L’École d’art de Sutton

Un texte de Nathalie Rivard

Paru dans le numéro

Publié le : 22 février 2020

Dernière mise à jour : 22 octobre 2020

 

Mixer sur une même palette, la créativité des artistes aux couleurs de l’enfance, voilà ce que propose une résidente de Sutton avec son projet audacieux. Anne-Marie Lavigne a les yeux remplis d’étoiles quand elle parle de l’École d’art de Sutton, un projet novateur qui prend tranquillement forme dans l’ancienne Laiterie Boulanger de la rue Principale….

École d'art de Sutton

Camp d’art culinaire 2019 à l’École d’art de Sutton. © Anne-Marie Lavigne

Mixer sur une même palette, la créativité des artistes aux couleurs de l’enfance, voilà ce que propose une résidente de Sutton avec son projet audacieux. Anne-Marie Lavigne a les yeux remplis d’étoiles quand elle parle de l’École d’art de Sutton, un projet novateur qui prend tranquillement forme dans l’ancienne Laiterie Boulanger de la rue Principale.

À l’époque, la famille Boulanger s’est inscrite dans l’histoire de Sutton en créant une laiterie. Grâce à sa prospérité, elle a pu lancer ensuite le projet un peu fou d’ouvrir un centre de ski, malgré le fait qu’il n’y avait pas de route principale pour s’y rendre.

Anne-Marie a aussi de grands plans pour l’École d’art de Sutton. Son concept unique au monde devrait permettre à la ville de continuer de se démarquer, tout en ayant un impact positif sur les familles de la région et d’ailleurs. Pourquoi avoir choisi Sutton ? Entre autres, parce que selon un sondage datant de 2006, Sutton était considéré comme la ville la plus artistique au Québec et que les artistes, le village et la région sont donc un terreau fertile aux échanges et aux partages entre les artistes et les enfants. C’est sans oublier la vue des montagnes et la proximité avec la nature, la forêt et la rivière pour se ressourcer, et ce, à distance de marche du village.

Ce projet, Anne-Marie en rêvait. Elle raconte que la chanson de Bob Dylan Gotta serve somebody en a même été un point de départ, car elle s’est posé la question, qui devait-elle « servir ». C’est devenu très clair dans sa tête que c’était les enfants. Œuvrant déjà dans le milieu des arts et maman de deux enfants, Henri et Charlotte, elle croit que dans une société où on investit beaucoup d’argent dans le militaire et l’armement, il faut aussi investir dans des solutions pour le mieux-vivre ensemble.

L’École d’art va donc se pencher sur le monde de l’enfance comme un terrain de jeu immense pour trouver des solutions et innover. Sans les contraintes familiales et financières qu’ont les adultes, qui parfois sont des freins à la créativité, les enfants arrivent souvent avec des solutions rafraîchissantes à des problèmes auxquels on en trouve peu.

À l’École d’art, les artistes seront donc au service des idées des enfants et non l’inverse. Le travail se fera en dialogue, en co-création et en co-design. « Il n’y a rien de plus gratifiant pour un enfant que de voir son projet se réaliser par des mains expertes, des matériaux professionnels et exposé de façon muséale » nous explique Anne-Marie. Cette tendance s’inscrit bien dans celle du Lab-École, piloté entre autres par l’architecte Pierre Thibault, où les enfants font partie intégrante de la conversation. L’été dernier, les jeunes ont d’ailleurs été invités à créer des pavillons dont un projet a été choisi et réalisé par l’équipe de M. Thibault.

Avec son camp d’été à la laiterie, son camp d’architecture où les jeunes ont conçu des maquettes de leur vision de ce à quoi pourrait ressembler l’École d’art, on sent déjà que le projet a un potentiel immense autant pour les artistes, les enfants, leurs parents, que pour tous les résidents. Dès ce printemps, on y trouvera une programmation trois saisons, dont un camp d’architecture du paysage qui s’ajoutera au camp de jour d’art pendant d’été, ainsi que des activités pendant les fins de semaine pour les résidents et les villégiateurs.

Anne-Marie veut créer un milieu vivant où les enfants, les artistes et les visiteurs pourront explorer plusieurs formes d’art. Cela inclura les arts de la table, car dans le cadre du camp d’été, tous les midis font place à un lunch commun avec des paniers fermiers. Les enfants peuvent donc profiter de cette pause structurante pour participer aux tâches et comprendre le lien entre ce que l’on mange et la nourriture cultivée localement. Alors, pas de boîtes à lunch avec des sandwichs tristounets préparés à la va-vite ! Un chef sur place prépare chaque repas et s’assure que la nourriture soit aussi bonne qu’appétissante. Si l’art est la nourriture de l’âme, les arts de la table et ce que l’on mange alimentent notre créativité.

En plus des activités d’art, Anne-Marie pense à créer des sentiers pour permettre la mobilité durable et créer plus de liens avec la nature. Les enfants et les grands pourront les utiliser. Des pourparlers à cet effet sont en cours avec la ville de Sutton pour explorer les différentes options.

Pour Anne-Marie Lavigne, l’École d’art de Sutton n’a pas à être confinée à un seul endroit, mais l’ancienne Laiterie Boulanger en sera son camp de base où on viendra autant en résidence d’artiste, que pour faire de l’art ou l’admirer. Grâce à de grands espaces aménagés en galeries, on pourra y exposer les créations et les co-créations des enfants. D’autres activités comme des projections extérieures, des cours de cuisine et même des espaces de coworking devraient éventuellement y être offerts.

L’atelier d’architecture In Situ qui a réalisé l’étude préliminaire des espaces en concevra les plans finaux. Un projet qui les anime au plus haut point. Comme la réalisation de l’École d’art nécessitera un apport financier important, elle aura lieu en plusieurs étapes qui seront échelonnées sur une période de quelques années. Bien entendu, les lieux seront actualisés et non complètement détruits pour qu’il y ait un pont avec le passé.

Anne-Marie croit que la métamorphose de l’endroit doit garder la trace du passage de la laiterie qui a été un moteur économique pour la région et qui fait partie intégrante de l’histoire de Sutton. Elle espère aussi que l’École d’art de Sutton s’inscrive dans l’histoire de la région et qu’elle devienne une source d’inspiration pour d’autres villes et régions. Un projet porteur de sens qui redonne ses lettres de noblesse à l’enfance et qui permet aux plus vieux de s’en inspirer. Laissons les enfants nous dessiner un avenir.