Marie-Claude Lord, dans le vif de la nature
Un texte de Olivia Enns
Paru dans le numéro Printemps/Spring 2017
Publié le : 13 mars 2017
Dernière mise à jour : 3 novembre 2020
Au premier coup d’œil, les toiles de Marie-Claude Lord dégorgent de couleur : on décerne du rose, du jaune et du rouge vif. Mais un regard plus réfléchi nous révèle beaucoup plus chez cette artiste : une profonde appréciation de la nature et de l’environnement, une passion pour la créativité et une curiosité insatiable pour…
Au premier coup d’œil, les toiles de Marie-Claude Lord dégorgent de couleur : on décerne du rose, du jaune et du rouge vif. Mais un regard plus réfléchi nous révèle beaucoup plus chez cette artiste : une profonde appréciation de la nature et de l’environnement, une passion pour la créativité et une curiosité insatiable pour la vie.
Née à Sherbrooke, Marie-Claude s’est investie dans la protection de l’environnement dès un jeune âge. En 2005, elle emménage à Dunham pour se faire construire la toute première maison en chanvre écologique au Québec. L’amour dont elle témoigne pour la nature et le « tel quel » se traduit visiblement dans son art. On y distingue des paysages inédits ou règnent le chaos et le désordre (autrement dit, la nature !) règnent. « Je n’aime pas qu’on dérange la nature », explique Marie-Claude. « C’est pourquoi j’ai voulu à tout prix m’installer dans un endroit où la maison se fond dans le paysage. »
Souhaitant vivre en harmonie avec son environnement, Marie-Claude s’inspire des villages d’ici, dont Frelighsburg, Dunham et Sutton, pour créer. Par exemple, plusieurs des toiles faisant partie de son ancienne série touchent au milieu naturel comme « Frelighsburg, keep this area like it is » ou « Laisser libre ». Sa nouvelle série, intitulée « Holding Space », est un arrangement hautement figuratif qui s’inscrit dans un milieu bourdonnant de couleurs énergisantes. « Holding Space #21 » (8 pouces sur 8 pouces) nous situe dans un paysage où tout semble permis : le rose bonbon, le bleu de mer et le jaune citron. Quant à « Holding Space #23 » (8 pouces sur 8 pouces), on est vraiment inondé de couleurs… sans équivoque ! Les lignes verticales aux couleurs d’un jardin exotique, piquantes dont le fuchsia, le coquelicot et l’orange citrouille nous interpellent, semblant vouloir à tout prix illustrer la beauté pure de la vie.
Ce sens de l’abondance, de l’émerveillement et de la joie de vivre est relativement nouveau chez l’artiste. Avant sa découverte des couleurs, Marie-Claude peignait presque exclusivement en noir et blanc. « Le tout était assez sombre », se souvient-elle. Ces jours-ci, Marie-Claude préfère se livrer à l’abandon total, un acte qui requiert beaucoup de courage. « J’ai beaucoup écouté les gens et j’ai prêté trop d’attention aux bavardages inutiles », dit-elle. « Ma démarche artistique a donc changé. Il n’y a plus de différence entre ce que je peins et ce que je pense. » Marie-Claude a donc opté pour la simplicité et l’épurement, cherchant constamment à supprimer ce qui est inutile dans son travail. En riant, Marie-Claude incline la tête légèrement en admettant que ce ne soit guère souvent facile. Mais pourquoi, insiste-t-elle, sombrer dans le compliqué et le lourd quand on peut se concentrer sur le beau, l’immédiat et le vif ?
Les toiles de Marie-Claude font penser aux tableaux lumineux d’artistes comme Klee, Matisse, Van Gogh et Bonnard. Quoique Marie-Claude s’inspire de grands noms, elle aime particulièrement les œuvres de Richard Diebenkorn, un artiste américain du XXe siècle qui a repoussé les limites de l’expressionnisme abstrait et de l’école de San Francisco. Cela dit, Marie-Claude adopte son propre style qu’elle cherche constamment à faire évoluer. « Je déteste brasser les mêmes ingrédients », professe-t-elle. « Je suis toujours en train d’explorer. Quand je n’ai plus rien à dire, je passe à autre chose. C’est essentiel pour moi. »
On est donc enclin à se poser les questions suivantes : à la prochaine étape, dans quelle direction ira Marie-Claude ? Quel nouveau projet va-t-elle entamer ?
À nous la chance de le découvrir ! D’ailleurs, vous retrouverez les plus récentes œuvres de Marie-Claude dans le cadre de l’exposition « Je suis roche » à la Galerie Art Plus, du 25 février au 26 mars 2017.