Conscientiser la clientèle Airbnb

Un texte de Organisme du bassin versant de baie Missisquoi

Paru dans le numéro

Publié le : 7 novembre 2024

Dernière mise à jour : 13 novembre 2024

 

On parle souvent des impacts des Airbnb sur la disponibilité et le prix des logements, mais rarement de ceux sur la santé de nos lacs.

Airbnb

Les nombreux attraits des Cantons-de-l’Est et leur proximité avec Montréal en font une destination particulièrement prisée des touristes à la recherche d’un chalet à louer au bord de l’eau. La popularité de l’hébergement touristique de courte durée de type Airbnb ne dérougit pas, et ce, partout à travers la province. Défendu par certains, dénoncé par d’autres comme facteur aggravant de la crise du logement, ce modèle locatif fait couler beaucoup d’encre et de salive. Si ses impacts sur la disponibilité et le prix des logements sont souvent décriés, ses conséquences sur la santé de nos lacs sont rarement abordées. Mais ils sont pourtant une source de préoccupation, notamment pour les associations de riverains, les organismes environnementaux et les municipalités. 

Pression sur les milieux humides et hydriques

L’affluence de touristes représente en effet une pression supplémentaire sur les milieux humides et hydriques. Alors que les résidents sont souvent conscientisés à l’impact de leur présence et de leurs activités sur la qualité de l’eau, les vacanciers n’ont pas nécessairement le même niveau de connaissance ou de sensibilité quant aux enjeux environnementaux auxquels les lacs font face. La méconnaissance de la réglementation locale ou des bonnes pratiques à adopter peut engendrer de mauvais comportements sur l’eau (vitesse excessive, non-respect des chenaux de navigation) qui compromettent l’intégrité du milieu (accélération de l’érosion des berges, pollution). Ceci est particulièrement préoccupant dans un contexte de lutte contre les espèces exotiques envahissantes alors que chaque touriste supplémentaire peut être un vecteur potentiel si celui-ci utilise sa propre embarcation sans l’avoir inspectée et nettoyée au préalable. Dès lors, comment sensibiliser efficacement cette catégorie d’utilisateurs des plans d’eau et par quels moyens ? 

Mesures à prendre

Comme tous les enjeux concernant la gestion de l’eau, les mesures à prendre pour limiter les impacts du tourisme de courte durée sur la santé des lacs doivent faire l’objet d’une réflexion collective et participative regroupant municipalités, citoyens et organismes à vocation environnementale. C’est pourquoi l’OBVBM et les associations de protection de lacs du bassin versant de la baie Missisquoi ont décidé de se pencher ensemble sur l’élaboration d’un document d’information et de sensibilisation aux bonnes pratiques riveraines destiné tant aux clients qu’aux locateurs d’hébergement de courte durée. Cette démarche ne saurait être complétée sans la participation des municipalités qui seront en mesure de faire des recommandations éclairées en ce qui concerne la réglementation, la capacité de traitement de l’eau, l’accès à une station de lavage, etc.

Le tourisme est souvent présenté comme étant bénéfique pour l’économie locale et le dynamisme des régions. Or, dans une perspective d’utilisation durable du territoire et de préservation de la ressource en eau, ne conviendrait-il pas de nous questionner quant à la capacité de support de nos lacs, voire d’envisager de réaliser des études d’impacts de l’augmentation de la fréquentation touristique des plans d’eau ? Au risque d’être bien moins populaire que l’hébergement de courte durée Airbnb.

Julie Reinling, chargée de projet en mobilisation, concertation et communications

Organisme de bassin versant de la baie Missisquoi