Les produits de santé naturels, les herboristes et Santé Canada

Un texte de Catherine Lalonde

Paru dans le numéro

Publié le : 13 novembre 2016

Dernière mise à jour : 31 octobre 2020

 

Dans Brome-Missisquoi, il y a beaucoup d’herboristes. Plusieurs travailleurs et entreprises (jardins, ateliers, thérapeutes et magasins) contribuent à faire connaître les plantes médicinales et leurs usages. Mais en ce moment, la liberté de rendre disponibles à la population des remèdes traditionnels à base de plantes locales est compromise. En septembre 2016, la DPSNSO (Direction des…

Dans Brome-Missisquoi, il y a beaucoup d’herboristes. Plusieurs travailleurs et entreprises (jardins, ateliers, thérapeutes et magasins) contribuent à faire connaître les plantes médicinales et leurs usages. Mais en ce moment, la liberté de rendre disponibles à la population des remèdes traditionnels à base de plantes locales est compromise.

En septembre 2016, la DPSNSO (Direction des produits de santé naturels et sans ordonnance) a publié l’annonce d’une nouvelle consultation sur l’encadrement des produits d’autosoins (cosmétiques naturels et industriels, produits de santé naturels, médicaments sans ordonnance). Actuellement, le Règlement sur les produits de santé naturels (en vigueur depuis 2004) encadre la fabrication et la mise en marché de tous les produits naturels en vente libre. La règlementation en place s’assure que les produits soient de qualité (respectant les bonnes pratiques de fabrication), aient prouvé leur innocuité (analyse de lots pour les micro-organismes pathogènes, pesticides, métaux lourds, etc.) et qu’ils soient sécuritaires si utilisés comme indiqué sur l’étiquette. Le présent règlement autorise aussi certaines allégations thérapeutiques, soit avec présentation de preuves scientifiques, mais également sur présentation d’autres preuves, notamment des données historiques et traditionnelles. Certains ouvrages rédigés par des comités d’experts sont aussi utilisés pour autoriser des allégations.

Les changements proposés par la DPSNSO modifient plusieurs paramètres, notamment les exigences au niveau des preuves. On veut désormais que les allégations concernant le diagnostic, le traitement, la prévention, la guérison ou l’atténuation d’une maladie ou d’un problème de santé reposent uniquement sur des preuves scientifiques. « Pourquoi, pour pouvoir écrire “calme la toux”, un sirop médicamenteux à base de bromhydrate de dextrométhorphane et de guaifénésine devrait-il démontrer son efficacité et son innocuité par des études cliniques scientifiques et qu’un extrait traditionnel de plantain, d’eau et de miel ne le devrait pas ? »

Ce qu’il faut savoir avant tout, c’est que les études cliniques coûtent plusieurs millions de dollars à réaliser. Lorsqu’une grande entreprise pharmaceutique s’apprête à vendre à fort prix un remède à base de molécules synthétiques brevetées, il peut être pensable d’investir autant d’argent pour les essais et d’envisager un retour sur investissement lorsque le médicament sera approuvé et mis en vente. Pour les travailleurs autonomes et petites entreprises qui cultivent et récoltent eux-mêmes les plantes et souhaitent les transformer en extraits traditionnels (macérations dans l’eau, l’alcool, l’huile, le vinaigre, etc.) pour les mettre en vente, c’est une tout autre histoire. Les plantes médicinales sont composées de nombreuses molécules et elles n’ont pas été inventées par l’homme. Les produits d’herboristerie traditionnels, vendus à prix abordables, ne permettent pas d’aller chercher des gains financiers significatifs sauf ceux de faire vivre les travailleurs qui les produisent.

Il est aussi important de remettre les choses dans leur contexte et réaliser que l’on fait fausse route en comparant des remèdes traditionnels à base de plantes utilisés depuis des temps immémoriaux et des produits élaborés en laboratoire, à partir de nouvelles molécules ou de molécules isolées ayant des effets très puissants et pointus. La connaissance empirique, basée sur l’observation des effets sur de très longues périodes (souvent plusieurs centaines d’années) est certainement aussi valable qu’une étude clinique où la période d’essai s’est échelonnée sur quelques années. Ces deux types de remèdes, chacun ayant leur pertinence selon la situation, ne devraient pas faire partie de la même catégorie ni être règlementés de la même manière.

Si vous voulez en savoir plus sur les plantes médicinales et l’herboristerie, sortez rencontrer un herboriste dans votre village ou visitez le site internet de la Guilde des herboristes www.guildedesherboristes.org !

Catherine Lalonde,

Herboriste traditionnelle