Le martinet ramoneur, un oiseau mystérieux

Un texte de Ghislaine Delisle

Paru dans le numéro

Publié le : 15 février 2016

Dernière mise à jour : 1 novembre 2020

 

Le Martinet ramoneur tire son nom de l’habitude qu’il a de nicher dans les cheminées de briques. C’est ainsi qu’il a tiré profit de la colonisation de l’Amérique du Nord. Petit oiseau brun sombre, il semble des plus mystérieux. Il vole sans jamais se poser et toujours en altitude. Au premier regard, on peut le…

Photo Larry Gridley

Le Martinet ramoneur tire son nom de l’habitude qu’il a de nicher dans les cheminées de briques. C’est ainsi qu’il a tiré profit de la colonisation de l’Amérique du Nord.

Petit oiseau brun sombre, il semble des plus mystérieux. Il vole sans jamais se poser et toujours en altitude. Au premier regard, on peut le confondre avec une hirondelle, mais à bien y regarder, on voit que les ailes sont plus longues et le corps plus court. On dit même qu’il ressemble à un cigare volant. En plus, le martinet ramoneur joue un rôle écologique important en mangeant chaque jour des milliers d’insectes volants.

Son vol est assez caractéristique. Ses battements d’ailes sont extrêmement rapides et saccadés, ce qui crée un vol erratique. La raison est qu’il se nourrit d’insectes qu’il attrape au vol.

C’est un oiseau nicheur migrateur assez commun dans le sud du Québec, bien qu’on lui ait récemment attribué le statut d’espèce menacée. En effet, la population canadienne de cette espèce a chuté de 95 % entre 1968 et 2004. Le martinet ramoneur est une espèce menacée pour deux principales raisons. Tout d’abord, l’utilisation de pesticides provoqua la diminution de la population d’insectes et affecta directement la principale source de nourriture de cet oiseau. La seconde raison est la perte d’habitat. Le martinet ramoneur possède deux types d’habitats, soit les gros chicots morts et les cheminées en briques, mais ils sont tous les deux perturbés.

Il faut savoir que lorsqu’il revient au printemps, il utilise des cheminées-dortoirs qu’ils sont des centaines à rejoindre à la brunante. Au printemps 2015, le Regroupement Québec Oiseaux a fait une étude de ces endroits en demandant à chaque Club d’Ornithologues du Québec de faire le décompte des oiseaux utilisant des cheminées-dortoirs connues à quatre dates différentes. Le Club des Ornithologues de Brome-Missisquoi a compté les individus entrant dans la cheminée de l’école St-Léon les 20, 24, 28 mai et le 1er juin. Nous avons eu des résultats de 94, 140, 100 et 5 martinets. Nous avons transmis ces données au Regroupement. C’est un spectacle unique de voir une centaine d’oiseaux tournoyer autour d’une cheminée pour finalement y entrer par groupes jusqu’au dernier quand il fait presque noir.

Après cette période, ils se dispersent pour nicher en couple ou en colonie dans des endroits obscurs et abrités tels les cheminées de briques, arbres creux, grottes, granges, silos ou bâtiment vides. Le nid est formé de petites branches mortes qu’ils arrachent en vol et qui sont collées à la paroi choisie à l’aide d’une sécrétion buccale.

En 2014, le Regroupement Québec Oiseaux a fait une étude sur l’utilisation des cheminées de bâtiments religieux par les Martinets. J’ai eu le privilège de participer à cette étude. Je devais observer quatre bâtiments : deux à Cowansville, un à Adamsville et un à East-Farnham. D’abord au mois de mai, à la brunante, pour voir si la cheminée servait de dortoir. Puis, en juin, pour observer ces mêmes cheminées le jour afin de voir si des martinets y entraient, ce qui était la preuve de nidification. J’ai eu la joie de trouver deux sites de nidification. Et il faut bien observer parce que le martinet arrive on ne sait d’où, entre dans la cheminée, nourrit ses petits et en ressort quelques secondes plus tard pour disparaître à nouveau. Il suffit qu’on cligne de l’œil pour le manquer.

Photo Michael Veltri

Je vous encourage donc d’abord à repérer les martinets ramoneurs dans le ciel. Ils arrivent vers la mi-mai et repartent dès le mois d’août. Ils volent très haut et émettent un petit cliquetis caractéristique. On ne peut pas manquer leurs grandes ailes arquées tel un boomerang et leur petit corps sans queue. Ensuite, observez les cheminées de briques à la fin mai le soir. C’est une belle activité à faire avec les enfants.

Et, pour en savoir plus sur cet oiseau si intéressant, je vous invite à assister à la conférence organisée par les Clubs d’Ornithologues de la région le 9 avril 2016 à 13 heures au Centre d’interprétation de la nature du lac Boivin, rue Drummond à Granby, au coût de 3 $.

Vous pouvez aussi consulter la page du Corridor Appalachien sur le Martinet ramoneur à l’adresse suivante :

http://corridorappalachien.ca/fran/docs_fran/fiches/fiche_martinet.pdf

Ghislaine Delisle, du Club des Ornithologues de Brome-Missisquoi