Kylie Sandford

Un texte de Andrée Pelletier

Paru dans le numéro

Publié le : 15 août 2024

Dernière mise à jour : 15 août 2024

 

Kylie Sandford accroche ses œuvres cet automne au Musée des Beaux-Arts de Sherbrooke lors de l’exposition L’écologie du paysage : biennale des artistes des Cantons-de-l'Est.

Kylie Sandford
Vibration, 2023, huile sur toile, 107 x 76 cm

Kylie Sandford est née et a grandi en Ontario, j’ai été étonnée de l’apprendre. Elle s’exprime dans un français parfait. C’est une vraie Québécoise d’adoption. Son parcours dans le monde de l’art a commencé très tôt. Elle démontrait un talent naturel pour le dessin et la peinture. Encouragée par sa famille, elle poursuit des études en beaux-arts et choisit d’obtenir son diplôme à l’université Concordia. Une fois obtenu, elle s’installe pour de bon d’abord à Montréal, puis dans les Cantons-de-l’Est. 

Elle m’accueille dans sa jolie maison cachée dans un coin de Cowansville. C’est une maison dont elle a gardé les qualités d’origine. On pourrait se croire dans les années trente ou quarante, des boiseries sombres, un joli jardin anglais. Ce qui nous ramène en 2024, ce sont ses toiles, accrochées un peu partout dans la maison. Ces grands bouquets où les fleurs sont reproduites dans une minutie étonnante, ces parcelles de forêt où les herbes givrées se transforment en toile abstraite, un portrait de sa fille…

Kylie Sandford

Je me souviens avoir admiré son art il y a des années, dans un petit café de Cowansville. On y voyait des paysages d’une qualité tout à fait originale, des petites toiles qu’on ne pouvait s’empêcher de remarquer. Était-ce leur réalisme presque parfait ? Les couleurs qui avaient été choisies ? C’était peut-être le cadrage, comme si le peintre avait décidé de changer un tout petit peu les règles de la composition. 

Sandford n’accroche plus dans les cafés bien sûr. Ses toiles sont de plus en plus grandes et de plus en plus en demande. En visitant son atelier et en découvrant son travail en cours, je me rends compte que le focus a changé et que ses paysages se sont transformés en gros plans. On y voit des détails de forêt, des gros plans sur une renoncule. En regardant de près, on passe de l’hyperréalisme à l’abstrait. Les couleurs se séparent en nous éloignant de la structure de l’arbre, de la rugosité de l’écorce, de la fluidité de l’eau.

Travaillant avec l’huile ou le pastel, trois caractéristiques définissent son travail. D’abord son utilisation de la couleur. Ses peintures se caractérisent souvent par des teintes audacieuses et vibrantes qui transmettent énergie et mouvement. Elle a une capacité remarquable à utiliser la couleur pour évoquer des émotions. Kylie Sandford crée des pièces qui sont non seulement visuellement frappantes, mais aussi profondément émouvantes. Elle sait capturer les nuances subtiles de la lumière et de l’ombre, créant des compositions à la fois éclatantes et harmonieuses. 

Ensuite, elle porte une attention méticuleuse aux détails, ce qui invite le spectateur à regarder de plus près et à s’engager profondément avec l’œuvre d’art. Elle est guidée par ses promenades dans la nature. Qu’il s’agisse de dépeindre la tranquillité sereine d’une forêt en hiver, l’explosion de fleurs sauvages au printemps ou une étude botanique complexe, son utilisation de la couleur est toujours là pour renforcer l’impact émotif, ainsi que son habileté au pinceau, qui ajoute texture et profondeur à son travail.

Kylie Sandford
Microcosme I, 2022, pastel tendre sur papier, 66,5 x 73 cm. Œuvre avec laquelle elle a gagné, en 2023, un Jackson Art Prize

Troisièmement, la recherche. Elle vient de gagner le Jackson Art Prize, un prestigieux concours britannique pour les artistes. Elle a gagné ce prix parmi des milliers de participants grâce à un dessin au pastel représentant une variété de lichens sur lesquels elle a fait une recherche approfondie.

On sent qu’elle a le vent dans les voiles. Quand je l’ai rencontrée, elle partait exposer à Toronto, puis elle accroche ses œuvres cet automne au Musée des Beaux-Arts de Sherbrooke lors de l’exposition L’écologie du paysage : biennale des artistes des Cantons-de-l’Est, du 26 septembre 2024 au 5 janvier 2025. Ses préoccupations écologiques transparaissent à travers toute son œuvre et Sandford nous enjoint à regarder ce qui risque fort de nous échapper dans un futur plus ou moins lointain. Une artiste à suivre, assurément. 

Voir ses œuvres sur www.kyliesandford.com.

Andrée Pelletier