Passages
Un texte de Denis Lord
Paru dans le numéro Hiver/Winter 2022-2023
Publié le : 15 novembre 2022
Dernière mise à jour : 16 novembre 2022
C'est dans un Cowansville sans frontières que se situe l’action du livre de l'apiculteur, journaliste et anthropologue de Sutton Louis McComber.
Dans Le taxi qui prenait le temps de jaser, Louis McComber esquisse la destinée de ses passagers.
Le métier de chauffeur de taxi exerce une fascination sur certains esprits. Ces déambulations non conformistes et d’apparences libertaires, ces rencontres qu’on suppose fécondes avec la multitude qui compose l’humanité parlent à l’imaginaire.
Sans doute, McComber possède nombre des qualités propices à témoigner de ce qui peut se passer dans un taxi. En plus d’avoir été chauffeur dans différentes villes dont Iqaluit et Mont-Tremblant, l’apiculteur de Sutton a été journaliste et anthropologue, toutes choses fort utiles pour distiller les récits les plus remarquables que peut produire la route.
C’est dans un Cowansville sans frontières que se situe l’action de Le taxi qui prenait le temps de jaser, puisqu’en plus des gens des bourgades environnantes et des ressortissants du pénitencier, on y croise des Irakiennes, des Nigériennes, une Française, un Algérien et même un individu affirmant être un métis extraterrestre, Dan Smith, personnage récurrent du livre, aux péripéties rocambolesques qui forment un contrepoint au reste de l’œuvre.
Dans l’intimité des banquettes du taximan, à la croisée des chemins ou dans l’exercice du quotidien, les personnages s’ouvrent sur leur vie, se confient. C’est cette mère de famille d’apparence respectable qui va se dévergonder dans un lieu où elle est inconnue, cette immigrante aux prises avec des conditions de travail effroyables, cet adolescent qui écume à prix fort les rues de la ville à la recherche de son amoureuse, ce chanteur western arrêté à cause de ses faux revolvers… On rencontre même un autre chauffeur de taxi et un tueur… à moins que ce ne soit un menteur ? Car qui sait qui dit vrai à un inconnu.
Le livre autoédité de Louis McComber se compose d’une trentaine de courtes nouvelles. Autant de portraits esquissés, de fragments de vie, parfois révélateurs, parfois plus anecdotiques, mais toujours touchants. Avec pour constance la curiosité et l’empathie du conducteur. On passe du burlesque au tragique, des espoirs déçus à la construction patiente du bonheur.
Dans son préambule, l’auteur concède que certaines histoires sont arrangées pour ne pas que les protagonistes puissent être identifiés. D’autres sont « photosphopées pour produire plus d’effets ou pour boucher des trous qui manquent à la narration ». Ces éléments de fiction ajoutés n’oblitèrent pas le réalisme des récits, leur parfum d’authenticité et leur humanisme.
Le livre de Louis McComber est actuellement en réédition et bientôt en vente au Farfelu à Sutton.
Denis Lord