L’Orpailleur, l’art du partage

Le Vignoble de l’Orpailleur a soufflé ses 40 bougies en 2022, soit un an plus tôt que le journal Le Tour. Pour souligner ces deux anniversaires, Nadia Fournier est allée à la rencontre de Charles-Henri de Coussergues, co-propriétaire de cette institution de Dunham. 

J’avais prévu une entrevue « rétroviseur » avec Charles-Henri de Coussergues, co-propriétaire du Vignoble de l’Orpailleur, à Dunham. De dresser avec lui le bilan de quatre décennies à produire du vin au Québec, de passer en revue ses faits d’armes et de sonder ce qui a changé depuis 1982. En somme, chers lecteurs, je pensais vous offrir un retour dans le temps. Mon cahier de notes à peine posé sur la table du bistro qui jouxte le chai du chemin Bruce, j’ai changé d’avis. 

C’est que, aussi vétéran et pionnier de la viticulture québécoise soit-il, l’homme assis en face de moi n’a rien d’un nostalgique qui prétend que tout était « mieux avant ». Non, Charles-Henri de Coussergues a plutôt la tête bien ancrée et les yeux tournés vers l’avenir. Ce Nîmois d’origine, arrivé au Québec au début des années 1980 à l’âge de 21 ans, se montre surtout très confiant envers la nouvelle génération de vignerons qui prend le relais, à commencer par ses filles, Sarah et Laure, et son gendre, Alain Bazinet, qui l’ont rejoint au domaine il y a quelques années. 

On le sent aussi enthousiaste de voir le vignoble québécois se développer en accéléré et gagner l’affection des consommateurs, mais aussi ému devant l’esprit d’entraide qui règne au sein des vignerons. D’ailleurs, il est trop modeste pour le dire, mais ses collègues le font à sa place : Charles-Henri de Coussergues est une référence et une source intarissable de savoir en matière de viticulture nordique. Son apprentissage s’est fait à la dure, à coup de multiples essais et erreurs, et dans une certaine solitude, surtout pendant la première décennie de l’aventure. Dans l’espoir de sauver du temps et des peines à tous, il partage ses connaissances (et son temps) avec une générosité qui l’honore. Tantôt en collaborant avec les chercheurs de la station expérimentale de Frelighsburg (Agriculture Canada), tantôt en accueillant chez lui des néo-vignerons, qu’il conseille — et rassure, au besoin. 

Pôle de connaissances pour les professionnels, passage obligé pour les vacanciers curieux (et gourmands), lieu de pèlerinage pour des fidèles de la première heure, l’Orpailleur est cher au cœur de sa communauté et continue de grandir et de se déployer, bien au-delà de « quelques arpents de neige ». 

L’Orpailleur, Brut, IGP Vin du Québec

30,50 $ — Code SAQ 12685625 – 12 %

Produit en continu depuis 1991, le Brut semble gagner en précision et en profondeur d’année en année. Une proportion de vidal apporte du gras et du volume au seyval ; le vin est élaboré selon la méthode traditionnelle et élevé sur lies pendant 18 mois. Une bouche pimpante de fraîcheur, des bulles fines et persistantes et de jolies nuances briochées, qui se fondent aux notes de fleurs et de fruits tropicaux. Impeccable.

L’Orpailleur, Vin Rosé 2022, IGP Vin du Québec

16,55 $ — Code SAQ 14721950 

Charles-Henri de Coussergues a toujours traité son rosé avec sérieux ; ça se sent et ça se goûte. Son 2022 n’y fait pas exception, offrant des parfums intenses de pêche mûre et de zeste de citron, au nez comme en bouche. L’attaque est à la fois ronde et acidulée, avec juste ce qu’il faut de volume en milieu de bouche et une finale vivifiante. Par une belle journée d’été indien, avec une salade de courge delicata, de roquette et de feta, c’est le bonheur !

Union Libre, Riesling Pinot Gris 2021, IGP Vin du Québec

24,25 $ — Code SAQ 15169503

Juste à temps pour les célébrations du 40^e, l’Orpailleur a acquis son voisin d’en face, le Vignoble et verger Union Libre. L’intention est de garder Union Libre comme une entité distincte, et, peut-être, d’en faire une pépinière pour de nouveaux produits. Sans doute favorisé par la nature généreuse de l’été 2021, cet assemblage de riesling et de pinot gris brille par son éclat aromatique, doublé d’une acidité fraîche. Les saveurs de pêche, de lime et de pomme verte persistent en finale, portées par une texture nourrie et tonique. Beau travail ! 

Nadia Fournier