Plantes sauvages comestibles

Un texte de Annie Rouleau

Paru dans le numéro

Publié le : 3 juin 2019

Dernière mise à jour : 1 novembre 2020

 

L’Été. Les couleurs. La nature qui vit, malgré nous, à son compte, produisant à sa guise ces plantes qui s’entraident, rivalisent, succombent, survivent. La résilience intrinsèque de la nature. Bon, je m’écarte déjà. Mon objectif étant de continuer le texte proposé au printemps, présentant des plantes sauvages comestibles. L’intérêt pour celles-ci semble gagner du terrain….

L’Été. Les couleurs. La nature qui vit, malgré nous, à son compte, produisant à sa guise ces plantes qui s’entraident, rivalisent, succombent, survivent. La résilience intrinsèque de la nature.

Bon, je m’écarte déjà. Mon objectif étant de continuer le texte proposé au printemps, présentant des plantes sauvages comestibles. L’intérêt pour celles-ci semble gagner du terrain. Il est important de bien garder en tête la préservation et idéalement le développement des ressources que nous récoltons pour que celles-ci demeurent disponibles et en sécurité. Plusieurs plantes délicieuses poussent sans doute déjà dans vos potagers, mais elles sont généralement vues comme des « mauvaises herbes ».

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Pourpier sauvage

C’est le cas du pourpier potager. Petite plante charnue très commune, poussant généralement au ras du sol. Elle aime le soleil et prolifère allègrement dans les sols travaillés, les plates-bandes, les chantiers de construction, les craques de trottoirs. La plupart des plantes sauvages comestibles doivent être récoltées à un moment précis de leur croissance, lorsque leur chair est tendre et délicieuse. Le pourpier se démarque du fait que ses tiges et feuilles ne deviennent jamais dures et fibreuses. Il peut être récolté durant tout l’été, même lorsqu’il fleurit. Comme il pousse tout près du sol, il est souvent terreux et nécessite un bon lavage. Il est bon tel quel, en salade ou comme verdure de sandwich. La cuisson fait ressortir un aspect mucilagineux peu agréable, sauf pour les amateurs de glu. Mais cru ! C’est fin, c’est très fin, ça s’mange sans faim, dixit l’Anémone.

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La stellaire

Une autre dans le même genre, la stellaire. Aussi appelée mouron des oiseaux, la stellaire a un goût de lait de maïs. Il existe environ 75 espèces de stellaire, la plus commune étant la stellaire moyenne, ou Stellaria media. Elle pousse dans le même genre d’environnement et un peu de la même façon que le pourpier, soit près du sol, loin de la compétition, en plein soleil, mais aussi à l’ombre si nécessaire. L’élément clé pour l’identifier est la fine ligne de poils sur un seul des côtés de la tige. Choisissez les extrémités tendres et non fleuries de la plante. L’utilisation d’un ciseau facilitera la récolte. Broutée comme ça en collation ou dans un sandwich, un burger, un wrap. Elle est aussi agréable comme élément « vert » dans un smoothie.

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La carotte sauvage

Quelques racines maintenant. On trouve la carotte sauvage dans les champs en jachère, les lieux négligés. Ses feuilles ressemblent beaucoup à celle de la carotte cultivée. Il est plus que primordial de bien l’identifier, car elle peut facilement être méprise pour la cigüe qui elle, est TRÈS toxique. Comme la plante est bisannuelle, il est préférable de récolter les racines à l’automne de leur première année. Comme elles sont assez petites, contentez-vous de bien les frotter sous l’eau et de les cuire vapeur, servies avec du beurre, ou avec d’autres légumes de votre choix.

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Salsifis sauvage

Une autre, jadis appréciée par nos ancêtres, le salsifis. Même principe de récolte que pour la carotte sauvage, le salsifis étant aussi bisannuel. Il peut facilement passer pour une graminée de par ses longues feuilles étroites. Il fait de jolies fleurs jaunes ou violettes que vous avez sans doute déjà vu dans les champs ou près des granges. Même famille que le pissenlit, donc même type de floraison et de boubous qui volent au vent. Lavez-les bien et ne les coupez qu’au tout dernier moment, car ils brunissent rapidement. Essayez-les en purée sur un pâté chinois ou en morceaux dans un pot-au-feu !

Vous êtes au bord d’un lac au mois d’août, les quenouilles abondent, leurs épis ne sont pas encore secs et vous ne craignez pas la vase ! Essayez ceci : longez l’extrémité de la tale, choisissez une tige mature et enfoncez vos mains dans la vase jusqu’au rhizome. Vous cherchez une tige latérale. Dès que vos mains en trouvent une, vérifiez qu’elle est pointue à son extrémité, sans boutons de nouvelle pousse. Il suffit maintenant de la casser le plus près du rhizome possible et de la sortir de la vase sans la briser. Rincez-les et enlevez les gaines plus foncées. Elles se mangent crues ou cuites comme les asperges.

Une autre plante d’eau vaut aussi une mention. Les tubercules de sagittaire, Sagittaria latifolia, sont comestibles et apparemment délicieux, si vous arrivez à les récolter. Il convient de les peler et de les cuire comme des pommes de terre. La purée de ces tubercules est réputée, mais je n’y ai jamais goutté.

Si vous avez récolté des feuilles de tussilage, comme je suggérais au printemps, essayez ceci : dans un bol de métal, déposer une poignée de feuilles séchées et y mettre le feu. Ajouter les autres feuilles au fur et à mesure qu’elles se consument. Laisser refroidir la cendre puis tamiser. Vous avez créé un substitut au sel de table !

Bon été et heureuses récoltes !

Annie Rouleau

Herboriste praticienne

annieaire@gmail.com

  1. Un must sur le sujet : Samuel Thayer, The Forager’s Harvest, foragersharvest.com