La Ferme du Haut-Vallon

Un texte de Geneviève Hébert

Paru dans le numéro

Publié le : 21 août 2017

Dernière mise à jour : 1 novembre 2020

 

La Ferme du Haut-Vallon se situe en haut de la côte du chemin Dunham sur une terre de 125 acres qui inclut, outre la maison et les bâtiments de ferme, un verger, des pâturages et beaucoup de forêts. C’est l’entreprise familiale de Denise Bélanger et de Pierre Jobin, épaulés principalement par leur fille Jasmine, mais…

Pierre Jobin, Denise Bélanger, Nicholas et Jasmine Bélanger-Gulick (crédit photo Alain Desjean)

Pierre Jobin, Denise Bélanger, Nicholas et Jasmine Bélanger-Gulick (crédit photo Alain Desjean)

La Ferme du Haut-Vallon se situe en haut de la côte du chemin Dunham sur une terre de 125 acres qui inclut, outre la maison et les bâtiments de ferme, un verger, des pâturages et beaucoup de forêts. C’est l’entreprise familiale de Denise Bélanger et de Pierre Jobin, épaulés principalement par leur fille Jasmine, mais aussi par leur fils Nicholas, plusieurs membres de la famille et amis. Cette ferme, élément rassembleur sans équivoque, est un petit laboratoire de recherche et d’expérimentation pour les idées qui foisonnent dans cette famille hors du commun.

Après des études en agronomie à McGill, quelques années à enseigner la pomiculture à l’ITA de Ste-Hyacinthe et à travailler au développement de l’agriculture biologique au Québec, Pierre est revenu au bercail avec l’envie de faire les choses autrement. Mais il précise d’emblée : « Peu importe le type d’agriculture, année après année, les défis se renouvellent. Le seul fait de gagner sa vie en agriculture demande le respect. » Pierre en sait quelque chose puisque sa famille cultive la pomme à Frelighsburg depuis les années 30.

Donc, en 2005, lui et sa conjointe, Denise, médecin vétérinaire (aujourd’hui encore professeure à la faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal), avaient la même envie de revenir à la terre, mais d’y revenir de la façon la plus écologique possible. Ils y ont mis et y mettent encore beaucoup de cœur, de temps, de patience et de réflexion. Car faire les choses autrement implique, entre autres, d’avoir à trouver de nouvelles solutions à de vieux problèmes.

Denise explique : « Souvent, les gens pensent que de faire du biologique, c’est de laisser la nature aller. Mais les productions biologiques nécessitent quand même des interventions. La prévention est toujours prioritaire, et lorsque des traitements s’avèrent nécessaires, les produits permis dans le cadre de la certification biologique tendent à avoir le moindre impact sur le milieu (ex; argile, bicarbonate de potassium, etc.). » Puis, elle précise : « Faire du bio pose ses difficultés, mais il existe aujourd’hui de plus en plus d’outils qui rendent la production possible avec une bonne efficacité. Cependant, des défis restent à être relevés; il faut constamment innover. »

Même son de cloche du côté de l’élevage de l’agneau d’herbe. Il ne s’agit pas seulement de laisser les animaux vaquer à leur gré dans les pâturages. L’horaire est réglé au quart de tour : introduction des béliers, gestation, agnelage, préparation des pâturages, déplacement des clôtures. L’entretien des prairies est judicieux, car la variété des plantes doit être diversifiée et de qualité afin d’apporter tous les nutriments nécessaires à la santé des bêtes, à l’allaitement et à la croissance des agneaux. L’espace de pâturage alloué aux animaux est soigneusement délimité et doit être redéfini régulièrement afin d’assurer une croissance optimale des fourrages et une gestion du parasitisme. La viande de l’agneau produit à l’herbe a tendance à être moins grasse, mais ce mode d’élevage prend plus de temps qu’un élevage conventionnel. Par contre, c’est une excellente façon de valoriser le milieu; une terre agricole sur un cap de roche, moins propice aux grandes cultures. De plus, un tel élevage associé à une diversité de cultures est intéressant puisque le fumier des animaux permet de maintenir la fertilité du sol avec un faible apport d’intrants.

