Pleins Rayons
Un texte de Anne Lecours
Paru dans le numéro Printemps/Spring 2018
Publié le : 19 février 2018
Dernière mise à jour : 30 octobre 2020
Le film se déroule dans la région de Sutton et de Cowansville. Le personnage principal est un p’tit gars sympathique, au grand cœur, affublé de divers problèmes d’apprentissage. Comme l’action se déroule dans les années 70-80, le p’tit gars, qui s’appelle Stephan, est perçu par ses professeurs et ses pairs comme un imbécile et un paresseux….
Le film se déroule dans la région de Sutton et de Cowansville. Le personnage principal est un p’tit gars sympathique, au grand cœur, affublé de divers problèmes d’apprentissage. Comme l’action se déroule dans les années 70-80, le p’tit gars, qui s’appelle Stephan, est perçu par ses professeurs et ses pairs comme un imbécile et un paresseux. Ça lui rentre dedans, c’est normal. Il pourrait mal virer. Mais lui, il veut juste être un bon p’tit gars. Alors il monte sur son vélo, et il roule, des kilomètres et des kilomètres, le plus souvent possible. À chaque coup de pédale, à chaque côte montée, il évacue sa colère et sa peine et développe un contrôle de soi infaillible et une capacité exceptionnelle à relever des défis.
Notre héros est maintenant adolescent. On lui demande d’animer des séances d’activités physiques auprès d’adultes déficients intellectuels. Il accepte, autant pour aider son prochain que pour dépasser cette étrange peur qu’il ressent au contact de ces gens « différents ». Il a la piqûre, au point d’aller ensuite étudier en loisirs thérapeutiques. Les milieux scolaires, qui aurapavant doutaient tant de lui, l’appellent à la rescousse pour intervenir auprès des élèves en difficulté. On le surnomme le « little bad kid whisperer »…
En parallèle, notre Stephan a une carrière de coureur cycliste élite. On a alors de très beaux plans dans le film, car il s’entraîne sur les routes de la Montérégie et de l’Estrie, dans des paysages magnifiques. Au Vermont, aussi. Il file comme une flèche. Il participe à plusieurs épreuves et quand, à l’occasion, il gagne, sa joie de se dépasser en est multipliée.
L’action se déplace en 2015. Stephan rédige la dernière ligne d’un projet unique qui lui permettra de marier ses deux passions : le vélo et l’intervention sociale auprès des jeunes en difficulté. L’organisme Pleins Rayons voit officiellement le jour l’année suivante, à Cowansville. Il vise l’inclusion sociale d’individus ayant un trouble du spectre de l’autisme, de la déficience intellectuelle ou à risque de décrochage scolaire via la participation à des projets d’économie sociale, dont le principal est la réparation de vélos usagés et le don de ces vélos à des jeunes de familles dans le besoin.
Financé par des dons privés, Pleins Rayons gagne des Prix d’Excellence dès ses deux premières années d’existence. Stephan, notre héros, vit une entente parfaite avec sa partenaire de travail, Myriam, une éducatrice spécialisée tout aussi passionnée et impliquée que lui. Ensemble, ils dirigent l’organisme et rendent heureux des dizaines et des dizaines de jeunes, leurs familles et communautés. Voilà ! C’est le « happy ending » de l’histoire d’un p’tit gars qui, aurait-on pu croire à l’époque, n’avait aucun avenir.
Tout est vrai dans ce film qui, vous l’avez deviné, n’en est pas un. Je n’ai rien inventé, et surtout pas le fait que Stephan Marcoux — car c’est de lui qu’il s’agit — soit un héros. À force de monter des montagnes, il a appris à les soulever. Ce qui est fort utile, lorsque notre vocation est l’insertion sociale des autistes et des déficients intellectuels. Il a plusieurs défis pour 2018. L’un d’eux est de réussir à obtenir du gouvernement le statut d’OSBL pour Pleins Rayons. Ça serait ça, en fait, le vrai « happy ending » du film ! En effet, un tel statut permettrait notamment d’assurer les salaires de fonctionnement et éviterait à l’organisme de se retrouver, comme il y a quelques mois, à un cheveu de devoir fermer.
Concrètement, les ateliers de Pleins Rayons, situés à Cowansville, sont fréquentés par plus de 80 jeunes autistes et/ou déficients intellectuels et/ou jeunes à risque de décrocher, âgés de 15 à 35 ans. Ils y passent d’une à quatre journées complètes par semaine. Regroupés en sous-groupes pour accomplir des tâches relatives à leurs compétences, ils réparent des vélos qui leur ont été donnés par la communauté, supervisés à tous points de vue (comportemental comme technique) par Stephan et Myriam. En fin de compte : un beau vélo, en excellent état de fonctionnement, que les jeunes participants ont ensuite l’immense fierté d’aller offrir dans des écoles, des organismes ou des familles, devenant à leur tour des héros pour les jeunes moins nantis qui reçoivent leur bolide des mains des heureux réparateurs eux-mêmes.
Outre la réparation de vélos, Pleins Rayons a mis sur pieds 5 autres projets d’économie sociale, tous aussi sensés et utiles. Stephan et Myriam sont fiers des réalisations de leurs participants, et par-dessus tout, ils sont enchantés d’atteindre leur véritable objectif qui est de leur donner CONFIANCE. Car la confiance donne des ailes. Même si Pleins Rayons n’existe que depuis 2016, 13 de ses participants ont déjà eu la chance de se trouver du travail à temps partiel, dans des domaines variés, grâce aux compétences qu’ils ont développées à l’atelier.
Stephan m’a confié qu’il souhaitait qu’on se souvienne de lui non pas comme le gars qui passait à vélo à toute vitesse, mais comme le gars qui a pu faire une différence dans la vie des gens. J’ai la certitude que son souhait sera exaucé. D’ici là, l’organisme de notre héros a besoin de soutien financier pour continuer d’exister. Les dons de vélos sont également bienvenus, ainsi que les vêtements et petits appareils électroménagers. Merci !
Pleins Rayons
Directeur général et des opérations : Stephan Marcoux
Directrice des services administratifs et financiers : Myriam de Coussergues
450-531-8293