Katka Hubacek
Un texte de Andrée Pelletier
Paru dans le numéro Automne/Fall 2021
Publié le : 26 août 2021
Dernière mise à jour : 26 août 2021
L'artiste à la une cet automne, Katka Hubacek, est peintre et illustratrice. Ses toiles sont vives en couleurs et en émotions et ses illustrations sont des contes.
Confidences d’une toile
Lors de mes jours de garde à la galerie Arts Sutton j’ai eu devant moi un petit tableau dont je ne me lassais pas. Un tableau qui me rappelait le fauvisme, plus dans sa technique que dans ses couleurs. Un tableau qui me ramenait à l’Europe, je ne sais pourquoi. Un visage, des mains, un mélange de figuratif et d’abstrait rempli d’émotion. Rose. Bleu. Un bijou. J’étais intriguée par l’auteur de ce tableau qui sortait vraiment de l’ordinaire. Je l’ai rencontrée.
Katka Hubacek est d’origine tchèque, née dans une famille établie à Sutton depuis plus de quarante ans. Elle est la fille de Pina Macku, artiste, professeur de danse et chapelière bien connue, et la sœur de Janna Hubacek, directrice du Centre d’action bénévole.
L’artiste
Katka est grande et belle, elle porte des lunettes qui lui vont à merveille, on sent chez elle un sens du design bien assumé. Pas étonnant puisque qu’elle a fait des études en scénographie à l’École nationale puis en costume à l’Université Dalhousie en Nouvelle-Écosse. Pendant notre entrevue, j’entends constamment des tintements sonores signalant l’arrivée d’un texto. Katka est mère de deux enfants et cela s’entend. Il faut croire que la maternité mène à tout, puisque c’est la maternité qui a amené la jeune femme à s’engager sérieusement sur le chemin qui se trouvait pourtant devant elle depuis sa tendre enfance, celui d’artiste peintre. La maternité entraîne pour beaucoup de femmes une redéfinition de soi. Il en est de même pour Katka qui, depuis aussi loin qu’elle se souvienne, a toujours dessiné. Elle termine maintenant un diplôme en Beaux-Arts à l’Université Concordia.
Ses toiles
Une des premières choses qu’elle m’a avouée, c’est qu’elle est émotive et que ce qui l’habite, c’est de traduire l’émotion sur la toile. C’est à cela qu’elle travaille et c’est à travers cela que son style se développe. Quand elle aborde un tableau, elle ne sait trop où les coups de pinceau vont la mener. Sans qu’elle en soit consciente, sa toile devient sa confidente. Ce n’est qu’après l’avoir terminée qu’elle comprend ce qu’elle avait besoin de communiquer.
Sa démarche, telle qu’elle la décrit elle-même, c’est l’exploration de la vulnérabilité et de l’émotion vues à travers le prisme de la maternité. Elle est fascinée par le contraste entre ce qu’on choisit de montrer et ce qu’on choisit de cacher. Les contraintes imposées aux femmes et celles qu’elles s’imposent, leur rôle dans la société, ce qui leur est acquis, ce qui leur est inné, sont au cœur de son inspiration. Elle traduit ces éléments dans un mélange de figuratif et d’abstrait. Quand on regarde une de ses toiles, on ne peut qu’admirer sa témérité, le courage qu’elle a de se donner totalement à son œuvre.
Au cours de notre entretien, elle a souvent mentionné un besoin encore inassouvi d’écrire, de décrire ce qu’elle ressent, ce qu’elle voit devant sa toile terminée. Ce qui m’amène à penser que tout se tient dans sa création.
Ses illustrations
C’est une illustratrice de talent quoiqu’une illustratrice à l’envers. Normalement, une illustratrice imagine des images à partir d’un texte donné alors que dans son cas c’est l’inverse. Elle crée des images qui pourraient bien devenir des contes. Son inspiration part de son imagination, de questions qu’elle se pose, comme par exemple ; à quoi rêvent les ours ? Je soupçonne que quand elle aura apprivoisé l’écriture, son imagination pourrait bien prendre la forme d’un livre.
Exposition
Elle exposera cet automne, à Arts Sutton, en même temps que Liz Davidson qui fut, pour elle comme pour tant d’artistes, son mentor. J’ai hâte de voir ses toiles sur les murs de l’espace Claire Léger. Ce sera sa première exposition et quel bonheur de pouvoir créer cet événement.
Vous pouvez aussi découvrir son univers en visitant www.katkaland.com pour ses illustrations et www.katkahubacek.com pour ses peintures.
Andrée Pelletier