L’innovation, pour la famille Bélanger-Jobin, est un mode de vie, voire une « déformation professionnelle » puisque tous ont fait ou font encore de la recherche dans leur domaine respectif. Sur la ferme, Denise et Pierre participent à toutes sortes de projets de recherche, notamment avec l’IRDA[1], le CETAB[2] et le CEPOQ[3]. Champignons entomopathogènes (insecticide biologique), bandes de fleurs pour la biodiversité fonctionnelle en verger, huiles essentielles pour la gestion de l’herbe sous les pommiers, gestion intégrée du parasitisme chez les moutons : la ferme du Haut-Vallon contribue activement à l’innovation en matière d’agriculture biologique. Je dirais même qu’ils sont une référence pour ce type d’agriculture au Québec et ailleurs, car Pierre Jobin est consultant en agroécologie avec l’Union des producteurs agricoles en développement international (UPA DI). Il accompagne des communautés agricoles des pays du Sud à développer une agriculture performante et respectueuse de l’environnement.

Au niveau local, la famille aussi est bien impliquée. Pierre fut co-fondateur de Vitalité Frelighsburg, organisme sans but lucratif qui aide à la réalisation de projets citoyens mobilisateurs. Il a, entre autres, contribué à la mise en place du label Le Goût de Frelighsburg, auquel la Ferme du Haut-Vallon adhère. Denise est membre du conseil d’administration de la Fiducie du Pinacle. Jasmine, leur fille de 27 ans (revenue à la ferme après des études en sciences politiques à l’université de Waterloo, Ontario), est co-présidente de Vitalité Frelighsburg. Comme ses parents, l’hiver, Jasmine retourne aussi à ses autres moutons : la recherche universitaire. Quand on dit que la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre…

Nicholas, le fils, est diplômé en arboriculture-élagage et passionné des arbres. Je suis certaine qu’il saura bientôt mettre à profit son expertise au sein de la ferme, car Pierre et Denise aimeraient valoriser le bois de niche local tout en conservant les semenciers, la diversité faunique et floristique de la forêt. Avec d’autres collaborateurs, ils tentent de créer un réseau local comprenant propriétaires de boisés, ingénieurs, travailleurs forestiers et artisans menuisiers afin de promouvoir une foresterie écosystémique. Pas étonnant quand on apprend qu’à Frelighsburg, la forêt représente autour de 75% du territoire. Comme vous pouvez le constater, à la Ferme du Haut-Vallon, ce n’est pas les projets qui manquent!

Ainsi, si vous passez au kiosque de la Ferme du Haut-Vallon, situé au 37 chemin Dunham à Frelighsburg, vous y trouverez toutes sortes de produits, selon la saison : pommes, jus de pommes frais, fleur d’ail, ail et moût de pommes certifiés biologiques, agneau d’herbe, œufs, sirop d’érable et bois de chauffage. Parmi les variétés de pommes bios offertes au kilo ou au minot (35 lbs), on y trouve les célèbres Honey Crisp, Paulared et Spartan, mais aussi des variétés moins connues, telles que Pitchounette, Belmac, Topaz, Ariane et Rubinola, toutes de bonnes pommes à croquer.

Leurs produits sous certification biologique peuvent aussi être retrouvés aux kiosques des Bio Locaux (marchés Atwater et Jean-Talon), au Marché Tradition de Frelighsburg et ponctuellement au marché fermier local.

Pour plus d’informations, appelez au (450) 298-1157 ou écrivez à haut-vallon@hotmail.com.

[1] Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA)

[2] Centre d’expertise et de transfert en agriculture biologique et de proximité (CETAB)

[3] Centre d’expertise en production ovine du Québec (CEPOQ)