Le Domaine Dumont
Un texte de Claude Boucher
Paru dans le numéro Automne/Fall 2021
Publié le : 26 août 2021
Dernière mise à jour : 26 août 2021
Un site enchanteur avec une vue vers les Appalaches à couper le souffle, un vignoble en terrasse comme il y en a peu au Québec, des bâtiments magnifiques remplis d’antiquités uniques, le Domaine Dumont, auparavant connu sous le nom de Chapelle Ste-Agnès, est en lui-même une véritable collection de superlatifs.
Un trésor estrien à (re) découvrir
Un site enchanteur avec une vue vers les Appalaches à couper le souffle, un vignoble en terrasse comme il y en a peu au Québec, des bâtiments magnifiques remplis d’antiquités uniques, le Domaine Dumont, auparavant connu sous le nom de Chapelle Ste-Agnès, est en lui-même une véritable collection de superlatifs. Niché à quelques pieds à peine de la frontière entre le Québec et le Vermont, le Domaine Dumont est situé sur la route Scenic à Sutton, route qui porte d’ailleurs très bien son nom. Après l’interruption des opérations suite au décès de l’ancienne propriétaire, Benoit Dumont et sa conjointe Louise Laporte relèvent le défi de redonner vie à l’impressionnant domaine créé par Henrietta Anthony, une immigrante tchèque arrivée au pays avec à peine quelques dollars en poche.
C’est d’ailleurs l’exploit de madame Anthony que Benoit Dumont souhaitait perpétuer, lorsqu’il a acquis l’incroyable propriété l’année dernière. Au-delà de la chapelle Ste-Agnès, une œuvre architecturale construite selon les règles de l’art de l’Europe de la Renaissance pour durer des siècles, c’est l’ensemble du domaine qui a séduit l’entrepreneur en construction et fondateur du fabricant de vélos électriques Téo Vélos.
« Ce que je veux, c’est de restaurer le site, de remettre ça sur pied. C’est un patrimoine intéressant, il y a toute une histoire derrière ça, inédite au Québec. Cette femme qui a consacré sa vie à vivre son rêve. Elle a voulu faire un site magnifique. C’est un projet colossal. »
Antiquaire renommée, Henrietta Anthony avait acquis au fil des ans quantité d’œuvres et de pièces uniques, dont une bonne partie a été incluse lors de la vente du domaine. Benoit Dumont souhaite donc donner tout leur sens à ces objets d’une valeur patrimoniale et historique inestimable.
Un projet touristique
En prenant la relève, Benoit Dumont s’est donc d’abord attaqué aux bâtiments et aux différentes infrastructures du domaine.
« On a remis quelques millions de dollars dans l’endroit depuis que j’ai acheté. Plomberie, électricité, chauffage géothermique, revêtements extérieurs, toitures; on a tout refait. On a restauré, mais on a conservé l’essence du projet initial, grâce à ses écrits, ses croquis. Son urne funéraire est encore ici, dans la chapelle. C’était sa volonté. »
Pour l’instant, le Domaine Dumont offre des visites guidées du site, visites qui en soi valent amplement le déplacement. Il a aussi ajouté une boutique dédiée aux vélos Téo, pour permettre aux gens de l’Estrie de prendre livraison de leur achat et aux curieux d’en faire l’essai. Mais il précise que si le projet est touristique, l’objectif n’est pas d’en faire un site récréotouristique de location de vélos électriques. Les Téo vélos n’y sont donc que pour compléter l’offre, qui inclut de magnifiques chambres hôtelières dont la déco est à l’image du reste du site.
Un vin qui se fait prier
Le vignoble demeure pour Benoit Dumont le centre de tout. Construit en terrasse dans un demi-cercle qui permet, lorsqu’on atteint le bas de la cuvette, d’admirer tout le grandiose du site. Il est unique au Québec. Le principal produit du vignoble : un vin de glace haut de gamme. Soignées à la main, les vignes débordent de raisins. Elles ont bien survécu aux gelées du début de l’été qui ont affecté bien des vignobles, en raison du microclimat de l’endroit.
Mais Benoit Dumont déplore les embuches administratives qui ne lui permettent pas encore de produire son vin. Toujours en attente des permis nécessaires, il ne peut même pas embouteiller les quelques 10 000 bouteilles qui dorment dans les cuves.
« Tout ça est en cuve. Le vin est excellent, il a été vérifié par deux laboratoires différents. Il a été goûté par des professionnels français qui étaient même prêts à l’acheter. La Société des alcools ne veut pas que je le vende, parce que la réglementation ne prévoit pas un truc comme ça. La succession ne veut pas l’embouteiller, moi je veux bien l’embouteiller, mais je ne peux pas. Présentement, on me refuse le permis. Ça me choque, parce que les gens viennent ici, viennent visiter et je ne suis pas capable de leur offrir du vin. »
Le propriétaire du Domaine Dumont espère qu’à défaut de pouvoir profiter de la saison touristique, il pourra profiter de la saison des vendanges.
« Il y a un espoir pour septembre, pour la saison des couleurs. Les gens adorent la visite, mais se demandent pourquoi je ne peux pas leur offrir de vin. »
Benoit Dumont déplore aussi que contrairement à d’autres produits agricoles ou même à la bière, les règles en place limitent la possibilité des vignerons à s’entraider. Et à s’échanger raisins, équipements et vins. Mais il reste confiant. Il estime que tôt ou tard, les visiteurs pourront de nouveau goûter à ce nectar, fruit du projet fou d’une immigrante tchèque. Et de la vision elle aussi un peu folle de Benoit Dumont de le perpétuer.
Pour plus de renseignements, visitez leur page Facebook ou www.chapellesteagnes.ca.
Claude Boucher