Dunham House pouvait lui offrir une place, mais seulement à partir de février 2023. Étant en octobre, c’était inconcevable que mon cousin passe l’hiver dans la rue. J’ai donc contacté moi-même le directeur de l’endroit que j’avais connu à l’époque du Hameau pour faire entrer mon cousin plus vite. Il y est finalement entré trois semaines plus tard. Mon cousin a donc pu intégrer le programme de six mois à la Maison Dunham House le 5 novembre. Un grand défi s’amorçait.

Tout en respect

À la Maison Dunham House, on aborde les problèmes de santé mentale et de toxicomanie de manière holistique en tenant compte de la santé physique, émotionnelle et sociale de la personne. Plusieurs activités thérapeutiques en communication, créativité et connaissance de soi sont proposées aux personnes afin de les soutenir dans leur cheminement. Les résidents peuvent aussi mettre en place des projets durant leur temps libre afin d’acquérir et de développer des aptitudes personnelles et retrouver l’estime de soi. Mon cousin, un artiste-peintre au talent magistral, a donc pu pratiquer son art durant ses temps libres. Il a fait tout le programme, il a peint et il est allé à la rencontre de lui-même. J’allais le voir tous les dimanches et ma sœur a pris la relève quand je suis partie à l’étranger pour quelques mois. À l’aide de la Maison Dunham House, ma sœur et moi nous sommes occupés de lui procurer de nouvelles lunettes, un dentier et de l’habiller de la tête au pied. Se sentant soutenu, il a pu retrouver sa dignité. 

À travers tout ce cheminement, j’ai découvert que plusieurs personnes de la communauté sont impliquées dans cet organisme local et j’aimerais les remercier pour leur excellent travail.

Guylaine Thériault

La Maison Dunham House est située sur le chemin Scottsmore à la frontière de Cowansville, West Brome et Dunham. Cet été, la Maison Dunham House s’est agrandie. Elle peut maintenant accueillir 12 résidents supplémentaires pour un total de 40. Le nouveau bâtiment comprend six chambres de 250 pieds carrés, un salon, un gym, une salle de conférence et cinq salles où les conseillers peuvent rencontrer les résidents. Cet agrandissement, au coût de deux millions de dollars, fut possible grâce à des dons privés. Si vous voulez aider les personnes souffrant de problèmes de santé mentale et de troubles concomitants, y compris la dépendance, vous pouvez contribuer en tout temps sur www.canadahelps.org.