Le joyau acoustique de Glen Sutton

Un texte de Anne Lauber

Paru dans le numéro

Publié le : 19 novembre 2015

Dernière mise à jour : 3 novembre 2020

 

Petite neige intermittente, nous longeons le chemin de la rivière Missisquoi. Il fait déjà presque nuit. La cloche sonne. Il faut faire vite. Telle une carte de Noël dans un livre pour enfants, la chapelle est là, chaleureuse, accueillante. Déjà, le public se dirige vers l’entrée. Tout en remontant le sentier, je me demande comment…

L’église Good Shepherd de Glen Sutton

Petite neige intermittente, nous longeons le chemin de la rivière Missisquoi. Il fait déjà presque nuit. La cloche sonne. Il faut faire vite. Telle une carte de Noël dans un livre pour enfants, la chapelle est là, chaleureuse, accueillante. Déjà, le public se dirige vers l’entrée. Tout en remontant le sentier, je me demande comment une chorale, un harmonium, deux pianos et des solistes pourront se tenir ensemble sur la scène. Une formation de cette envergure ne sera-t-elle pas excessive au niveau sonore? La salle peut contenir environ 120 personnes. Ce n’est pas la première fois que j’assiste à un concert ici, mais jusqu’à ce jour, on ne parlait que de musique de chambre, maximum 5 ou 6 personnes.

Ce soir, Marika et Miklos ouvrent leurs portes pour accueillir le Chœur de l’UQAM, le public de Sutton et des environs. Ils sont là, souriants. La salle est pleine. Les boiseries, les vitraux, la simplicité des lieux, le charme du passé omniprésent dans les murs et le décor créent une ambiance feutrée, calme, relaxante. Les églises ont une histoire, les murs s’en souviennent et nous parlent. Nous sommes dans un autre lieu, dans un autre monde. Le temps s’arrête.

Présentation des artistes, la chorale se dirige sur scène. Le chef Miklos Takacs donne le signal de départ et la magie commence. L’acoustique est incroyable. Une acoustique qui s’adapte! Que la salle soit pleine ou à moitié pleine, ce n’est jamais ni trop fort, ni trop doux. Qu’on soit assis à l’avant ou à l’arrière, chaque note nous rejoint. Même si la scène est pleine à craquer, le son est tempéré. Rien ne nous provoque, rien ne nous attaque et rien ne se perd. Chaque note, chaque phrasé, chaque intonation arrivent à la fois en douceur et en force. La musique nous rejoint en amie, en complice, sans effort que ce soit triple fortissimo ou triple pianissimo.

Mais ce n’est pas qu’une salle de concert. C’est aussi un lieu de rencontres amicales. Je me souviens d’un souper gastronomique où, pour fêter l’anniversaire de Marika, Miklos a servi un cochon entier sans compter la cave à vin généreusement ouverte, et ce, dans l’église! Ce fut aussi une salle d’exposition où nous avons pu apprécier le talent de peintre de Marika et les affiches de concert de Miklos.

Nos amis ne sont plus. Organisé par la violoniste Natalia Kononova, un dernier hommage à ses anciens propriétaires a eu lieu à la chapelle lors du Tour des Arts cet été. Aujourd’hui, elle reste silencieuse et attentive, elle attend, elle espère, elle est disponible. Elle se souvient des mélodies, des applaudissements, de tous les bons moments et ne demande qu’à faire revivre l’esprit des arts, de la culture et de l’amitié entre ses murs.

Anne Lauber, D.Mus

Compositeur, chef d’orchestre

Les Cordes à Vent de Sutton

Esquisse de la chapelle historique Good Shepherd de Glen Sutton.

 

Cette ancienne église a été construite sous l’égide du révérend John Smith. L’église possédait un clocher, mais en 1971 la foudre l’ébranla et il fut enlevé. Aujourd’hui, l’église sert de salle de concert et le site est une propriété privée. Le bâtiment fut désacralisé en présence de nombreux fidèles anglicans de Glen Sutton en 1999.

L’église est de style néogothique pittoresque. Les fenêtres jumelées et les arcs brisés surélevés qui les couronnent sont les caractéristiques attribuées à ce style. La tour clocher latérale est aussi un élément néogothique pittoresque. À l’intérieur, les boiseries sont admirables par leur originalité et leurs fins détails. L’artisan de l’époque s’est appliqué à menuiser des moulures cordon, des portes à caissons, une voûte en berceau et une tribune découverte à balustres plats. Les planchers de pin ont été restaurés en 1991.

L’église est à vendre.