Nidazo : développer autrement

Un texte de Claude Boucher

Paru dans le numéro

Publié le : 14 novembre 2022

Dernière mise à jour : 14 novembre 2022

 

Nidazo est un développement immobilier non-traditionnel fait dans le respect de l’architecture, du territoire et de l’environnement visant une certaine abordabilité.

Le terrain
Le terrain

Projet de cohabitat Nidazo

Quand la municipalité de Frelighsburg a présenté il y a deux ans son plan de développement pour le secteur du village, des voix se sont levées pour éviter un développement peu harmonieux comme certaines municipalités ont récemment fait. Instigatrice du projet de ferme collective Les Cocagnes, Stéphanie Hinton a alors découvert qu’un lot de 46 acres, situé directement à côté de cette ferme et en plein cœur du village, était ouvert au développement. Et c’est ainsi que l’idée d’un développement différent a germé.

« Je me disais que si jamais ça tombait dans d’autres mains, ça pourrait changer le visage du village avec lequel j’étais tombée en amour. C’est quelque chose qui me tenait à cœur. Très naïvement, je me suis dit pourquoi ne pas essayer de faire un projet de développement. De toute façon, ça allait être développé. Mais comment le développer dans le respect de l’architecture, du territoire, de l’environnement, et essayer de viser une certaine abordabilité. C’est ce qui m’a poussé à le faire. »

Les principes du cohabitat

Deux ans plus tard, le projet Nidazo regroupe 48 membres autour de cette idée d’une autre façon de développer le territoire. Une première parcelle de terre a été achetée par l’organisme à but non lucratif (OBNL) créé à cette fin, et l’achat de la deuxième sera finalisé sous peu. Au fil des rencontres, l’idée de départ s’est affinée. Nidazo se développera selon les principes du cohabitat, une formule qui a pris naissance dans les pays scandinaves et qui a déjà connu du succès ici au Québec et ailleurs au Canada. 

« On est rendu à 48 unités, sur une trentaine de lots », explique Stéphanie Hinton. « Du bifamilial, même du quadruplex, mais tout doit être intégré de façon que les choses aient l’air d’une même maison, et respectent le paysage. Les maisons sont concentrées autour de noyaux. Il y a ensuite des espaces communs, une grande maison commune avec une cuisine, une salle à manger et une salle multifonctionnelle pour différentes choses, une serre commune, des jardins communs. » 

Une idée de l’aménagement extérieur

Une forme juridique à définir

Si l’aspect physique du projet, le style d’habitation et de milieu de vie, est déjà bien arrêté et clair dans l’esprit de ces promoteurs collectifs, la forme juridique finale de la propriété des lots reste à déterminer. Car ce type de projet est encore un véritable mystère pour les banques et prêteurs hypothécaires, habitués au développement plus traditionnel. Une des options évaluées, c’est la création d’une fiducie d’utilité sociale, qui serait propriétaire du terrain. 

« Ce qu’on vendrait, ça serait la propriété superficiaire. Donc, un lot privatif, mais le fond de terre resterait à la fiducie. L’idée pour nous, c’est d’atteindre l’objectif de protéger la terre. On cherche la voie du milieu. Un certain niveau d’intimité, de propriété privée pour les gens qui en ont besoin, et un niveau de communautaire. C’est quoi le bon équilibre ? On est encore en train d’explorer ça. »

Un développement immobilier non-traditionnel

Eva Asselin fait partie du groupe qui s’est construit autour du projet. Elle est, entre autres, membre du comité qui reçoit les candidatures de futurs cohabitants.

« Au-delà de vouloir habiter dans un bel endroit, avec des gens sympathiques, c’est vraiment un rêve de vivre dans une communauté qui a été orchestrée par et pour les gens. On est aux antipodes du développement traditionnel des promoteurs immobiliers. C’est vraiment un rêve depuis plus de 40 ans, de partager. Au lieu d’être chacun dans notre petite bulle de consommateur, de vraiment partager nos savoir-faire, nos savoir-être, nos connaissances, avoir un mode de gouvernance qui respecte notre temps, notre engagement, qui est horizontal et non vertical. C’est le rêve d’une vie qui m’amène là. »

Outre les habitations respectueuses de l’environnement et les espaces communs, le projet prévoit la construction d’unités locatives abordables, le long de la route 237, jumelées à une garderie intergénérationnelle. Initialement, l’un des principaux objectifs était d’axer le tout sur l’abordabilité. Pour ainsi favoriser l’accès au logement et à la propriété. Mais la volonté des membres de Nidazo se heurte à une dure réalité. Celle des coûts de construction prohibitifs en cette période d’inflation sans précédent.

« C’est un travail qui va se faire dans le temps », nous explique Stéphanie Hinton. « On veut appliquer certaines mesures anti-spéculatives au prix de revente. L’idée est d’appliquer initialement une très faible mesure. Pour que les gens aient une valeur de revente pour pouvoir s’acheter autre chose s’ils vendent. Et d’appliquer graduellement une mesure de plus en plus forte, jusqu’à atteindre l’abordabilité dans quinze ans environ. »

Un projet à suivre

Si tout n’est pas encore coulé dans le béton, plusieurs démarches sont déjà entamées. Ainsi, les plans d’infrastructures sont prêts, les études géotechniques et environnementales ont été faites aussi. La construction des infrastructures de Nidazo devrait débuter au printemps prochain. Stéphanie Hinton et tous les membres espèrent ensuite pouvoir commencer la construction des premières habitations à l’automne 2023 ou au printemps 2024. 

Ce projet de cohabitat à Frelighsburg vous interpelle ? Visitez www.nidazo.ca.

Claude Boucher