Mark Zimmerl : une autre façon de voir

Un texte de Andrée Pelletier

Paru dans le numéro

Publié le : 14 novembre 2022

Dernière mise à jour : 14 novembre 2022

 

Il est rare de voir une exposition de ses œuvres à part au Tour des Arts, alors si jamais vous avez l’occasion de faire l’expérience de contempler ses toiles, ne manquez pas l’occasion, car il faut les voir « en vrai ». Mark Zimmerl donne au figuratif une autre façon de voir.

Mark Zimmerl
Mark Zimmerl, Winter Woods, 2022. Acrylique sur panneau, 12×16 po.

Au bout d’une petite route sinueuse, on voit apparaître un domaine, une maison jaune, une immense grange. Lui m’attend au bout de la route, devant un plus petit bâtiment, jaune lui aussi. Il est grand, il porte des bottes de fermier, une tuque par-dessus sa casquette. Et malgré que je sois à une bonne distance de lui, je remarque ses yeux bleus perçants. Il pourrait avoir vingt ans comme il pourrait en avoir cinquante. Mark m’accueille avec le sourire radieux de l’homme heureux. 

Il m’invite dans l’immense bâtiment qui devait être une écurie auparavant, mais qui est maintenant son atelier. Sur les murs, des toiles en voie d’être terminées. Elles ne sont peut-être pas finies, mais l’atmosphère y est déjà, celle de la forêt, alors que la nuit va tomber, d’un petit port de pêcheurs alors que la journée de travail s’achève, ou celle d’une forêt d’automne alors que les couleurs des feuilles rivalisent avec celles du ciel.

Mark Zimmerl
Mark Zimmerl, Pond August Afternoon, 2022. Acrylique sur panneau, 48×60 po.

Je suis dans l’atelier de Mark Zimmerl. Nous nous assoyons, un en face de l’autre, il semble timide et à la fois très sûr de lui. À côté de moi, une petite ménagerie en céramique nous regarde. Sur une table, une pile de livres consacrés aux peintres qui l’inspirent. La conversation s’amorce. Il est né à Montréal de parents viennois. Très tôt, il s’intéresse à l’art, il dessine, visite les musées, accompagné de sa mère. À douze ans, au Musée d’Ottawa, coup de foudre, il fait la rencontre des œuvres du Groupe des Sept, ce groupe de peintres paysagistes iconique au Canada. Le sort en est jeté, c’est ça qu’il veut faire.

À l’école, il fait la rencontre d’un professeur d’art qui l’incite à se consacrer à l’art visuel ; Mark a vraiment du talent. Il ira donc à Concordia, où il acquiert son diplôme en arts visuels. Il étudie ensuite en éducation des arts à McGill, mais se rend rapidement compte que ce qu’il enseigne aux enfants c’est ce qu’il veut faire, lui. 

Mark Zimmerl
Mark Zimmerl, Spinn Pool, 2022. Acrylique sur panneau, 48×60 po.

Le voilà donc, finalement, peintre à temps plein. Il est également céramiste, médium dans lequel il excelle tout autant. Mark Zimmerl aime travailler sur plusieurs œuvres en même temps, si la muse n’est pas là pour un paysage sylvestre, il se tourne vers une marine dont il a fait un croquis cet été dans le Maine. Quand je parle de croquis (il emploie le mot sketch en anglais), ce sont en fait de petits tableaux que plusieurs considéreraient comme des œuvres finies. Mais Mark travaille sur de grandes œuvres et, fidèle à sa première impression en voyant le Groupe des Sept, les paysages sont sa principale source d’inspiration.

Céramique de Mark Zimmerl

Je connaissais surtout Mark Zimmerl pour ses petits animaux en céramique qui se vendent comme des petits pains chauds au Tour des Arts, mais quand je suis entrée à la galerie Art Plus, où il exposait cet automne, j’ai été carrément happée par ses toiles. Sur les murs de l’ancienne église étaient accrochée une série de paysages dans lesquels on semble pouvoir s’introduire, littéralement. Ses œuvres sont à la fois techniquement abouties et empreintes d’une audace sans pareil. Il utilise les couleurs complémentaires d’une façon risque-tout créant une énergie électrique, comme le disait Brigite Normandin de la galerie Art Plus. Son coup de pinceau est énergique, téméraire, comme si on sentait le feu qui l’habite quand il crée. Bref, ses œuvres, quoiqu’elles dépeignent des paysages sereins, sont incandescentes. 

Il est rare de voir une exposition de ses œuvres à part au Tour des Arts, alors si jamais vous avez l’occasion de faire l’expérience de contempler ses toiles, ne manquez pas l’occasion, car il faut les voir « en vrai ». Mark Zimmerl donne au figuratif une autre façon de voir.

Andrée Pelletier

Photos : Suzanne Lemay