Les écrits du Roi pêcheur
Un texte de Denis Lord
Paru dans le numéro Printemps/Spring 2021
Publié le : 27 mars 2021
Dernière mise à jour : 3 mars 2021
Pêche à la mouche dans les Cantons de l’Est à l’ouest du lac Memphrémagog, Luc Desjarlais s’attarde sur les cours d’eau poissonneux dont les rives sont accessibles à pied et assez dégagées pour le lancer à la mouche.
Dans Pêche à la mouche dans les Cantons de l’Est à l’ouest du lac Memphrémagog, Luc Desjarlais livre le fruit de plus de 15 ans d’investigation ichtyologique dans les bassins versants de la région. C’est le quatrième opus que le monsieur consacre à la pêche; son aventure d’autoédition a commencé en 2014 avec un ouvrage consacré à la pêche en Floride. Autoédition, soit mais Desjarlais se montre rigoureux et a un souci d’exactitude tant au niveau de la langue que dans le propos. Dans le présent et éminemment pratique ouvrage, disponible en anglais et en français, il s’attarde aux bassins versants des rivières Missisquoi, Yamaska et aux Brochets en mettant l’accent sur les cours d’eau poissonneux dont les rives sont accessibles à pied et assez dégagées pour le lancer à la mouche.
Fascinant même pour les non-pêcheurs
L’auteur est féru de biologie et de géographie physique et humaine. Il parle des mœurs des poissons d’eau chaude et d’eau froide, de leur habitat, de la morphologie des lieux et de leur transformation par l’homme. Les Abénaquis, les Loyalistes, les agriculteurs ont leur place dans ces pages, et comme Luc Desjarlais est aussi un marcheur, il a arpenté des ruisseaux en montagne, longé des rives de lacs, suivi des grèves, ce qui ne peut qu’inspirer les baladeurs en mal de parcours inhabituels.
On avancerait qu’il y a ici un savoir et un amour des lieux qui transcendent la passion de la pêche et qui font qu’on pourrait y trouver son compte sans s’intéresser à celle-ci. En entrevue, Desjarlais concède qu’il a usé plusieurs paires de bottes au cours de ses pérégrinations. Il a croisé des lynx, des ours et autres animaux, mais est avare d’anecdotes. « Le plus dangereux, se contente-t-il de dire, ce sont les nids de guêpes et les chiens. »
Pêcher-relâcher
C’est quand même bien sûr qu’il adore la pêche, Luc Desjarlais, et plus spécifiquement celle à la mouche où tout l’art, dit-il, consiste à leurrer le poisson, et non pas à le nourrir. Il monte d’ailleurs lui-même ses mouches. « Les pêcheurs à la mouche sont de drôles de bêtes, dit Luc. C’est un groupe restreint, qui augmente depuis une vingtaine d’années, mais ça reste marginal. »
Le plus drôle, c’est qu’il pratique le pêcher-relâcher la majorité du temps, hormis quelques fois l’hiver, pour la visite. Deux raisons à cela. D’une part, il veut préserver la ressource. Il écrase donc les ardillons de ses hameçons pour ne pas blesser les poissons. « Y’en a pas un qui meurt, assure Desjarlais. Le lendemain, ils ne s’en souviennent pas. »
D’autre part, il a la certitude qu’en maints endroits de la région, le poisson est impropre à la consommation, à cause des pesticides, des herbicides, des eaux usées, du mercure. Luc Desjarlais achète donc du poisson bio à la poissonnerie.
Un avenir incertain
L’homme est sceptique face à l’avenir de la ressource ichtyologique. Il considère que les organismes de bassin versant font un beau travail, que les pratiques agricoles se sont améliorées et que les déversements d’eaux usées dans les cours d’eau ont diminué. Mais il faut encore plus d’effort. « Les bandes riveraines, ajoute Desjarlais, c’est pas trois mètres que ça devrait être, mais 30 mètres, et aménagées! »
Il met aussi en relief les périls de l’urbanisation. Le réchauffement climatique a également des répercussions sur les populations de poissons (ceux d’eau froide, notamment, comme les truites), ainsi que la fréquence et l’amplitude des sécheresses et des précipitations.
En attendant ce jour où on pêchera du poisson déjà panné, comme le prophétisait le légendaire Richard Suicide, suivons les bons conseils de Fishin’ Desjarlais, et laissons-nous tenter par les plaisirs immémoriaux de la pêche. On peut commander ses livres en version papier ou électronique par le biais de son site wadeflyfishing.com/fr.