Brasserie Bad Bones

Un texte de Laurence-Michèle Dufour

Paru dans le numéro

Publié le : 20 février 2025

Dernière mise à jour : 20 février 2025

 

Le projet de la Brasserie Bad Bones fait déjà beaucoup jaser dans le monde brassicole. Nous vous invitons à découvrir ici leur histoire et leurs produits.

Les quatre co-propriétaires : Gillian Greenberg, Éloïse Audet-Cloutier, Zack Heuff et David Heuff. Photo fournie

Par une belle journée enneigée, je me plonge dans la lecture du blogue de Zack Heuff, brasseur et copropriétaire de la Brasserie Bad Bones. Une entrevue virtuelle est dans les cartes en début de soirée avec sa conjointe, Éloïse Audet-Cloutier, l’une des trois autres partenaires de l’entreprise, et lui. Cette lecture préalable me semble à-propos pour tenter de mieux comprendre l’origine de ce projet. Malgré à peine quelques mois d’existence, celui-ci fait déjà beaucoup jaser dans le monde brassicole. Il faut savoir que toute l’image de marque des produits de Bad Bones fait référence à la série d’épreuves que Zach vient de traverser. Le jeune homme revient de loin. 

Near Death Experience

Dans ses nombreuses publications, il livre de façon détaillée l’expérience de mort imminente qu’il a vécue il y a maintenant trois ans. En janvier 2022, une plaque de glace noire dissimulée sous la neige lui fait perdre le contrôle de son véhicule. Il entre aussitôt en collision avec un 18-roues qui roule dans la direction opposée. Dans son blogue, Zach documente tout le parcours de sa réadaptation physique et psychologique. Un réel exutoire pour le miraculé. « Ça fait du bien de juste tout sortir, de déposer ça dans le monde. Ça a été comme une thérapie. Je sais que ce n’est peut-être pas facile à lire, j’ai mis beaucoup de détails à certains moments », précise-t-il. Âmes sensibles s’abstenir, certains passages peuvent en effet donner froid dans le dos.

Le trajet sur lequel s’est produit cet accident tragique, Zach le faisait matin et soir depuis près de deux ans. Tout juste avant la pandémie, il fait l’acquisition avec Éloïse d’une propriété à Stanbridge East. Bien qu’en amour avec sa nouvelle région, il n’est pas prêt à renoncer à son emploi chez Brewskey, à Montréal, où il fait ses armes de brasseur. Même si le va-et-vient incessant n’est pas idéal, cette situation temporaire lui donne, à l’époque, l’impression d’avoir accès au meilleur des deux mondes.

Photo fournie

Coma

Au réveil de son séjour dans le coma, une certitude s’ancre en lui : l’envie de vivre pleinement. Il a envie de faire les choses comme il l’entend, conscient de tout le travail qui l’attend. Il ponctue ses séances de réadaptation de lectures pointues sur la chimie de la bière et la composition de l’eau. Au bout de plusieurs mois, on lui annonce qu’un retour progressif au boulot est désormais possible. L’idée de refaire le trajet Stanbridge-Montréal matin et soir pour un quart de travail de trois heures lui apparaît absurde. Une entente avec la SAAQ lui permet plutôt d’opter pour une forme de stage qu’il rêve de poursuivre depuis longtemps.

Zach frappe aussitôt à la porte de la Brasserie Dunham, où le maître-brasseur, Éloi Deit, l’accueille à bras ouverts. Il y poursuit bientôt l’aventure à temps plein. Lorsqu’il confie à son nouvel employeur ses ambitions de brasser sa propre bière, à une époque où l’offre du milieu brassicole est saturée, une solution des plus originales sera imaginée par les deux parties.

Swerve

Dans la brasserie située au cœur du village de Dunham, Bad Bones bénéficie aujourd’hui d’un espace de 450 pieds carrés en location pour brasser sa propre ligne de bières. « C’était très important pour moi que ce ne soit pas du brassage sous contrat. Que ce soit deux projets séparés », explique Zach. La bière en fût est servie au pub et les canettes, vendues en boutique, mais pour préserver une certaine indépendance, il y installe son propre système de brassage. Des cuves plus modestes que celles en place permettent de plus petites productions. Et même s’il profite du générateur de vapeur, de l’électricité et de toutes les installations d’entreposage de la Brasserie Dunham, il n’utilise toutefois pas la même eau. « Nous avons un système d’osmose inversée », ajoute le passionné. 

Le modèle d’affaires de Bad Bones se base sur des mises en vente fréquentes de petites quantités de produits, différents chaque fois. Zach se concentre sur les IPA, qu’il affectionne particulièrement. En plus de sa conjointe, qui gère les finances de l’entreprise, il est épaulé par son frère, qui assure une forte présence sur les médias sociaux par l’entremise de vidéos rythmées, et de sa belle-sœur, responsable du design graphique de l’entreprise.

La petite équipe tire son épingle du jeu avec ce nouveau modèle. Celui-ci leur permet de s’amuser avec une moindre prise de risque. Mais les quatre partenaires continuent de rêver au jour où ils auront, à leur tour, leur propre salle de dégustation. Pour l’instant, vous pouvez les trouver en tout temps au pub et dans la boutique de la Brasserie Dunham. Pour plus de détails, visitez www.badbonesbeer.com ou les pages Facebook et Instagram.

Laurence-Michèle Dufour