Vignoble Courville 

Le Vignoble Courville, situé sur les coteaux faisant face au lac Brome, avec une vue imprenable sur celui-ci, a d’abord été connu du grand public sous le nom du Domaine Les Brome. Deux années se sont écoulées depuis le décès de son fondateur, Léon Courville. Mais l’héritage de son œuvre a trouvé un second souffle entre les mains de sa conjointe. La simple idée qu’elle reprenne les rênes d’un projet d’une telle envergure méritait évidemment mention dans ce journal.  

Rencontrée cet automne, au début des vendanges, Anne-Marie Lemire a tôt fait de rectifier le tir. C’est plutôt une continuité pour elle, le cours naturel des choses. Cela fait maintenant 20 ans qu’elle s’implique au vignoble. Cette femme énergique, en plein contrôle de ses moyens, n’a certainement pas fini d’impressionner. 

La femme d’affaires, qui a notamment siégé au conseil d’administration du CLD de Brome-Missisquoi, en plus d’agir comme vice-présidente du conseil d’administration du Conseil des vins du Québec, s’est d’ailleurs vu décerner le titre de personnalité de l’année 2024 au printemps dernier par la Chambre de commerce de Brome-Missisquoi. Modeste, elle ne fait même pas mention de cette reconnaissance lors de notre entretien. 

Si elle est aujourd’hui impliquée dans toutes les sphères de l’entreprise, elle a d’abord fait son entrée au vignoble par la commercialisation. Une rencontre fortuite avec son ancien collègue de la banque, Léon, l’amène à vouloir collaborer avec lui de nouveau. « Ici, pour Léon, c’était le chalet au départ. En 1999, quand il a pris sa retraite à 55 ans, il a planté du cabernet franc à côté de la maison. Évidemment, ça n’a pas marché. À l’époque, on ne savait pas recouvrir les vignes en hiver. Alors on mettait du foin ou de la paille, mais elles n’ont pas résisté », raconte Anne-Marie, qui a officiellement rejoint le projet quelques années plus tard, en 2005.  

La femme aux multiples talents, qui a également travaillé en télévision avant d’être à la tête d’un commerce d’importations de luminaires, trouve alors rapidement son compte dans les diverses opérations de l’entreprise, qui produit désormais près de 100 000 bouteilles annuellement. Pour elle, la vigne réunit créativité et science.  « Je suis quelqu’un qui aime beaucoup les bases de données, confie-t-elle en riant. La vigne demande beaucoup de lâcher prise, ce qui n’est pas chose courante dans le monde banquier. C’est passionnant, tu veux trouver des solutions, dans le champ, dans le chai, alors tu t’y mets ! On ne pensait jamais qu’on aurait 100 000 plants. Ça s’est passé graduellement et naturellement. Et pour Léon, et pour moi. » 

Entre la pandémie et la maladie de Léon, en s’appuyant sur une solide équipe, Anne-Marie a su braver les intempéries. « Il a fallu reprendre toutes nos stratégies marketing après la COVID, le monde avait changé. Quand Léon est décédé, en 2023, il a fallu que je remette un peu d’ordre et d’énergie sur le vignoble. »  Les assemblages de six nouvelles cuvées ont été revisités pour permettre à l’entreprise, qui achète également un peu de raisins, d’afficher sa certification biologique. Une autre gamme à l’habillage plus ludique, où les chiens du vignoble sont à l’honneur, disponible en épicerie, fait ainsi la part belle à ces autres raisins de négoce.  

Le vignoble est ouvert au public presque à l’année. L’équipe s’accorde une petite pause en janvier. Elle revient réconforter sa clientèle à coup de vin chaud et de jeux de société à compter de février. Pendant la haute saison, un calendrier de spectacles de musique variée est offert gratuitement les dimanches après-midi. Il est également possible de réserver une table en terrasse lors des journées plus achalandées. Et pour les amoureux des chiens, les fidèles à quatre pattes sont les bienvenus. Pour en savoir plus, visitez www.leoncourville.com.

Laurence-Michèle Dufour