Myriam Bardoul, l’artiste à la une

Un texte de Andrée Pelletier

Paru dans le numéro

Publié le : 30 mai 2023

Dernière mise à jour : 30 mai 2023

 

Cet été, l'artiste multidisciplinaire Myriam Bardoul fait une rétrospective de sa longue carrière en arts visuels au Musée Bruck à Cowansville et participe à l'exposition extérieure Les articulés à Lac-Brome. Passez voir ses oeuvres, toujours d'actualité!

Secrets et mystères

Myriam Bardoul
Espoir, 2023, impression et collage, 35×30 cm

Elle me rappelle ces grands oiseaux qu’on voit en Afrique ou en Amazonie. Ces oiseaux dont la grâce et le vol si libre, nous font rêver. Au premier abord, Myriam Bardoul paraît être de nature réservée, modeste, respectueuse et possédant une part de mystère. Une part de mystère comme son art. Chaque toile semble contenir un secret, que ce soit dans l’émotion qu’elle suscite ou tout simplement dans sa composition visuelle. Elle peint de grandes œuvres qui émergent de couches superposées, de détails.

On y sent la recherche, la patience, l’émotion. Elle peint avec tout son corps, cherchant la couleur juste, le geste juste. Le secret qui se trouve dans ses toiles est celui qui finalement émane de son travail qu’elle qualifie de souffrant. Car pour Myriam Bardoul, la peinture est un art qui est souffrant à exercer, elle y met tout son cœur, toute son âme, cherchant ce qu’elle veut exprimer, ce que son inconscient va finalement lui dévoiler, le secret qui s’y trouve.

Une artiste «de son temps», contemporaine et actuelle

Ce que nous vivons, 2023, impression et collage, 35×30 cm

Elle est passionnée d’histoire, d’archéologie. Je lui parle de mon désir de peindre, de ma difficulté à traduire l’émotion provoquée par les migrants, la guerre. Toutes ces actualités qui, trop souvent, nous laissent indifférents. Elle me dévoile un autre secret, ceux qui se trouvent souvent dans ses œuvres. Une toile est inspirée de l’affaire des Panama Papers , une autre par la famille, etc. Les toiles sont abstraites, mais jamais sans intention. Je les regarde, maintenant que je sais, le thème me semble évident.

Un parcours et une oeuvre non-linéaire

Myriam Bardoul peint depuis l’âge de douze ans. Elle se souvient fort bien du moment où elle a décidé de se consacrer à la peinture. Armée d’une boîte de tubes d’huiles qu’elle avait achetés sans trop savoir pourquoi, c’est en peignant un portrait de sa sœur qu’elle prend la décision.

Quatre ans plus tard, elle quitte la Belgique pour les Cantons-de-l’Est. Sa famille, animée du rêve de posséder une ferme, s’installe non loin de la frontière qui nous sépare des États-Unis. Malheureusement, le rêve s’évanouit bien vite et la jeune femme doit se trouver du travail. Elle sera coiffeuse, secrétaire et j’en passe. Bientôt elle rencontrera son mari dont la mère et le père sont peintres et voilà que son coup de cœur de douze ans est ravivé. Myriam suivra des cours avec son beau-père. Avec les enfants qui arrivent et un mari encore aux études, la peinture telle qu’elle la pratique n’est plus vraiment possible, elle trouve donc mille et un moyen de créer. 

Sans titre, 2020, assemblage textile brodé
L’armure, médium mixte, bijoux d’argile polymère, 2023. Mannequin fait dans le cadre de l’exposition Les articulés de Knowlton.

Puis vers l’âge de 40 ans, elle va se rendre, deux fois par semaine, au Centre Saidye Bronfman à Montréal pour y suivre une formation en art. Elle avait besoin de peaufiner son art. Ensuite, elle s’intéresse à la fabrication de bijoux. Ces derniers gagnent en popularité et pour cause. Elle fait le Tour des Arts et le Salon des métiers d’art. Grâce à ses bijoux, elle peut se remettre à la peinture. 

Toujours active et pertinente

Mais aujourd’hui Myriam ne peint plus, elle ne fait plus de bijoux non plus, c’est fini. À 85 ans, celle qui fût de la naissance de bien des organismes en arts visuels de la région, cherche tout simplement à s’amuser. Elle travaille le monotype sur gélatine et il est évident, quand on voit ce qui en ressort, qu’elle s’amuse. Ses gravures sont légères, libres, toujours contemporaines. Oui, elle s’amuse encore et il reste toujours cette part de mystère dans ses œuvres, un mystère à préserver comme un joyau.

Elle aura cet été, au Musée Bruck à Cowansville, une rétrospective. C’est l’occasion d’aller voir un échantillon de sa prolifique carrière d’artiste multidisciplinaire. Passez voir l’expo, du 8 juillet au 2 septembre. Le vernissage aura lieu le samedi 8 juillet.

Andrée Pelletier

Photos Mikaël Theimer

Musée Bruck

225 rue Principale, Cowansville

Du jeudi au samedi, de 12 h à 16 h

Du 20 juin au 19 août, du mardi au samedi de 10 h à 16 h