Un cépage bien de chez nous, le Frontenac Noir

Un texte de Pierre Pelland

Paru dans le numéro

Publié le : 26 octobre 2016

Dernière mise à jour : 1 novembre 2020

 

L’éditrice du Tour m’a convaincu de participer à une autre dégustation de vins locaux en compagnie d’une vieille connaissance, Noël Masseau, rencontré aux Amitiés Bachiques au début des années 1980. Cette fois-ci, la dégustation a porté sur des vins issus du Frontenac noir, un des cépages à vin rouge le plus utilisé au Québec. Wikipédia nous…

Frontenac Noir

L’éditrice du Tour m’a convaincu de participer à une autre dégustation de vins locaux en compagnie d’une vieille connaissance, Noël Masseau, rencontré aux Amitiés Bachiques au début des années 1980. Cette fois-ci, la dégustation a porté sur des vins issus du Frontenac noir, un des cépages à vin rouge le plus utilisé au Québec.

Wikipédia nous informe que le Frontenac est un cultivar de vigne hybride, créé par l’Université du Minnesota en 1996, à partir du cépage V. riparia 89 et de l’hybride français Landot 4511. Reconnu pour sa résistance au froid, puisqu’il peut survivre à des températures allant jusqu’à -36 °C, il est donc particulièrement bien adapté pour supporter nos hivers rigoureux.

Comme la majorité des raisins à vin rouge utilisés chez nous, sa pulpe est rouge et sa pelure est noir-violet. Ses parfums dominants sont les petits fruits rouges, la cerise et la prune. En général, les vins produits à partir de cette variété sont assez légers, pas très tanniques et destinés à être consommés relativement jeunes. De la catégorie des « vins de soif », ils peuvent accompagner agréablement des repas légers tels que charcuteries, pâtes à la tomate, pizza ou volaille.

Ce cépage, qui peut être vinifié seul, est fréquemment assemblé avec deux autres variétés, lesquelles possèdent également une grande résistance au froid : le Marquette, hybride lointain dérivé du Pinot noir, qui fut aussi développé au Minnesota en 2006 et le Sabrevois et élaboré au Wisconsin par Elmer Swenson, le père du cépage St-Pépin.

Par cet agréable après-midi, 9 vins ont été dégustés, en plus de 2 vins fortifiés, tous à base de Frontenac. Pour donner une chance à ceux-ci de s’ouvrir, les bouteilles avaient toutes été débouchées 3 heures avant la dégustation et décantées avant le service. En voici un compte-rendu :

  • Frontenac Noir 2015 du Vignoble Val Caudalies, assemblé avec du Marquette. Sa robe était étonnement grenat pâle pour un vin aussi jeune. Nez léger de fruits rouges, floral et un peu de végétal. Donnait plus l’impression d’un rosé costaud que d’un vin rouge. 12,5 % d’alcool.
  • Terrø 2015 du Vignoble La Bauge, assemblé avec du Marquette. Robe pourpre. Le nez, fermé à l’attaque, a fini par s’ouvrir après une demi-heure dans le verre. Dominante de cerises rouges, un peu tannique, acidité vive, 11,5 % d’alcool.
  • Solinou 2015 du Vignoble Les Pervenches, assemblé avec du Chardonnay et du Zweigelt. Vin bio, non sulfité et non décanté à la demande de la propriétaire du vignoble. Robe rubis, nez de fruits rouges et de fraises, légèrement épicé. Rond en bouche (à cause du Chardonnay ?), beau fruit en rétro olfaction (parfums qui remontent dans les fosses nasales après avoir avalé). 11,5 % d’alcool.
  • WWW Vignoble Bromont 2015, Domaine Vitis. Robe pourpre, nez de cerises rouges, griottes, une touche d’épice. Beau fruit, pas complexe, mince mais plaisant. Finale avec un peu de verdure. 12,5 % d’alcool.
  • Pigeon Hill 2014, assemblé avec du Marquette. Robe pourpre. Nez de fruits rouges, fraises et mûres. Bel équilibre en bouche entre le fruit et l’acidité qui le soutient. Bonne longueur. 12,8 % d’alcool. Un des favoris de cette dégustation pour son homogénéité.
  • Frontenac Noir 2014 du Vignoble Gagliano. Robe pourpre tirant sur le rubis. Nez de bleuets et de fruits confiturés. Rondeur agréable (l’alcool ?), acidité très présente, mais bien maîtrisée. Plus puissant et gras que les autres Frontenac de la dégustation. Selon les notes du vignoble, la récolte est très tardive, et même limite, ce qui permet une maturation plus poussée et ainsi plus d’extraction de saveurs. 13,5 % d’alcool.
  • Tinello 2013 du Vignoble Gagliano, assemblé avec du Sabrevois (40 %). Robe rubis, tirant sur le pourpre. Nez discret de fruits rouges. Rond, homogène et agréable. 13 % d’alcool.
  • Trinita 2013 du Vignoble Gagliano, aussi assemblé avec du Sabrevois (30 %). Robe rubis. Nez de fruits rouges et cassis. Rond, mais une finale sur les herbes avec acidité bien présente. Bouche sucrée. 14 % d’alcool.

Orpailleur Rouge 2014 du vignoble du même nom. Robe pourpre tirant sur le rubis. Nez mince de fruits rouges, un peu d’épices (anis ?). Rond, simple, mais agréable. 13,5 % d’alcool.

La dégustation s’est terminée par deux vins fortifiés.

Selon le site de la SAQ, « Les vins mutés sont parfois appelés vins fortifiés par calque de l’anglais fortified wines. Ce terme ne fait toutefois pas de distinction entre le vin auquel on a ajouté de l’alcool avant la fermentation (mistelle), celui auquel on ajoute de l’alcool pendant la fermentation (vin muté) et le vin auquel on ajoute de l’alcool après la fermentation (vin viné). »

  • Château de Cartes, Frontenac Noir (vin fortifié au brandy). Robe rubis foncé. Nez de fruits noirs vanillé. Rond en bouche, moelleux, fruit très présent, long. En rétro olfaction, on retrouve le nez du Frontenac. 16 % d’alcool.
  • Masipskoik du Vignoble Les 3 Clochers (type mistelle). Robe rubis très foncé. Nez confiture de pruneaux. Finale chaude. 16,8 % d’alcool.

En résumé, un bel après-midi à goûter des vins intéressants que je vous invite à découvrir. Soyons fiers de vanter les produits de chez nous !