Que se passe-t-il dans les nichoirs ?

Un texte de Club des ornithologues de Brome-Missisquoi

Paru dans le numéro

Publié le : 3 décembre 2018

Dernière mise à jour : 30 octobre 2020

 

Par Ghislaine Delisle du Club des ornithologues de Brome-Missisquoi Il ne faut pas penser que quand on installe un nichoir à hirondelles bicolores et merles bleus de l’Est, c’est le paradis pour les oiseaux. Non, quand on installe un nichoir sur un poteau dans un champ ou même sur une structure, il est dans un…

Merles bleus

Couple de merles bleus sur un nichoir. Photo Bertrand Hamel

Par Ghislaine Delisle du Club des ornithologues de Brome-Missisquoi

Il ne faut pas penser que quand on installe un nichoir à hirondelles bicolores et merles bleus de l’Est, c’est le paradis pour les oiseaux. Non, quand on installe un nichoir sur un poteau dans un champ ou même sur une structure, il est dans un écosystème impitoyable.

Il y a d’abord la compétition pour l’occupation du nichoir. Chez moi, ce printemps, il y a eu des chicanes entre un couple d’hirondelles et un de merles bleus pour un nichoir en particulier. Allez savoir pourquoi, il y en avait au moins 4 autres de disponibles dans les environs.

Une fois que le nid est fait et les œufs pondus, il peut y avoir de la prédation. Des mammifères comme les chats, ratons laveurs, belettes, visons se font un régal des œufs et des oisillons. Ils passent la patte par le trou et sortent tout ce qu’il y a à l’intérieur. D’autres oiseaux comme l’étourneau sansonnet, le moineau domestique, le troglodyte familier peuvent frapper les parents au nid avec leur bec et même les tuer.

Les rapaces, comme la crécerelle d’Amérique, s’installent sur le nichoir et accueillent les petits à leur premier vol. C’est un accueil mortel. Les couleuvres adorent les œufs et elles se glissent aisément dans un nichoir pour gober les œufs et ensuite, se rouler en boule et digérer quelques jours. D’autres espèces peuvent aussi s’approprier le nichoir même s’il est déjà occupé comme le troglodyte familier ou le moineau domestique. Quand il y a eu prédation, les parents peuvent renicher dans un autre nichoir vide si la saison n’est pas trop avancée.

Les parents peuvent eux-mêmes être tués. Quand il ne reste qu’un parent pour s’occuper de la nichée, il ne peut pas, malgré sa bonne volonté, les rendre au stade de l’envol. J’ai été témoin, chez moi, d’un mâle merle bleu capturé par un chat. La femelle s’est beaucoup démenée, mais les petits sont morts, un après l’autre.

Au COBM, nous avons ce qu’on appelle des « sentiers à merles bleus » constitués d’une série de nichoirs qu’on installe dans un habitat propice. Nous avons 4 sentiers : un dans un verger, un dans un élevage d’alpagas, un dans un club de golf, un dans une ferme expérimentale et deux autres sur des poteaux au bord de routes champêtres. Les nichoirs de chaque sentier sont visités d’avril à septembre par des membres qui font un rapport à la fin de l’été. Rapport qui parait dans notre journal de liaison.

Mon conjoint et moi nous occupons d’un sentier de 18 nichoirs à la ferme d’alpaga Norli. Nous avons été témoins de toutes sortes d’évènements parfois mystérieux. Par exemple, à une visite, il y avait 4 œufs de merle bleu dans un nichoir et deux semaines plus tard, c’étaient des œufs d’hirondelle qu’il y avait dans le nid. Peut-être que le nid avait été prédaté et, comme les parents étaient partis, les hirondelles s’étaient installées. À la fin de l’été, j’ai trouvé un mâle merle bleu mort dans un nichoir où il avait niché avec succès avec sa femelle. Qu’est-ce qu’il lui est arrivé ? Mystère, je n’ai pas fait d’autopsie. Quelques fois, les œufs sont abandonnés. On trouve trois œufs dans un nid et deux semaines plus tard, ce sont les mêmes trois œufs froids qui n’écloront pas. Qu’est-il arrivé ? Un autre mystère.

Enfin, les nichoirs ne servent pas uniquement aux oiseaux. Quand ils sont vides, quantité d’autres organismes utilisent ou visitent ces abris. Araignées, papillons de nuit, fourmis, guêpes jaunes, mini-guêpes, mouches, perce-oreilles, nécrophores et souris sylvestres y ont été vus.

Malgré tous ces dangers, nous avons eu beaucoup de succès de couvée avec nos sentiers à merles bleus, et nous sommes convaincus d’avoir aidé le merle bleu de l’Est à se rétablir et les hirondelles bicolores à se reproduire.

Ghislaine Delisle du Club d’ornithologues de Brome-Missisquoi (COBM)