Sauf quand je suis un aréna

Un texte de Geneviève Hébert

Paru dans le numéro

Publié le : 15 novembre 2022

Dernière mise à jour : 15 novembre 2022

 

Inspirée entre autres par la région et par ses personnages, Frédérique Marseille nous livre un récit à la fois intime et désopilant.

Frédérique Marseille, Sauf quand je suis un aréna Les Éditions de ta mère, 176 pages

Les gens de la région connaissent Frédérique Marseille comme étant l’âme du Backbone, centre d’escalade qu’elle a ouvert à Bromont avec sa famille il y a quatre ans et demi. Entrepreneure et artiste engagée, Frédérique brille par son entregent, sa créativité et sa pétillante personnalité qui tapissent notamment les murs des réseaux sociaux du Backbone et de son projet 1001 fesses. Mais cette hyperactivité occulte un côté plus solitaire et introspectif. « Écrire, c’est un peu mon petit secret », me dit-elle. « Je n’ai pas étudié en création littéraire et je n’ai jamais été lu avant. » Celle qui a étudié en histoire de l’art écrit depuis toujours, mais elle dissocie visiblement sa verve littéraire de celle, plus vernaculaire certes, présente sur les réseaux ou dans les sympathiques infolettres du Backbone. 

Après avoir lu son premier opus, on saisit mieux pourquoi. La narratrice nous amène hors des projecteurs, dans les estrades, loin de l’univers ultracoloré du Backbone. Elle nous fait glisser dans un monologue intérieur qui fait des circonvolutions autour de thèmes pas si hop-la-vie dont celui du deuil, de l’horloge biologique et de la solitude. Le tout réverbéré par l’univers froid d’un aréna et la distance que la narratrice entretient avec les gens qui l’entourent. Un accident viendra la sortir lentement de sa torpeur. Malgré des thèmes existentiels, Frédérique Marseille réussit tout de même à chorégraphier un récit désopilant, truffé d’improbables associations d’idées.

Questionnée sur ses projets d’écriture, il y en aura d’autres, assurément. « J’ai plein de projets tout le temps dans mon ordi. Des scénarios qui dorment, des essais, de la poésie. En ce moment, je partage de petits textes sur Instagram sur c’est quoi être une femme dans notre monde. » Elle mentionne également un projet avec sa cousine, Éloïse Marseille, qui a publié la BD Confessions d’une femme normale au printemps. Dans les prochains mois, elle ira aussi poursuivre son projet 1001 fesses au Cambodge, pour y promouvoir la diversité corporelle. Sans compter qu’elle compte toujours ouvrir un Backbone dans les Laurentides. Voilà sûrement pourquoi suivre ou lire Frédérique Marseille, sur n’importe quelle plateforme, n’est jamais plate. 

Geneviève Hébert