La Ferme 45e Parallèle

Un texte de Marc Chapleau

Paru dans le numéro

Publié le : 10 août 2022

Dernière mise à jour : 10 août 2022

 

À la Ferme 45e Parallèle de Stanbridge East, Étienne Gosselin et Sylvie Naud font pousser des vignes qui produisent des raisins de table.

Ferme 45e Parallèle
Étienne Gosselin, agronome et journaliste. Photo François Perras

Je ne sais pas pour vous, mais moi, quand j’ai appris qu’il se consommait au Québec plus de raisins que de fraises, de framboises ou de bleuets, je suis tombé des nues. Plus surprenant encore : il n’y a encore chez nous qu’une poignée de producteurs de raisins de table, la quasi-totalité de ce que nous consommons est donc le fruit de l’importation. Heureusement, de valeureux agriculteurs québécois veillent au grain, comme Étienne Gosselin à la Ferme 45e Parallèle.

Établi à Stanbridge East, à la sortie du village, sur la 202, en direction de Bedford, cet agronome aussi journaliste exploite depuis 2016 avec sa mère et partenaire la Ferme 45e Parallèle. L’endroit abrite aujourd’hui au-delà de 1 500 vignes sur un acre et demi de terrain. Et quand le principal intéressé décrit ses variétés, il donne carrément l’eau à la bouche : « Nos raisins rouges Somerset, le cépage le plus populaire au Québec, goûtent les jujubes aux fraises ; nos raisins bleus Trollhaugen rappellent les arômes de tabac et d’épices ; nos raisins verts Himrod sont parfumés au miel et à la tarte au citron […] »

Clin d’oeil

Pourquoi, cela dit, ce nom de Ferme 45e parallèle ? Quel rapport avec la production de raisins ? « C’est un clin d’œil », explique Étienne Gosselin, 45 ans, qui a passé sa jeunesse en Estrie et notamment à Brigham. « D’abord parce que la frontière avec les États-Unis est proche. Mais c’est aussi une sorte de coup de chapeau à Bordeaux, située à la même latitude et une grande région viticole ». Puis, sur une note plus sérieuse : « J’aime beaucoup la géographie, l’histoire. Je voulais un nom qui nous ancre dans le paysage… »

Ferme 45e Parallèle
Quelques variétés de raisins de table: verts Himrod, bleus Trollhaugen et rouges Somerset.

Le terroir dans la peau

S’ils ont commencé à planter en 2016, la première récolte commerciale n’a eu lieu qu’en 2020. « Les grappes poussaient avant, souligne-t-il, il y avait des fruits, mais à dessein on ne les favorisait pas, je voulais que les vignes prennent d’abord le temps de bien s’enraciner. »

Aujourd’hui, après une mésaventure en 2021 – sévère gel printanier, pratiquement pas de récolte –, c’est chose faite. De la mi-août à la fin septembre, les consommateurs peuvent donc se rendre sur place la fin de semaine et acheter des grappes ou faire de l’autocueillette. Puisqu’il a toutes les chances d’être sur place, on pourra en profiter pour poser des questions au viticulteur, un communicateur hors pair.

Pour autant, l’exploitation ne roule pas sur l’or… « On n’a qu’un demi-hectare en production, alors que pour être rentable, il en faudrait six à huit fois plus. Et puis, même pour une petite exploitation comme la nôtre, cela demande tellement d’investissement en machinerie, en temps, en personnel… » D’où, notamment, les multiples métiers encore exercés, avec grand plaisir précise-t-il, par Étienne Gosselin, dont celui de recherchiste pour l’émission de télé Arrive en campagne depuis huit ans. Par ailleurs, dans la mire des artisans du 45e Parallèle, l’achat éventuel d’autres parcelles, la certification bio, la construction d’un bâtiment de ferme et l’ouverture d’un gîte viticole, projet qu’Étienne a à cœur depuis le début.

À la Ferme 45e Parallèle de Stanbridge East, Étienne Gosselin et Sylvie Naud font pousser des vignes qui produisent de délicieux raisins de table.
Sylvie Naud, partenaire responsable de la commercialisation des raisins de table.

Esprit de famille

Si sa mère et associée, Sylvie Naud, veille encore au volet commercialisation de leurs activités, Étienne Gosselin touche à tout. C’est lui le maître d’œuvre. Quoique, au début, en 2016, le mari de Sylvie et père d’Étienne était aussi partie prenante de l’aventure, avant qu’un cancer ne vienne brouiller les cartes, en 2018.

D’ailleurs, quand on arpente les rangs de vignes à Stanbridge, on remarque une sorte d’inukshuk, un monticule de pierres à apparence humaine édifié exprès par Étienne Gosselin. « C’est mon père, qui veille sur nos vignes… »

Ouvrez l’œil aux marchés de Sutton et de Frelighsburg cet automne pour découvrir leurs raisins de table. Et visitez leur page Facebook pour connaître les heures d’ouverture à la ferme. 

Marc Chapleau